ÉDITORIAL L'extrême-Droite à l'Élysée pour les nuls
Marine Le Pen prochaine présidente de la République ? Les sondages quatre ans avant l'échéance semblent le montrer. Les équipes du Rassemblement national y croient dur comme fer. Mais où est la réalité ?
Elle est nulle part car le temps long ne profite pas toujours aux extrêmes. Décider d'une élection aussi longtemps à l'avance, cela n'a pas de sens à part peut-être pour faire monter une petite musique pour se faire peur. Cependant et peut-être à la différence des dernières années, la fille Le Pen a quelques raisons d'y croire. D'abord, ces sondages répétés vont tous dans le même sens et montrent au moins une chose : l'extrême-Droite à la sauce Marine inquiète beaucoup moins qu'avant. Ensuite, le parti lepéniste surfe sur une tendance médiatique réelle. Pendant que la majorité et les oppositions tapent du matin au soir sur la Nupes et particulièrement sur La France Insoumise, Marine le Pen est épargnée. Non pas parce qu'elle apporte une alternative crédible et respectable dans les débats. Non, tout simplement parce qu'elle sait se taire dans les bons moments. Et prendre la parole au terme des débats comme pour siffler la fin de la récréation. Sauf que la stratégie adoptée de la mesure et de la prise de parole modérée a ses limites. Elle a beau vouloir faire croire qu'elle dirige aujourd'hui un parti beaucoup plus raisonnable et en capacité de gouverner, elle a encore beaucoup de mal à calmer les ardeurs de certains dans ses troupes. Qui sont toujours favorables à une alliance avec la Russie, à une sortie de l’Union européenne, à une politique zéro immigration. Sans compter les mesures anti-climat comme la fin des énergies renouvelables proposée lors de la présidentielle de l'an dernier. Et que dire encore de la préférence nationale anticonstitutionnelle... D'ailleurs, le Conseil constitutionnel, qui doit rendre son verdict dans l'affaire de la réforme des retraites, ne bénéficierait certainement pas d'autant de poids si Marine Le Pen et ses copains accédaient au pouvoir. Reste à savoir enfin si le programme proposé par le Rassemblement national sur le pouvoir d'achat, son thème de prédilection qui fait mouche auprès des sondés, avec la TVA nulle sur les produits de premières nécessités, le retour de la retraite à partir de 60 ans si les salariés ont cumulé 40 annuités ou encore la fin de l'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans se finance aisément et, surtout, soit réellement utile. C'est peut-être la clé de son succès. Tout le monde s'en fout. Les gens ne veulent plus de Macron, la Nupes c'est pas bon non plus. Reste Marine que l'on a jamais essayé. Espérons que dans l'isoloir, les électeurs poussent un peu plus loin leur réflexion....