FAIT DU JOUR Vignerons propriétés associés : unis pour l’avenir du vignoble
Cette structure rassemble quatorze caves coopératives gardoises et produit en moyenne chaque année 150 000 hectolitres de vins.
Il y a bientôt trois décennies que Denis Verdier, avec l’aide militante de nombreux collègues, a lancé l’idée de regrouper et de fusionner sous une seule entité plusieurs caves coopératives gardoises lesquelles, à cette époque, se contentaient seulement de vinifier leurs récoltes et n’avaient pas de politique commerciale bien définie. Il s’agissait de créer une véritable entreprise dont le but était de rassembler autour d’une gouvernance unique, un service commercial, une capacité à exporter et une gamme très large de produits de qualité issus, entre autres, de la vallée du Rhône, des coteaux du Languedoc ou encore des costières de Nîmes ainsi que des vins de cépages. C’est comme cela qu’est né VPA, pour Vignerons propriétés associés, nom qui sera officialisé quelques années plus tard après une étude marketing.
Cette structure regroupe aujourd’hui quatorze caves coopératives parmi lesquelles Saint-Dionisy, Congénies, Caveirac, Générac, Saint-Côme, Milhaud, Saint-Césaire, Aubord, Uchaud, Bernis, Saint-Hilaire-d’Ozilhan, Clarensac, Sernhac et Calvisson. Des caves coopératives qui ont aujourd’hui juridiquement toutes disparues ! « Ces caves à l’époque ne produisaient pas assez de volumes pour rester compétitives et leurs capacités économiques n’étaient plus suffisantes pour envisager un avenir serein, souligne Denis Verdier, le président du Conseil d’administration de VPA. Mais il faut avouer que ce travail de fusion n’a pas été de tout repos. Il a fallu convaincre et organiser des dizaines de réunions pour expliquer ce que nous voulions mettre en place. Ça a été un vrai combat qui a duré presque vingt ans ! »
Quelque 250 coopérateurs
Cette coopérative grand format, dont le siège social est situé à Générac tandis que la direction et les services administratifs, eux, sont installés dans les locaux de la cave coopérative de Calvisson présidée durant de longues années par l’emblématique Freddy Mourgues, est répartie, « pour une meilleure gestion » en trois secteurs géographiques implantés en côtes du Rhône, costières de Nîmes et la Vaunage. Ce qui permet au quelque 250 coopérateurs de s’exprimer dans le cadre d’une zone bien définie, au plus près du terrain. « Le rapprochement de ces quatorze caves a permis d’adapter l’offre à la demande, ce qui était primordial pour continuer à produire. Pour cela, nous avons investi notamment dans la technologie à travers l’achat de matériels plus performants mais aussi nous nous sommes organisés sur le plan marketing et commercial », explique Denis Verdier, également président des Vins IGP du Gard. Cette fusion a permis aussi de créer une société commerciale qui gère actuellement trois caveaux : à Calvisson, Générac et Saint-Hilaire-d’Ozilhan, ainsi qu’une chaîne mobile d’embouteillage qui se déplace dans les trois secteurs géographiques concernés. « Nous produisons en moyenne 150 000 hectolitres de vins, précise le président du Conseil d’administration. Près de 30 % de ce volume est vendu en bouteille ou en Bib, notamment pour l’exportation. »
Partenariat avec Vilavigne
Malgré un chiffre d’affaires de 22 M€, la direction de VPA ne relâche pas la pression et continue de scruter avec attention le marché, d’autant qu’une nouvelle crise viticole pointe le bout de son nez à cause notamment d’une chute depuis plusieurs mois maintenant de la consommation de vins en France, et plus particulièrement les vins rouges. « Plusieurs études montrent que nous perdons entre 3 et 4 % de consommation de vins en France par an. Autrement dit, sur les 40 millions d’hectolitres produits chaque année sur le territoire, plus de 1 million d’hectolitres sont perdus », s’inquiète Denis Verdier. Et d’ajouter un brin agacé : « Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, cette chute de la consommation de vins ne fait pas baisser la consommation d’alcool, car les jeunes, entre autres, se sont rabattus sur les bières, les cocktails voire les alcools plus forts tels que le rhum. »
En clair, VPA n’a pas d’autre choix à présent que de mettre en place de nouvelles stratégies afin de faire face à la crise qui s’annonce et de rassurer les viticulteurs qui voient actuellement le prix de revient de leurs vins augmenter en même temps que les prix de l’énergie et des matières premières. « Les efforts que nous avons consentis notamment en termes d’investissements sont aujourd’hui à revoir, assure Denis Verdier. Pour cela, il y a plusieurs axes à développer. Le premier est le renforcement de notre présence sur le marché régional. » À ce titre, la coopérative a signé dernièrement un partenariat avec la franchise Vilavigne qui propose la vente de vins issus des meilleures caves coopératives de France directement aux consommateurs. Ce concept permet de présenter dans les caveaux de Calvisson et de Générac une gamme fournie de vins français avec bien entendu une large place faite aux breuvages de Vignerons propriétés associés ainsi qu’aux bières artisanales et spiritueux.
Augmenter la vente locale
Autre axe de développement : l’exportation. « Nous venons d’embaucher un commercial spécialisé dans l’export, note le président. Notre objectif à terme est de vendre nos vins dans une vingtaine de pays parmi lesquels la Chine, les États-Unis, le Japon ou encore l’Europe du Nord. Mais attention l’export n’est pas un long fleuve tranquille, cela demande énormément d’efforts mais nous avons dans ce secteur la possibilité de dégager un excédent commercial ! » VPA a également l’intention de renforcer les relations contractuelles qu’elle a établies avec le négoce afin de produire toujours plus de vins à la demande selon un cahier des charges bien précis. L’objectif de la direction dans les mois à venir est d’augmenter de 10 % la vente locale grâce notamment à l’ouverture prochaine d’un nouveau caveau signé Vilavigne à Saint-Hilaire-d’Ozilhan. Cependant, il n’est pas question d’augmenter les volumes. La valeur ajoutée doit désormais se construire à travers de nouveaux débouchés. « Nous avons des moyens financiers solides pour engager des investissements et nous adapter aux nouvelles donnes », affirme Denis Verdier qui dans le même temps organise sa succession à la tête du conseil d’administration de VPA.
Une aide à l’installation
Pour tenter d’enrayer la baisse des installations viticoles dans le Gard, Denis Verdier a mis en place il y a quelques mois chez VPA une aide à l’installation des jeunes viticulteurs : « Aujourd’hui, nous constatons sur le terrain qu’il y a plus de viticulteurs âgés de plus de cinquante ans que de moins de trente ans. Nous avons donc mis en place une opération où nous apportons aux jeunes qui achètent des vignes, dans un cadre légal qu’on a déterminé, 25 % du budget. C’est en quelque sorte leur autofinancement, dans la limite de 50 000 € par jeune vigneron et par exploitation. » Ils remboursent ensuite à taux faible sur quinze ans dont cinq de différé.