ÉDITORIAL Ultra-Droite : agir avant le pire
Tout de noir vêtue, parfois cagoulée, l'ultra-Droite rappelle les heures les plus sombres de notre démocratie. Aujourd'hui libérés de leur parole grâce à l'extrême-droitisation politico-médiatique en France depuis trop longtemps, ces citoyens se retrouvent dans les rues de Paris et dans les villes moyennes pour en demander encore davantage.
Pour le moment, ils ne sont quelques dizaines, voire quelques centaines. Mais le mouvement s'amplifie et chacun veut désormais peser sur le débat politique. Considérant que leurs voix ne sont pas suffisamment prises en compte, refusant le verdict des urnes pour les plus extrémistes, ils sont décidés à obtenir gain de cause. Y compris par la force. Contre les étudiants des universités. Contre le déplacement d'un centre d'accueil pour migrants. Contre la porte d'entrée d'un bâtiment à Nantes où résident plusieurs associations comme la Ligue des droits de l'Homme ou un centre LGBTQI+. Les différents tribunaux ouvrent des enquêtes, la classe politique dans son entièreté - à l'exception du RN ou de Reconquête - condamne avec la plus grande fermeté. Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a demandé aux préfets d'interdire les rassemblements. Pour quel résultat ? La démission d'un maire qui n'avait rien demandé. Et des individus qui se rassemblent quand même, via les réseaux sociaux, même sans avoir déclaré au préalable leur manifestation en préfecture. Mieux ! ils contestent devant les tribunaux administratifs pour faire respecter le droit de manifester. Portés par le succès en Italie, en Suède. Et demain en France ? Ils usent et abusent des rouages d'une démocratie qui leur offre toutes les clés pour prospérer. Pourtant, le danger guette. Comme le rappelait récemment la Fondation Jean-Jaurès, si la menace djihadiste demeure importante en France et en Europe, celle de l’ultra-Droite, nettement moins apparente, n’en est pas pour autant moins inquiétante. D'ailleurs, dans le dernier rapport publié sur la menace terroriste en Europe, la directrice exécutive d’Europol indique très clairement que, si le djihadisme reste aujourd’hui encore la principale menace en Europe et en France, celle issue de l’ultra-Droite est en pleine expansion, en particulier chez « les acteurs isolés affiliés à l’extrémisme djihadiste ou d’ultra-Droite » qui demeurent la principale menace de terrorisme potentiel et d’attaques violentes au sein de l’Union européenne... Avant le pire, il serait donc tant temps d'agir !