Très timide, au point de fuir le regard de son interlocuteur, Jérôme Sanchez, 48 ans, a lutté contre sa nature pour réaliser son rêve. "J'ai tout suivi, Top Chef, Master Chef etc. Et à chaque fois je me disais pourquoi pas moi ?" Il a mis quelques années à franchir le pas. C'est en découvrant un casting pour une nouvelle émission culinaire qu'il a pris sa décision. Un concours animé par le très médiatique chef cuisinier et pâtissier, Cyril Lignac accompagné de deux experts : le critique gastronomique François-Régis Gaudry et un(e) chef(fe) différent(e) chaque semaine. Le trio sillonne les routes de France à la recherche, vous l'aurez compris, de la meilleure recette de France. Cela pour le compte de la chaîne M6. 

La diffusion de ce nouveau programme a démarré récemment. La région Sud-Est a été mise à l'honneur la semaine dernière. Le tournage a eu lieu au mois d'avril, à Gaillac dans le département du Tarn. Après plusieurs épreuves de sélection, Jeronimo s'est classé parmi les 30 finalistes, ceux qui ont pu présenter leur plat au prestigieux jury, devant les caméras. La recette du Bellegardais : un tataki de taureau et sa crème chorizo, coriandre. "Je voulais rendre hommage à la Camargue, tout en apportant une touche d'originalité, j'y suis allé au culot", s'amuse-t-il. Et ça a fait mouche !

"C'est une super surprise, a déclaré François-Régis Gaudry qui goûtait pour la première fois un morceau de taureau mi-cru. Tu as emmené un produit traditionnel de ton terroir dans un univers voyageur et moderne. Franchement c'est super bien joué." Aux côtés de la cheffe étoilée Nicole Fagegaltier, Cyril Lignac aurait quant à lui, "cuit un petit peu plus" la viande pour avoir une croûte davantage présente. Le jury a salué la qualité de la sauce, mais regretté l'ajout d'un colorant alimentaire. "Je savais que ça ne passerait pas. Mais nous n'avions que 20 minutes pour préparer quatre assiettes, la sauce n'a pas eu le temps de prendre la couleur du chorizo. J'ai tenté le diable", lâche Jeronimo, souriant.

Le concours s'est arrêté aussi sec mais le Bellegardais en garde un excellent souvenir. Une semaine après la diffusion de l'émission, il reçoit encore des petits mots pour le féliciter de la part de ses proches, de connaissances, "mais aussi de chefs de la région, et de personnes que je croise dans la rue". "Ça me touche énormément, c'est une belle marque de reconnaissance", qui l'encourage à renouveler l'expérience devant les caméras, il pense à "Un dîner presque parfait".

En attendant, le quadragénaire poursuit son petit bonhomme de chemin, partageant ses journées entre la collecte des déchets sur le territoire de la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence et la réalisation de ses recettes pour le compte de son auto-entreprise. La cuisine ramène Jeronimo à des souvenirs d'enfance, les odeurs délicieuses des plats concoctés par sa grand-mère, Carmen. Adolescent, Jérôme passait ses week-ends et vacances derrière les fourneaux et autres, aux côtés de Daniel et Francis, des amis de ses parents. "J'avais les yeux qui brillaient. À 25 ans, j'ai fait ma première paëlla tout seul pour une vingtaine de personnes", se souvient-il. Le bouche-à-oreille a fait son chemin. Plus de 20 ans après, le carnet de commandes du traiteur ne désemplit pas.