Ce quartier est classé en zone U du PLU où il est autorisé de construire des habitations individuelles. "Plus de quarante permis de construire ont été déposés sur le périmètre de cette zone ces vingt dernières années", avance Claudine Prat, présidente de "Préservons Bagnols" et ancienne conseillère municipale d'opposition. Problème, l'association soulève de nombreuses incohérences et dangers liés à la densification de ce quartier : routes étroites où il est difficile, voire impossible, de se croiser en voiture à certains endroits, manque de visibilité et donc de sécurité pour les automobilistes et pour les promeneurs, qui ne disposent pas de trottoirs, problématique des eaux de ruissèlement risquant de s'aggraver en cas d'imperméabilisation des sols supplémentaire, aucune liaison avec l'assainissement collectif, absence d'éclairage public...

Les membres de l'association se sont alors mués en lanceurs d'alerte et ont réalisé un dossier où ils expliquent pourquoi il faut arrêter de construire des maisons dans ce quartier. Ils se sont intéressés plus précisément aux zones UD2b et UDp2b. Dans le dossier, ils insistent : "La densification observée dans cette zone génère d'ores et déjà de nombreux problèmes, qui ne pourront que s'aggraver si des mesures ne sont pas prises. Plusieurs projets d'urbanisation sont en cours d'élaboration, qui sont totalement inadaptés à l'environnement actuel."

Des problématiques déjà remontées lors d'une réunion de quartier

À un endroit, chemin de Bourdilhan, la chaussée ne fait que 2,40 m de large. À cela s'ajoute un manque de visibilité et un rebord en pierre -qui limite les ruissellements- empêchant les véhicules de mordre sur le bas-côté et donc de se croiser. Des exemples de voiries sous-dimensionnées et pas toujours en bon état, les membres de "Préservons Bagnols" en ont relevé d'autres chemin de Cheysson ou encore sur la liaison sud avec la RN 86. "En plus, certains passent par ici pour éviter les feux rouges et les ralentissements de Bagnols pour rejoindre la route d'Avignon", déplore Claudine Prat. 

Le quartier, où il subsiste encore des espaces naturels, est très prisé par les promeneurs, les joggeurs et les familles. Lors d'une réunion de quartier en juillet, le sentiment d'insécurité grandissant des habitants dû à la circulation de plus en plus importante était au cœur des discussions. C'est ce qui a poussé l'association "Préservons Bagnols" à se pencher de plus près sur le sujet.

L'association demande une suspension des permis de construire dans le quartier

Ce qui lui soulève une question aussi, c'est l'assainissement. Dans la zone, il n'y a aucun réseau de collecte du tout-à-l'égout. Il faut donc construire un assainissement individuel : "Pour un assainissement avec épandage, 800 m2 est un minimum avec un sol favorable. Or, la tendance est à la diminution des surfaces des parcelles constructibles, ce qui rend la construction et son assainissement parfois impossibles", est-il transcrit dans le rapport. Ses rédacteurs craignent que "l'assainissement individuel dans ces conditions ne fonctionne pas, génère des nuisances et, sans doute, une pollution des sols".

Ils ne comprennent pas forcément cette extension du quartier alors que le PADD (Projet d'aménagement et de développement durable) préconise une "modération de la consommation d'espace et de limiter l'étalement urbain". Autre problème qu'ils ont relevé : "Les parcelles situées au sud de cette zone sont à plus de 3 km du centre-ville alors que les zones non construites constituant des "dents creuses" sont à proximité du centre et des services urbains et restent en classement AU."

L'association estime qu'il serait plus "judicieux" d'urbaniser ces zones non construites avant le quartier sud, d'autant qu'elles sont concernées par une OAP (orientation d'aménagement et de programmation). 

À travers ce rapport, l'association veut souligner "l'incohérence de la situation" et demande, son dossier à l'appui, "à titre de mesure de sauvegarde, une suspension des permis de construire, dans l'attente de la réalisation des équipements urbains permettant d'assurer la sécurité et la salubrité de ce quartier". Le document a été envoyé à la Mairie de Bagnols-sur-Cèze, à l'enquêteur public en charge de la révision du PLU, à la préfecture du Gard et à l'Agglomération du Gard rhodanien. 

Contactée, le maire de Bagnols-sur-Cèze reconnaît la densification du quartier, notamment due à la division des terrains. Certains propriétaires décident de vendre une partie de leur parcelle, permettant à d'autres de s'installer. "On ne force personne à diviser son terrain", tonne Jean-Yves Chapelet. Il soutient que "le service instructeur de la Mairie est performant et que les permis sont délivrés selon les règles". Il ajoute : "Ce qui est vrai, c'est qu'on est dans une zone en OAP. Lorsque l'on densifie, ça oblige l'aménageur à se mettre dans les règles, à adapter les équipements aux futurs projets."