EXPRESSO Trop gourmand, un proche du maire de Nîmes voit 193 000 € lui passer sous le nez
L’ancien directeur de l’agence de développement économique Openîmes, Frédéric Escojido, avait saisi la justice pour contester son licenciement en 2018.
Sacré revers pour Frédéric Escojido. À bientôt 70 ans, le conseiller municipal de la ville de Nîmes a eu une vie bien remplie. En 2002, date de la création de Nîmes métropole, le Nîmois est détaché de la Chambre de commerce et d’industrie pour occuper le poste de directeur du développement économique de l'Agglo. Adhérent de « Démocratie Libérale » - qui fusionnera plus tard avec le RPR pour créer l’UMP - Frédéric Escojido est un membre actif de l'équipe de Jean-Paul Fournier. Le nouveau maire de Nîmes qui a remporté, un an plus tôt, les élections municipales.
Les années passent et, en 2016, Frédéric Escojido est promu au rang de directeur d’Openîmes, une agence de développement économique, sous forme associative, lancée par le président de Nîmes métropole, Yvan Lachaud. Celui-ci est l’allié de circonstance de Jean-Paul Fournier. Si en apparence leurs relations sont cordiales, les deux hommes se livrent depuis toujours une lutte de pouvoir acharnée. Leur divorce est officiel en 2017 lorsque le maire de Nîmes lui retire son poste d’adjoint. Toutefois, Yvan Lachaud parvient à rester président de Nîmes métropole avec le soutien des élus des autres communes de l'Agglo.
Openîmes condamnée en première instance
C’est dans ce contexte que Frédéric Escojido est licencié, un an plus tard, en 2018, pour « faute grave ». Openîmes pointe à l’époque un « manque de sang-froid » et des « mouvements d'humeurs ». Dans sa lettre de licenciement que nous avons pu consulter, il est indiqué qu’il serait même « devenu impossible » que la relation de travail perdure « sans mettre en péril le fonctionnement de l'association. » Un coup dur... Et d'enfoncer : « Votre attitude porte atteinte à l'intégrité psychique et psychologique des salariés de l'association. »
En réaction, Frédéric Escojido décide de contester son licenciement au Conseil de prud'hommes de Nîmes. Pour lui, son éviction est « politique », le Nîmois étant un proche de Jean-Paul Fournier. Dans leur jugement, en 2020, les juges reconnaissent que le licenciement est « sans cause réelle et sérieuse ». Le Conseil de prud'hommes condamne Openîmes (dont le principal bailleur de fonds est Nîmes métropole, NDLR) à lui verser la coquette somme de 193 000 €.
Seulement, ce n'est pas assez pour Frédéric Escojido. Le Nîmois fait appel de cette décision à l’instar d’Openîmes, donnant lieu à un nouveau match devant la justice. Le licencié estime qu’il a fait l’objet d’une discrimination politique ainsi que d'une discrimination liée à son âge. Du coup, pour réparer ce préjudice, il demande plus : 345 000 € au titre de l’indemnité conventionnelle de licenciement et 125 000 € de dommages et intérêts pour licenciement nul pour discrimination en raison de ses opinions politiques et de son âge.
"Il demande plus de 600 000 € d'indemnités ! Non, mais on rêve !"
L’élu a-t-il été trop gourmand ? Lettres de salariés à l’appui, Openîmes soutient que le licenciement est bien-fondé et que les accusations de discrimination de Frédéric Escojido ne sont pas prouvées. Quant à l’âge, « la régularisation d’un nouveau contrat de travail en 2018 va à l’encontre de l’accusation de discrimination. » Finalement, le 31 janvier, la Cour d’appel de Nîmes a débouté Frédéric Escojido, lui demandant, de surcroît, de rembourser les sommes versées suite à la décision de première instance.
L’une de nos sources à l’Agglo n’en revient pas : « Cet homme a travaillé seulement deux ans à l’Agence de développement économique. Entre temps, il a fait valoir ses droits à la retraite pour cumuler son indemnité retraite et reprendre son emploi de directeur à Openîmes. Et en plus maintenant, il demande plus de 600 000 € d’indemnités ! Non, mais on rêve ! C’est de l’argent public ! Les Nîmois ne sont pas très riches. Cet homme élu de la ville de Nîmes devrait démissionner ! » Il y a parfois des appels que l’on regrette…
Contacté, Frédéric Escojido n'a pas répondu à nos appels...