ÉDITORIAL Les impôts, ce n’est pas un gros mot !
Vous avez entendu un seul candidat à une élection proposer une hausse fiscale ? Un tabou ! Pire, une infamie ! Le nouveau président de Nîmes métropole, Franck Proust, n’en a pas fait un thème de campagne. Pourtant, il en parle aujourd’hui… C’est même l’une des trois solutions de son « plan de redressement. » Normal, nous direz-vous. Au-delà du tabou, les impôts sont d’abord la première ressource pour faire tourner une collectivité. En échange de nos pépettes, l’Agglo est sensée améliorer les transports publics, gérer l’acheminement de l’eau à notre robinet ou créer des emplois en aidant les entreprises. Il y a du boulot. Sans compter qu'au Colisée, Franck Proust pousse des cris d'orfraie sur l'état des comptes laissés par son prédécesseur.
Pour sortir la tête de l’eau, l’Agglo vient d’instaurer la taxe Gemapi. C’est pas trop tôt… La plupart des collectivités l’ont déjà installées pour financer les ouvrages servant à lutter contre les inondations. Sauf que l’Agglo a d’autres bizarreries fiscales… Si elle a créé jadis le principe d’une taxe foncière, elle ne perçoit pas un kopeck, son taux étant de zéro. Tiens, et si Nîmes baissait la sienne pour la répercuter sur l’Agglo ? Un beau geste de solidarité, non ? Une manière de penser au territoire plutôt qu'à sa paroisse ! Allez, ne rêvons pas...
Pour redresser la barre, Nîmes métropole pense aussi à baisser, pardon à lisser, ses investissements : 60 M€ les deux prochaines années, contre une centaine les années précédentes. Pas sûr qu'en période de crise sanitaire ce soit la meilleure des solutions. Alors qu'une bonne mise à plat fiscale permettrait de repartir du bon pied, de donner une base solide à l'Agglo et même mieux : de réduire certaines inégalités. En plus, nouvellement élu, Franck Proust bénéfice de la grâce de ses administrés. C’est maintenant ou jamais.
Coralie Mollaret