FAIT DU JOUR Entretien du patrimoine communal : Remoulins accuse un retard de 10 M€
Problèmes structurels, d'isolation, de chauffage, de sécurité et absence d'accès pour les personnes à mobilité réduite... Le retard au niveau de l’entretien du patrimoine de la ville de Remoulins est estimé à 10 millions d’euros.
Malgré un contexte national et international incertain dû à la crise géopolitique, économique et énergétique, la municipalité remoulinoise n'a pas l'intention de mettre en sommeil la commune qui compte quelque 2 300 habitants, mais dont le bassin de vie s'étend à 10 000 personnes en conséquence de son statut de ville-centre sur le territoire de la Communauté de communes du Pont du Gard. L'objectif du mandat lancé en 2020, et ce malgré une situation financière fortement dégradée (500 000 € de déficit dans les caisses de la ville) : "Faire de Remoulins un village habité et plus un village rue", indique le maire, Nicolas Cartailler. Un village situé à la croisée de Nîmes, Arles, Avignon, Bagnols-sur-Cèze et Uzès, bordé par l'A9 et traversé par 10 000 véhicules par jour.
À mi-mandat, des projets ont été lancés, certains contestés par une frange de la population, l'aménagement de la route de Bagnols en sens unique par exemple, d'autres sont à l'étude : le quartier de la gare en même temps que la Communauté de communes du Pont du Gard mène celle du pôle d'échange multimodal, l'opération "l'Arnède Haute" dans le cadre d'une concession d'aménagement (140 logements sur 5 hectares) avec un minimum de participation d'1,2 M€. "Neuf candidats ont répondu à l'appel d'offres", se satisfait le maire.
"On connaissait les problèmes, mais on ne savait pas l'ampleur"
La participation d'investisseurs privés fait partie des différentes stratégies mises en oeuvre par la mairie - dans l'incapacité d'emprunter pendant au moins quatre ans - pour renflouer ses caisses. Elle accompagne d'ailleurs un autre projet privé sur le parc Pyfayette, lui aussi privé laissé à l'abandon depuis plusieurs décennies et sur lequel se trouve une ancienne maison de maître. Un projet qui prévoit la création d'une quinzaine de logements, d'une table et chambres d'hôtes. Un dossier qui ne fait pas l'unanimité. "On l'a constaté lors de la réunion publique où l'ancienne municipalité et d'autres nous demandent de le reprendre à notre compte, mais nous n'avons pas les moyens, ni de l'acheter, ni de l'entretenir", souligne Nicolas Cartailler.
La ville a déjà bien du mal à entretenir son propre patrimoine. C'est une des trois priorités affichées sur le rapport d'orientation budgétaire présenté le 23 février dernier, lors du dernier conseil municipal en date. Les deux autres étant l’organisation des services déjà engagée depuis 2021 ainsi que, nous l'avons abordé plus haut, la stratégie de développement urbain. En ce qui concerne le patrimoine, "on connaissait les problèmes, mais on ne savait pas l'ampleur." Notamment pour le gymnase, le premier édile remoulinois l'a beaucoup fréquenté puisqu'il a été président du futsal pendant 11 ans.
"Ce bâtiment vieux d'une quarantaine d'années n'a jamais été entretenu. Les problèmes sont multiples, structures, sol, sanitaires, chauffage, isolation... Tout est à reprendre dans ce gymnase qui est occupé 15h par jour par les écoliers, les collégiens et membres de divers associations." S'ajoute, et cette problématique est généralisée à l'ensemble du patrimoine communal, la mise en place d'accès aux personnes à mobilité réduite. Le chantier est chiffré à 1,8 M€. Tandis que la capacité d'investissement pour 2023 de la commune est de 300 000 €, après la vente des locaux techniques de la ville pour un montant de 650 000 €.
"Il va falloir prendre des décisions"
Outre le gymnase, une étude d'avant-projet, a par exemple, été lancée pour des travaux de sécurisation des gradins et de mise aux normes des arènes. L'enveloppe est là estimée à 2 M€. La Maison des associations fait également partie des priorités de la mairie. Les travaux d'isolation, de sécurisation et d'accès PMR sont évalués à 1,5 M€, tout comme la mairie (isolation, chuaffage, accessibilité) pour un chantier à environ 300 000 €. Mais il y a aussi l'église, l'ancienne école des filles dont le maire a interdit l'accès par précaution, la bâtisse qui abrite l'office de tourisme...
"Cet héritage est très compliqué à gérer. Le retard au niveau de l'entretien du patrimoine communal est évalué à 10 M€. J'ai donc décidé de prioriser en fonction du taux d'utilisation et du degré de dégradation, commente Nicoals Cartailler. Mais on ne pourra pas tout faire, il va falloir prendre des décisions." Si aucune annonce n'a été faite, la mise en vente des deux derniers bâtiments cités semble inévitable. Et pour le patrimoine visé par la rénovation, la municipalité compte sur des aides de l'État, du Département, de la Région et de la Communauté de communes du Pont du Gard. Le maire a déjà fait un appel du pied au président Pierre Prat, lors du dernier conseil communautaire. (Pour relire notre article, cliquez ici.)