Publié il y a 2 h - Mise à jour le 21.04.2025 - Coralie Mollaret - 3 min  - vu 240 fois

EXPRESSO Finances, salaires, primes… Les comptes des pompiers au peigne fin

Alexandre Pissas, président des pompiers du Gard

Alexandre Pissas, président des pompiers du Gard 

- (Photo : Nicolas Dhombres)

Lors du dernier conseil d’administration, le président du SIDS (Service départemental d’incendie et de secours), Alexandre Pissas, a annoncé la mise en place d’un contrôle de gestion. Une volonté du politique de reprendre la main sur ce service.  

Alexandre Pissas entend-il reprendre la main sur la gestion du SDIS ? Président plutôt « cool », le socialiste n’a jamais vraiment été un président très contrôlant, ni très décisionnaire. Lors des manifestations du syndicat Sud, c’était presque s’il ne regardait pas les mouvements avec bienveillance, dans l’objectif de récupérer davantage de moyens du Conseil départemental. Cette époque semble aujourd’hui révolue. Lors du dernier conseil d’administration, l’édile a annoncé la mise en place d’un contrôle de gestion.

Une décision qui réjouit le conseiller départemental Les Républicains, Richard Tibérino : « Depuis le temps que nous le demandons, avec ma collègue Valérie Meunier… Ça fait des années que le SDIS peine à boucler ses budgets. S’il s’agissait d’une entreprise, nous serions depuis longtemps au tribunal de commerce. » Lors de ce conseil d’administration, le budget 2025 a révélé une hausse des dépenses, notamment en raison des mesures imposées par l’État, soit 2,5 M€. Si un million d’euros a été trouvé après avoir sollicité le Département et les communes, le SDIS a dû trouver 1 M€ d’économies.

Le Département ne veut plus jouer les pompiers 

« La chance du SDIS, c’est que le Conseil départemental éponge ses besoins financiers… Sans oublier les communes qui paient souvent cher », soutient Richard Tibérino. Depuis 2015, les aides du Département ont considérablement augmenté : d’une contribution au fonctionnement de 42,2 M€ par an, le Département a débloqué 55 M€ en 2024, avec une subvention d’investissement oscillant entre 3 et 5 M€ par an (à l’exception de 2016 à 2019). Toutefois, il semblerait que le cabinet de la présidence départementale ait mis le holà, refusant un artifice budgétaire pour éviter au Sdis de faire 1M€ d’économie. 

Dans son budget 2025, le SDIS a donc dû réaliser ce million d’euros d’économies sur un exercice financier prévu à hauteur de 99,3 M€ en fonctionnement et 51,9 M€ en investissement. Ce contrôle de gestion intervient à l’approche du départ du colonel par intérim Thierry Carret. Initialement directeur adjoint, Alexandre Pissas lui a permis d’accéder puis de rester au poste de directeur par intérim et ce, contre l’avis de la direction générale de la Sécurité civile. « L’État m’a attaqué trois fois, et il a perdu… », glisse Alexandre Pissas, pas mécontent d’avoir trouvé un artifice budgétaire, en faisant basculer un million d'euros de la section investissement à celle du fonctionnement.

Qui pour remplacer le directeur ? 

Cependant, Thierry Carret partira à la retraite en 2026. Son contrat ne sera pas renouvelé pour cinq années supplémentaires. À son crédit, Alexandre Pissas lui reconnaît avoir « remis de l’ordre » au SDIS, notamment avec les sanctions prononcées à l’encontre de plusieurs agents. Aujourd’hui, les deux hommes ne semblent plus vraiment sur la même longueur d’onde concernant la gestion du SDIS : « Le directeur me dit qu’il n’y a pas assez d’officiers… Je trouve pourtant qu’il y en a suffisamment, essayons de maîtriser leur recrutement et affinons les besoins. » Des embauches qui, comme toute masse salariale, pèsent sur les finances du SDIS. D’ailleurs, « le recrutement d’un capitaine prévu en 2025 a été décalé », indique le président. 

Avec le lancement de la création de plusieurs casernes, la masse salariale est de fait vouer à augmenter ? Dans le budget 2025, le coût des vacations (indemnités perçues par les pompiers volontaires) a été réduit de 400 000 €. L’année passée, l’embauche de 100 pompiers volontaires et leur formation ont coûté 1 M€. Difficile d’ouvrir des casernes sans pompiers à l’intérieur… La politique actuelle portée par le SDIS est-elle tenable ? D’autant que ses principaux financeurs, mairies et Département, sont, eux aussi, mis au régime sec par l’État.

Le contrôle de gestion devrait en dire plus sur la manière de concilier sécurité des populations et économies.

Coralie Mollaret

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