Publié il y a 9 mois - Mise à jour le 22.01.2024 - Stéphanie Marin - 2 min  - vu 2311 fois

GARD David Seve, président de la FDSEA : "Maintenant ça suffit, il faut qu’il y ait une vraie réflexion sur l’agriculture"

Nîmes. Manifestations des agriculteurs devant la DDTM. 

- (Photo d'archives : Yannick Pons)

La colère gronde chez les agriculteurs. Le Premier ministre, Gabriel Attal, reçoit les principaux syndicats agricoles ce lundi à Matignon pour tenter d'apaiser les tensions. Ce qui ne sera pas une mince affaire. Dans le Gard, une manifestation est d'ores et déjà prévue à Nîmes, ce vendredi 26 janvier 2024.

Panneaux d'entrée et de sortie de ville retournés, rassemblements de tracteurs, opérations escargots... Depuis plusieurs semaines les agriculteurs multiplient les actions pour faire entendre leurs revendications. Elles sont nombreuses et font état d'une "profession dégradée, attaquée, en danger". Afin d'apaiser les tensions, le Premier ministre, Gabriel Attal, reçoit les principaux syndicats agricoles ce lundi à Matignon. "Un rendez-vous que nous attendons avec impatience", lâche David Seve, président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA 30), tout autant que la venue la semaine prochaine du ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, à Montpellier, pour rencontrer les acteurs de la viticulture. "Un sujet qui nous est cher dans le Gard où plus d'un agriculteur sur deux est un viticulteur", ajoute-t-il. 

Pour l'un et l'autre de ces rendez-vous, le président de la FDSEA 30 n'attend pas moins que "des propositions d'accompagnement concrètes, conjoncturelles et structurelles. Il faut arrêter de naviguer à vue sur des sujets aussi importants que l’agriculture." David Seve l'assure : "Nos actions ne sont pas politiques contrairement à ce qu'on peut lire dans la presse nationale, le mal est vraiment profond et transversal, de l’élevage à l’arboriculture, en passant par la viticulture, etc."

David Seve, président de la fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles du Gard. (Photo : S.Ma/ObjectifGard)

Le mal est financier, aggravé par l'inflation. "Et le ministre de l'Économie nous annonce encore une hausse de l'électricité en 2024 d'environ 10% ! En 2023, sur mon exploitation, je suis passé de 20 000€ à 40 000€ par an d'électricité. Juste pour vous donner un ordre d’idée, c’est supérieur à ce que je prends pour ma rémunération. Et on me dit que je vais encore payer plus !", s'inquiète l'arboriculteur beaucairois lequel liste des augmentations des coûts de charges de 30 à 40% en 2023 et de main-d'œuvre de 10% en 2023.  

À la crise économique, s'ajoutent des directives européennes sur lesquelles, "le gouvernement français en rajoute une couche supplémentaire". Pour le président de la FDSEA 30, "certaines normes sont mêmes ubuesques. C’est-à-dire qu’on nous demande d’arrêter certaines choses sans solution de substitution. Aujourd’hui, en fruits et légumes, on perd 10 à 15% de nos récoltes avec des ravageurs parce qu’à part l’eau bénite, on n’a plus rien pour s’y opposer". Un sacrifice que le monde agricole accepte pourtant, "on fait des efforts monstrueux au niveau environnemental avec du bio, de la "haute valeur environnementale", des nouvelles pratiques, etc". Et le même de poursuivre : "Et on ne gagne pas notre vie. 90% d’entre nous gagnent le SMIC ou moins. On en arrive au résultat travailler plus pour gagner moins. Je tire la sonnette d’alarme. On a eu deux suicides en 2023 dans le département."

La colère, d'autant plus renforcée par la concurrence étrangère jugée déloyale, est là et se manifestera ce vendredi 26 janvier à Nîmes. Les modalités seront décidées ce lundi, mais David Seve indique : "Notre objectif n’est pas d’embêter les concitoyens, mais on va tout de même trouver quelque chose d'impactant à faire."

Stéphanie Marin

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