ÉDITORIAL Comment le train liO rapproche de l'Élysée ?
C'est un pari depuis quelques années de la présidente Carole Delga. Miser tout sur le rail comme meilleure solution de transport collectif. Et on peut dire qu'à quelques exceptions près, le résultat est là. Mais jusqu'où cette stratégie sera-t-elle gagnante ?
La région Occitanie vient de renouveler sa convention de partenariat avec la SCNF, pour les neuf prochaines années. Elle n'était pas obligée. Carole Delga, la présidente, aurait pu faire comme d'autres et s'ouvrir à la concurrence pour miser uniquement sur le prix d'appel proposé par la première entreprise alternative, mais probablement pas aussi fiable que l'opérateur de transport historique. Avec Jean-Luc Gibelin, son vice-président communiste, sur la même ligne que sa présidente socialiste, elle a fait le choix de la constance et de la confiance. La SNCF bénéficiera donc du contrat juteux de 4 milliards d'euros, non sans quelques obligations loin d'être inintéressantes. D'abord pour assurer encore plus de confort à l'usager : des pénalités seront appliquées plus durement en cas de retard répété des trains. La Société nationale des chemins de fer français (SNCF) devra aussi s'engager à investir un peu plus de 500 millions d'euros pour moderniser ses trains, et devra installer son centre technique dans la région. Mais surtout, dans la logique de service public, elle devra proposer plus de trains, élargir ses horaires et améliorer l'offre de places à l'intérieur des rames. La région Occitanie veut aller encore plus loin. Pour assurer un meilleur maillage du territoire, elle envisage d'ouvrir de nouvelles lignes. Un peu comme celle de la rive droite du Rhône du côté de Bagnols-sur-Cèze qui a embarqué ses premiers voyageurs en septembre dernier. Le coût, à ce stade par usager, est forcément disproportionné quand on sait qu'il y a à peine 250 personnes qui empruntent la ligne en moyenne chaque jour. Qu'importe ! Carole Delga n'est pas uniquement dans une démarche de chiffres. Sinon, comme dit au départ, elle n'aurait probablemennt pas misé toute sa politique transport sur la SNCF. Mais elle veut montrer que la Région est partout. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle aucune gare, même la plus petite, ne fermera. Aucun guichet physique ne sera abandonné. Rapprocher les hommes grâce au train, moins polluant, moins coûteux et plus efficace que la voiture. Pourquoi pas ? C'est aussi la meilleure réponse politique à ceux qui veulent nous faire croire aujourd'hui que les grandes régions sont trop éloignées des citoyens. C'est enfin une stratégie bigrement intelligente pour celle à qui on prête des ambitions nationales. Renforcer son engagement auprès des cheminots au moment même où ils sont particulièrement en colère contre le président actuel pour une réforme des retraites dont pas grand monde n'a compris le sens. Il fallait y penser. La matière grise 100 % Occitanie s'en est chargée...