Publié il y a 1 an - Mise à jour le 14.08.2023 - Anthony Maurin - 3 min  - vu 1325 fois

NÎMES Pour en savoir plus sur la frise de la cathédrale...

Détail de la frise du XVIIe s. la tour de babel (Photo Marie Rochette Inrap)

De nouvelles études et recherches viennent compléter ce que l'on sait de la frise de la cathédrale de Nîmes, monument majeur de l'art roman. La campagne est menée par l'Institut national de recherches archéologiques préventives.

Détail de la frise du XVIIe s. Noé fait entrer les animaux dans l'arche. (Photo Marie Rochette Inrap)

« Depuis 2022, une étude archéologique du bâti est engagée sur le clocher et la façade occidentale de la cathédrale de Nîmes. Cette étude constitue l’opportunité d’étudier, au plus près du monument, la frise sculptée placée sous le grand fronton triangulaire de la façade et mettant en scène des épisodes de l’Ancien Testament » explique Marie Rochette de l’Inrap et responsable de ces études.

L’étude archéologique a été commandée par la Conservation régionale des monuments historiques, maître d’ouvrage, avec le soutien et le contrôle de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC Occitanie) afin d’accompagner les travaux de restauration de cette partie de l’édifice.

Elle est une occasion exceptionnelle d’approfondir nos connaissances de ce bâtiment emblématique classé depuis 1906 au titre des Monuments Historiques, qui se situe au centre de l’Écusson nîmois, ville resserrée de la fin du Moyen Âge.

Détail de la frise du XIIe s. Ange armé d'une épée gardant l'entrée du Paradis. (Photo Marie Rochette Inrap)

« Si l’on ne connaît rien du groupe épiscopal de l’Antiquité tardive (IVe-Ve siècles) et du début du Moyen Âge (VIe-Xe siècles), on sait que l’église majeure est reconstruite à la fin du XIe siècle à l’initiative de l’évêque Pierre Ermengaud et consacrée le 6 juillet 1096 par le pape urbain II. Elle fait l’objet de travaux d’embellissement, d’agrandissement et de reconstruction aux époques gothique (XVe-XVIe siècles), moderne et contemporaine (XVIIe-XIXe siècles). »

Un chef d’œuvre de la sculpture romane du Midi de la France

Depuis le début de l’année 2023, l’installation d’échafaudages contre la façade de la cathédrale constitue l’opportunité d’étudier, au plus près, la frise sculptée placée sous le grand fronton triangulaire de la façade et mettant en scène des épisodes de l’Ancien Testament.

Détail de la frise du XVIIe s. la tour de babel (Photo Marie Rochette Inrap)

Les travaux en cours prévoient son étude par les archéologues de l’Inrap, ainsi que son nettoyage et sa restauration. « La frise compte 18 scènes du livre de la Genèse, de l’Exode, des Nombres, rappelle Marie Rochette. Les sept premiers bas-reliefs, au nord, datent du XIIe siècle. Ils forment une œuvre majeure de l’art roman du Midi de la France. Les onze bas-reliefs suivants, au sud, ont été sculptés au milieu du XVIIe siècle pour remplacer la partie de la frise détruite lors des guerres de religion. »

De la tentation d’Adam et Ève par le serpent au meurtre d’Abel par Caïn

Les sept bas-reliefs du XIIe siècle montrent des pans d’épannelage inclinés afin que les scènes représentées soient plus lisibles depuis le sol. Les pierres utilisées sont sans doute des pierres antiques remployées.

Les nombreux personnages bibliques représentés, tels que Adam et Ève ou Caïn et Abel, sont disposés avec des mouvements de flexion en zigzag qui permettent d’occuper pleinement les panneaux et de conserver des proportions normales aux personnages tout en accroissant le volume de leur tête.

Détail de la frise du XVIIe s. Le peuple d'Israël sous la tente au désert. (Photo Marie Rochette, Inrap)

« Ce savoir-faire, qui témoigne de l’audace du sculpteur, est sans doute celui d’un atelier, peut-être de Petrus Brunnus qui a œuvré dans la région, notamment près de Nîmes à Saint-Gilles-du-Gard. »

Puis de l’Arche de Noé aux Tables de la loi remises à Moïse

La partie méridionale de la frise, détruite au moment des guerres de Religion, est remplacée vers 1646. Elle est alors sculptée dans un calcaire coquillier, très altéré aujourd’hui. En dépit d’une volonté de traitement à l’identique, on ignore si cette série de onze bas-reliefs comporte le même nombre de tableaux que précédemment et si elle en reproduit l’iconographie. Elle commence avec la représentation de Noé faisant entrer les animaux dans l’arche. Chaque tableau comporte de nombreux personnages et des décors variés, dont les représentations évoquent celles figurées sur les retables du XVIe siècle.

Anthony Maurin

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