Depuis 1946, les Petits Frères des Pauvres luttent contre l'isolement et la solitude des personnes âgées, prioritairement démunies. Cette association fait partie de celles dont la mise à l'arrêt serait célébrée comme une fête. En France, "on compte 530 000 personnes âgées en situation de mort sociale, c’est-à-dire sans ou quasiment sans contacts avec les différents cercles de sociabilité (cercle familial, amical, voisinage et réseaux associatifs). C’est l’équivalent de la ville de Lyon", peut-on lire dans le dernier baromètre de l'association réalisé par CSA Research, avec le soutien de la Caisse nationale d'assurance vieillesse.

"En 2017, elles étaient 300 000, soit une augmentation de 77 %. Le nombre d’aînés isolés des cercles familiaux et amicaux a lui aussi plus que doublé (+ 122 %), passant de 900 000 en 2017 à 2 millions en 2021. 6 % de personnes âgées, soit 6,5 millions de personnes, se sentent seules fréquemment (31 % en 2017). Elles sont 14 % (11 % en 2017) soit 2,5 millions de personnes à se sentir seules tous les jours ou très souvent." À l'échelle de l'Occitanie, les 1 337 bénévoles répartis dans 37 équipes d'actions accompagnent 1 637 aînés isolés.

En 2022 dans le Gard, quinze personnes ont été découvertes à leur domicile, plusieurs années après leur décès

Une série de chiffres peut-être indigeste, qui nous éloigne à grande vitesse du monde de Oui-Oui ou des Bisounours, à chacun sa référence. "Ce phénomène qui s'accentue encore, est lié au mode de vie, aux valeurs d'aujourd'hui, un intérêt davantage tourné vers le superflu, le matériel, plutôt que vers l'autre, s'inquiète Emmanuel Roche, bénévole. Et pourtant, le lien social est notre matière première", peut-être le bien de première nécessité pour reprendre une expression en vogue ces dernières années. Cela aurait pu éviter des situations dramatiques. En 2022 dans le Gard, quinze personnes ont été découvertes à leur domicile, plusieurs années après leur décès.

Créer du lien social autour des personnes âgées isolées, tel est le coeur d'action des Petits Frères des Pauvres. En leur rendant visite et en organisant des événements. L'équipe nîmoise, par exemple, est à l'initiative d'une journée festive qui aura lieu ce samedi 17 juin au Pont du Gard, proposée à une vingtaine de personnes en situation d'isolement. "L'objectif, c'est de les sortir de leur quotidien de solitude, de leur permettre de prendre l'air dans un cadre magnifique", souligne Brigitte Gnakpa, co-organisatrice de cette journée avec Dolores Bauquier et Virginie Jaffart.

Un joli moment offert alors que la cloche sonne l'heure des vacances, "une période qui peut-être vécue comme un moment où la solitude est plus gravement ressentie par les aînés isolés." Au programme : visite culturelle, repas et partie de pétanque.