"Le projet date de très longtemps, mais il est ressorti en 2018." Pour le maire de la plus grosse des trois communes (*), Lionel André, maire de Thoiras, l'ancienneté du projet plaide déjà en sa faveur. "C'est à cause des échéances électorales qu'il avait été arrêté. Il est ressorti il y a environ un an et il est en bonne voie. Mais nous en sommes encore à la phase d'étude." Le projet est d'ores et déjà résumé dans une charte (à retrouver ici), que les élus ont lu aux citoyens intéressés lors de la réunion publique du 9 décembre, dans la plaine de Thoiras. Pressentie dans l'union, la commune de Saint-Bonnet-de-Salendrinque a finalement abandonné le projet. 

"Être à plus de 500 habitants nous donnera beaucoup plus de possibilités"

Lionel André, maire de Thoiras

"Être à plus de 500 habitants nous donnera beaucoup plus de possibilités, pense Lionel André. Et ça nous permettra de mutualiser du personnel, comme on le fait déjà, notamment avec l'employé communal qu'on partage avec Sainte-Croix. On espère, aussi, pérenniser l'école." Le maire de Sainte-Croix-de-Caderle, Ludovic Mourgues, est sur la même longueur d'onde. "C'est une vision collective des élus. La petite commune que nous sommes est esseulée. Il nous faut une vision collective du territoire. Et l'union peut permettre de palier à la problématique des fonctionnaires qu'on emploie à temps partiel. Ça fait longtemps qu'on en parle, ça me semble être une évidence."

Le maire de Sainte-Croix-de-Caderle veut également croire que des projets d'investissement seront facilités avec une taille de commune supérieure. "Actuellement, je galère pour l'extension de mon cimetière. Ce serait sans doute plus facile avec une commune plus grande. On pourrait, aussi, mieux travailler : aujourd'hui, une secrétaire de mairie doit être super polyvalente." Une secrétaire qui se partage, actuellement, entre Sainte-Croix et Corbès. 

Ludovic Mourgues imagine "une commune centrale et des communes déléguées", Thoiras assurant la centralité. Mais chaque commune déléguée doit conserver un accueil et un secrétariat. "On va travailler certains sujets, qui peuvent aller de l'entretien des extincteurs à celui des chemins communaux", souligne Ludovic Mourgues. Les citoyens des communes ont jusqu'au 31 janvier 2024 pour donner leur avis, notamment sur le futur nom de cette commune nouvelle (**). 

Les premiers à le donner émanent d'un collectif citoyen de Corbès et Thoiras, dont l'Agora corbésienne fournit le socle, elle qui s'était opposée, en 2022, au projet d'agrandissement de mairie (relire ici). Le collectif regrette, dans un premier temps, que la question n'ait fait l'objet d'aucun débat lors des élections municipales de 2020, alors que la discussion entre les élus d'alors remontait à 2018. "En août 2024, les communes et en septembre de la même année, le préfet, vont acter la création de la commune nouvelle de Val-des-Cévennes, planifie le collectif. Soit avant le prochain scrutin qui aura lieu en mars 2026. Ainsi, par deux fois, la possibilité que les habitants concernés s’expriment par leurs suffrages sur ce projet aura été enjambée ! [...] Rien dans les procédures n’oblige nos élus à consulter leurs mandants, mais cet évitement systématique laisse la fâcheuse impression qu’ils redoutent la mise en débat de ce qui va bouleverser la vie de leurs administrés."

L'agora corbésienne trouve que le projet manque de réflexion commune et d'apport des citoyens. Comme pour les arguments en faveur du maintien de l'école : "Aucune contrainte forte ne pouvant s’exercer sur les parents pour les obliger à venir à Thoiras, si le trajet domicile-école est moins avantageux que celui avec une commune plus proche (ou plus commode) de leur domicile." Lors de la réunion publique, souligne le collectif, "beaucoup de participants ont fait valoir que les habitants de Sainte-Croix-de-Caderle s’inscrivaient dans un bassin de vie autre dont ne faisait pas partie la future commune centre, Thoiras". 

Enfin, le collectif citoyen souligne que le futur scrutin d'une commune nouvelle ne garantit en rien la représentativité des communes d'origine car celle-ci comptera toujours moins de 1 000 habitants. "Les électeurs votent pour des personnes et non pas des listes, même si les candidatures sont présentées groupées. Il peut ainsi panacher les candidats, rayer un nom..."

De son côté, la préfecture confirme que les trois conseils municipaux ont délibéré sur cette volonté commune, et que c'est un acte qui lance le processus, pour naissance d'une commune nouvelle au 1er janvier 2025. Le début du travail, en quelque sorte. Depuis la réforme territoriale de 2010, qui donnait la possibilité aux communes de s'unir, deux seulement ont vu le jour dans le Gard, au nord-ouest du département : Val d'Aigoual, union de Valleraugue et de Notre-Dame-de-la-Rouvière ; et Bréau-Mars, mariage entre Mars et Bréau-et-Salagosse. 

(*) Selon le recensement Insee de 2020, Thoiras comptait 438 habitants, contre 150 pour Corbès et 107 pour Sainte-Croix-de-Caderle.

(**) Val-des-Cévennes tiendrait la corde auprès des conseils municipaux parmi les autres noms proposés (Les Terrasses des Cévennes, Hautes Cévennes, Basses Cévennes, Du Gardon au Brion). Les citoyens peuvent donner leur avis à l'adresse communenouvelle30@orange.fr