SAINT-JULIEN-LES-ROSIERS Le nouveau carré militaire inauguré dans le recueillement
Ce samedi 12 octobre, le carré militaire du cimetière de Saint-Julien-les-Rosiers a été officiellement inauguré lors d'une cérémonie, en présence d'élus, de familles et d'anciens combattants.
Les visages sont fermés devant le cimetière de Saint-Julien-les-Rosiers. Il est presque onze heures, et l’Harmonie des Mineurs lance les premières notes en avançant vers le tout nouveau carré militaire de la commune. Sur le trajet, les morceaux s'enchaînent. La pluie commence à tomber doucement, mais personne ne semble s'en soucier, car ce moment est important, solennel. Les porte-drapeaux suivent la cadence, tandis que quelques élus de la commune et des environs ferment la marche, aux côtés des familles des défunts honorés et des membres de l’association des anciens combattants. Après quelques minutes de marche, le cortège arrive au carré militaire, qui se démarque par son crépi blanc en pierres naturelles locales.
Le cortège s’immobilise devant ces stèles fraîchement érigées. Les drapeaux se dressent, immobiles malgré le léger froid qui traverse le cimetière. D'une voix grave, Serge Bord prend la parole : « Ce carré militaire témoigne de notre reconnaissance éternelle envers ces hommes de courage. » Il salue l’initiative des anciens combattants, en particulier celle de Claude Pfeuffer, président de l'association, dont la ténacité a permis de concrétiser ce projet de plus d'un an et autofinancé. « L’opiniâtreté paie. Claude, tu as réussi à mener ce projet à bien », lui adresse-t-il amicalement. Le maire glisse même une note plus politique ensuite : « Il ne faut pas s’endormir, car la bête immonde est toujours là, tapie dans l’ombre. »
Hommages et récits de bravoure
La pluie redouble d’intensité lorsque le Chant des Partisans retentit vers 11h20. Solennellement, les dépôts de bouquets en hommage aux disparus commencent. En premier, Serge Bord dépose un bouquet pour Fernand Pellet, mort à 25 ans en 1916, qui n’a plus de descendants pour honorer sa mémoire. Ensuite, Pierre Martin, adjoint au maire d’Alès chargé des Anciens combattants, rend hommage à Pierre Castanet, mort à 20 ans sur le front de la Somme, « mort pour la France, pour la liberté », souffle le maître de cérémonie. Les hommages se poursuivent. Chaque bouquet soigneusement déposé.
Un membre de la famille d’Alphonse Chalvidan, né en juin 1893, dépose un bouquet en sa mémoire. Lui, après la Première Guerre mondiale, a été affecté au déminage et est décédé en 1919, victime d'une mine. Un membre de la famille du prochain défunt dépose un bouquet en l'honneur de Paul Teissier, résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, qui a participé à la Libération d'Alès et est mort en Indochine en 1947. Enfin, le maire d'Alès, Max Roustan, le visage plus fermé que jamais, dépose un bouquet en mémoire de son frère, Antonin, tombé en Algérie en 1957. Au nom de l'association des anciens combattants de Saint-Julien-les-Rosiers, madame Perchat dépose à son tour un bouquet de fleurs.
La sonnerie aux morts s’élève dans le silence, suivie d’une minute de recueillement. Puis, l’Harmonie des Mineurs entonne la Marseillaise, reprise en chœur, pour clôturer cet hommage. Les élus, les familles et les anciens combattants se rassemblent ensuite pour la dernière étape de la cérémonie, en se dirigeant vers le Monument aux Morts, où un autre dépôt de gerbe est prévu. Les visages restent fermés. Le premier dépôt de gerbe surprend : Jacky Valy, ancien maire de Saint-Julien-les-Rosiers, retiré de la vie politique après trois mandats, dépose une gerbe. À ses côtés ? Max Roustan, maire d’Alès, avec qui il s'était pourtant opposé lors d’une ancienne élection. Visiblement surpris, Max Roustan hésite légèrement avant de s’associer à cet hommage. Les querelles politiques semblent, pour l'occasion, laissées de côté. Le deuxième dépôt est effectué par Ghislain Chassary, conseiller départemental et maire de Rousson, aux côtés de Serge Bord, maire de Saint-Julien-les-Rosiers. Après une nouvelle sonnerie aux morts et une minute de silence, l’Harmonie des Mineurs clôt la cérémonie avec une dernière Marseillaise.