FAIT DU JOUR Abattage de la cheminée d'Aramon : le dispositif de sécurité révélé
Dans moins d'un mois, la cheminée de l'ancienne centrale thermique EDF d'Aramon, aussi haute que la Tour Eiffel, sera gommée du paysage rhodanien. Une opération technique et délicate qui nécessite un important dispositif de sécurité révélé ce mardi en conférence de presse.
Après le mercredi 7 juin, il ne restera plus que le souvenir de cette cheminée rayée de rouge et de blanc. Peut-être s'estompera-t-il au fil des mois, des années, des décennies, relégué aux archives municipales. Et pourtant, ce mastodonte de béton et de ferrailles culminant à 250m de haut s'inscrit dans le paysage rhodanien telle une véritable boussole plantée aux frontières du Gard, des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse. "La majorité des Aramonais l'ont toujours connu, ça va être un moment d'émotion", réagit Pascale Prat, maire d'Aramon.
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La mise en service de la centrale au fioul d'EDF, remonte à 1977, sur un terrain de 55 hectares en bordure de la rive droite du Rhône. Un emplacement choisi pour ses conditions optimales de desserte en combustible et en eaux de refroidissement. Un peu moins de 40 ans après, et soumise à une montée en puissance du parc nucléaire dès les années 80, la centrale est alors de moins en moins sollicitée et devenue trop onéreuse en termes de fonctionnement. Le site qui comptait 110 salariés a définitivement fermé ses portes en avril 2016. Une décision qui avait, à l'époque, provoqué un certain émoi sur le territoire.
Depuis, au pied de l'ancienne centrale, s'est installée La Villa, le siège de la CleanTech Vallée, un acteur de la transition écologique, du développement économique et de la neutralité carbone. L'association - présidée par Virginie Monnier-Mangue, déléguée territoriale EDF Occitanie - accompagne notamment via son CleanTech Booster des start-up et PME innovantes. Soit 32 entreprises aidées en trois ans et 38 emplois créés sur le territoire. La CleanTech Vallée a également coordonné l'installation de parcs photovoltaïques sur les sites industriels d'EDF (5MWc) et de Sanofi (4 MWc) à Aramon.
50 M€ d'investissement pour la réhabilitation totale du site
Mais revenons-en à cette fameuse centrale arrêtée depuis 2016. Cette même année, EDF a engagé son projet de réhabilitation du site pour lui donner une seconde vie d'ici 2032 en préservant sa vocation industrielle. Une opération en plusieurs étapes "qui prend entre 10 à 15 ans", souligne Caroline Cosson, directrice adjointe du Centre post-exploitation EDF.
Mise en sécurité du site, nettoyage, récupération et tri des matériaux à valoriser et recycler, lancement des études, désamiantage, déconstruction... Stop, arrêtons-nous là puisque c'est cette étape qui nous intéresse aujourd'hui. Seule la cheminée est aujourd'hui concernée, celle du bloc usine interviendra entre 2026 et 2029. Coût total de l'opération, environ 50 M€.
Côté technique, le groupe a fait le choix de l'affalement plutôt que du grignotage compte tenu des dimensions de l'édifice composé de béton et de ferrailles. Ce chantier sera confié aux équipes de Cardem, filiale de Vinci. "Il s'agit de fragiliser un côté de cheminée à la base, puis de cisailler à l'arrière de façon horizontale. La cheminée basculera comme un arbre qu'on abat", précise Caroline Cosson.
La cheminée en chiffres
29 mètres de diamètre à la base, 13 mètres de diamètre en haut, une forme tubulaire à partir du 129e mètre de haut, un point culminant à 250 mètres.
Des charges explosives seront utilisées pour faciliter l'affalement qui sera orienté vers la commune d'Aramon, seule direction qui ne soit pas encombrée de lignes à haute et très haute tension. Puis une fois au sol, la cheminée sera débitée, pourra alors commencer le tri des bétons et de ferrailles, environ 50 000 tonnes de matériaux, dont une grande partie sera valorisée sans même quitter le site.
Tout naturellement, cette opération fixée au matin du mercredi 7 juin, s'accompagnera d'un important dispositif de sécurité. Grégoire Pierre-Dessaux, directeur de cabinet de la préfète du Gard, a annoncé la mise en place par les gendarmes d'un périmètre de sécurité de 415m autour du site "pour pouvoir garantir un caractère hermétique sur cette zone." Ce qui signifie, par ailleurs, l'évacuation des maisons se trouvant à l'intérieur de ce périmètre, cinq sont concernées. À noter que la commune ne souffrira d'aucune coupure d'électricité ce jour-là.
La circulation interdite sur la RD702 toute la journée
La circulation sera coupée sur trois axes routiers : la RD702 tout au long de la journée du 7 juin ainsi que la RD2 et RD126 de 9h30 et 11h30, selon les prévisions. "Ce sera un jour de semaine sur lequel il y aura du temps scolaire et donc du transport scolaire ainsi que des activités professionnelles. Les horaires de l'abattage de la cheminée (10h30) et du blocage des axes routiers, ont été réfléchis pour générer le moins de difficultés possibles", indique Grégoire Pierre-Dessaux. Dès ce mercredi, des panneaux d'information à destination des automobilistes seront installés à proximité du site.
La circulation fluviale sera également mise à l'arrêt entre 9h30 et 11h30. Les digues du Rhône seront interdites aux piétons et cyclistes. La préfecture demande aux curieux de ne pas se rendre sur les hauteurs à proximité des massifs forestiers. Pour assister à l'abattage de la cheminée en toute sécurité, la mairie donne rendez-vous à la salle Eugène Lacroix à Aramon, avant 9h pour suivre un cheminement ponctué d'une quarantaine de photographies capturées par des Aramonais, jusqu'à la Lône, point de vue idéal pour admirer "le spectacle".