ALÈS Autour du député Dharréville, le PCF égrène ses propositions pour améliorer le système de santé
Dénonçant de longue date la "marchandisation de santé" et avec elle la "désertification médicale" qui frappe le bassin alésien, la section alésienne du Parti communiste français (PCF) a invité son député de la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône ce vendredi soir. Pierre Dharréville a égréné ses propositions pour "sortir la santé des griffes du marché".
"C’était dans les tuyaux depuis un petit moment", reconnaît le secrétaire de la section alésienne du PCF Giovanni Di Francesco. La venue à Alès du député communiste Pierre Dharréville avait en effet été annoncée avant l'été lorsque les "Cocos" locaux travaillaient déjà sur la question de la santé (relire ici). À l'approche du vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) à l'Assemblée nationale, la visite du vice-président de la commission des Affaires sociales ce vendredi soir tombait "à point nommée", 48 heures après une première régulation des urgences du centre hospitalier qui en dit long sur l'état du système de santé (relire ici).
À ce propos, Romain Sabran, secrétaire général de la CGT des hospitaliers, s'est voulu plutôt rassurant lors du débat auquel il a participé avec le député Dharréville, devant près de 80 personnes à l'espace Alès Cazot. "Avant-hier (mercredi, NDLR), la première soirée s’est bien déroulée grâce à un gros travail des docteurs. Rassurez-vous, si vous allez à l’hôpital, on vous recevra quand même. Il y aura juste une petite régulation pour s'assurer que ce n'est pas juste un petit rhume", a indiqué le dernier nommé. Et d'ajouter, confiant : "Il y aura certainement moins de régulation que prévu en octobre et en novembre."
Mais cette intervention aux contours rassurants allait être l'unique de la soirée tant Romain Sabran, comme ses camarades communistes se saisissant du micro, en avaient à redire au sujet du système de santé actuel, si éloigné de la maxime "de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins" défendue par le PCF. "La santé est très malade depuis qu’on la transforme en marchandise. Le privé se gorge de tout ce qui est juteux quand le public est soumis à la tarification à l’acte", a enclenché Giovanni Di Francesco dans son préambule qui venait de poser les jalons d'une démystification du système de santé.
Dans la même veine, Pierre Dharréville a exprimé le "besoin de s’attaquer à la marchandisation de la santé en captant tout cet argent qui grossit les dividendes". Le député regrette que la santé soit l’objet de "beaucoup de convoitises", notamment du "monde du numérique". L'ancien journaliste de l'Humanité a ainsi brandi l'exemple de Ramsay santé et ses abonnements mensuels pour téléconsulter des médecins, l’illustration selon lui de "la financiarisation de la santé".
Aussi, celui qui, il y a un an, a déposé une proposition de loi pour nationaliser la plateforme Doctolib, redoute le vote à venir du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) qui vise une progression de 3,2% de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam). "C'est en dessous de l’augmentation tendancielle des dépenses de santé. Donc chaque année on demande à notre système de santé de faire des économies. C’est insupportable et ça va continuer de produire des dégâts dans notre système de santé", déplore l'élu martégal.
"Le budget de la sécu', c’est la foire aux exonérations !"
À ses côtés, le vice-président de la région Occitanie Jean-Luc Gibelin a livré pareil discours : "La santé, c’est une question politique centrale. C’est une forme de diktat idéologique que de nous dire qu’il faut rentrer dans une logique de diminution des dépenses en matière de santé. Ce n’est pas un échec qu’il y ait une hausse de l’investissement dans la santé. C’est juste normal !" Et Pierre Dharréville d'enfoncer : "Le budget de la sécu', c’est la foire aux exonérations !"
En présence du secrétaire fédéral du PCF du Gard Vincent Bouget et du maire de Cendras Sylvain André, entre autres, le député communiste a défendu la création d'un "pôle public du médicament" afin de se doter d'un outil de production après que la pandémie a mis au jour des pénuries en la matière. "À Sisteron, Sanofi vient de décider la fermeture de deux unités de production qui auraient pu nous être utile", se désole le dernier nommé.
Lequel a, comme le fait Jean-Luc Gibelin à la Région, réclamé des centres de santé qui, "dans la situation de crise dans laquelle on se trouve", peuvent être "l'une des réponses pour nous aider à faire face". "Nous sommes à plus de 60 médecins recrutés en médecine générale depuis la création du GIP", fait apprécier le vice-président Gibelin. Le groupement d'intérêt public est une structure partenariale associant la Région, les collectivités locales et les universités de médecine dans l'optique d’embaucher des médecins généralistes en permettant l’exercice salarié. Localement, l'un d'eux a vu le jour à Saint-Hilaire-de-Brethmas (relire ici).
"Il faut que la population s’empare de ces sujets"
C'est justement avec la volonté de ramener la thématique du soir dans la sphère locale que Cécile Alphon-Layre est intervenue. La militante de la section alésienne du PCF a donné des chiffres illustrant la situation alésienne qui serait "plus alarmante" que la moyenne nationale. Depuis un an, la dernière nommée arpente les marchés et les immeubles des quartiers populaires de la ville. Elle soumet aux Alésiens un questionnaire. "50% des gens interrogés disent avoir déjà renoncé à des soins faute de trouver des spécialistes", rapporte Cécile Alphon-Layre.
Avant elle, Romain Sabran avait dressé la situation du centre hospitalier Alès-Cévennes, sujet à "des problématiques de fuite d'agents qui subissent des rythmes de travail trop élevés". Là encore, la "T2A", autrement tarification à l'activité, est pointée comme responsable. Le secrétaire général de la CGT des hospitaliers a par ailleurs dénoncé les affres de Parcoursup : "Certains se retrouvent infirmiers un petit peu par hasard alors que c’est un métier de vocation. Ça se traduit par des abandons." À l'hôpital, la CGT défend désormais l'hypothèse d'une semaine de quatre jours à 32 heures pour "travailler moins et mieux". Ce vendredi soir, une phrase faisait consensus dans les rangs du PCF : "Il faut que la population s’empare de ces sujets."