À chaque élection, il y a une surprise. Celle-là, personne ne s’y attendait… Ce dimanche 9 juin, les électeurs se sont déplacés aux urnes. Jusque-là, rien d’anormal. Il y a une bonne nouvelle en plus, la participation record avec 52,50% au niveau national et 54,80% Gard. Les votants sont même plus nombreux qu’aux dernières élections législatives 2022, une élection nationale qui avait réuni 46%. 

La campagne européenne a donc mobilisé. Une campagne dans laquelle le président Emmanuel Macron a fait irruption, notamment pour évoquer la guerre en Ukraine. Sa stratégie était risquée. Elle donnait une envergure nationale au scrutin. « Nous n’attendons pas grand chose de ces élections, mais peut-être que ça va en réveiller certains, c’est un bon moyen pour faire bouger le Gouvernement », commentaient José, 49 ans et René, 67 ans, ce dimanche devant le bureau de vote n°1, à la mairie de Beaucaire. 

Trois eurodéputés gardois élus

« Réveiller », c’est peu dire. À 20 heures, les premiers résultats tombent. Comme l'annonçaient les sondages, c'est une claque pour la majorité présidentielle : 11,20% des suffrages exprimés. Dans le Gard, le RN est non seulement plus fort avec 40,42% (31,5% au niveau national) mais la majorité présidentielle est devancée par la liste de Raphaël Glucksmann, 12,20%. Dans la foulée, Emmanuel Macron annonce une dissolution de l’Assemblée nationale. Les 577 députés dont six dans le Gard, perdent leur siège et vont devoir repartir en campagne. D'ores et déjà, Julien Sanchez, maire de Beaucaire(*) élu ce dimanche eurodéputé avec sa camarade Sylvie Josserand, a annoncé que les quatre députés RN sortants en seront.

Le dernier à avoir dissout l’Assemblée est Jacques Chirac en 1997. Celle-ci n’a pas été couronnée de succès, se soldant par la victoire de la Gauche et la nomination du socialiste Lionel Jospin au poste de Premier ministre. « C’est un jeu très dangereux, irresponsable… Est-ce que le remède ne sera pas pire que le mal », commente le secrétaire départemental LR du Gard, Franck Proust. Son homologue du Parti Communiste, Vincent Bouget est tout aussi abasourdi : « Je suis stupéfait et très inquiet ».

Législatives les 30 juin et 7 juillet

Les superlatifs n’ont pas manqué. D’autant que les élections se tiendront très rapidement : les 30 juin et 7 juillet. « Ça nous laisse trois jours pour nous organiser », s’inquiète Vincent Bouget. Une organisation qui relèvera à Gauche, du sacerdoce. Vilipendée par La France insoumise, la liste PS/Place publique de Raphaël Glucksmann est arrivée en tête de la Gauche, à la troisième position et deuxième dans le Gard. Dans ce département d'où est originaire Chloé Ridel, l'une des treize eurodéputés élus ce dimanche. La liste de LFI, elle, sauve les meubles mais ne parvient pas à capitaliser sur les résultats de la Présidentielle où Jean-Luc Mélenchon est arrivé troisième. 

Comment s’unir après une telle campagne ? Le bis repetita de la grande alliance à Gauche, baptisée Nupes, semble complexe… Emmanuel Macron prend-il le risque de laisser le RN faire le doublé Européennes et Législatives ? Jordan Bardella ou Marine Le Pen seront-ils nommé plus tôt que leurs espérances premiers ministres ? « C’est une victoire pour nous. Nous souhaitons arriver au pouvoir pour changer le quotidien des Français », fanfaronne le désormais ex-député de la 1ère circonscription, Yoann Gillet. 

Le retour des  « progressistes » et « populistes »

Plus tôt dans la soirée, à la vue du score tonitruant du RN, Laurent Burgoa avait cette remarque, presque prémonitoire : « Nous allons vers une reconfiguration politique en 2027. Il faut discuter sereinement pour éviter l’arrivée du populisme au pouvoir » Le bis repetita est plutôt à voir du côté de l’affrontement entre « progressistes » et « populistes » cher à Emmanuel Macron. Un appauvrissement du débat public… « S’ils veulent souffrir et bien on souffrira (…) Aujourd’hui, je crois que la raison n’a plus d’adeptes. Les gens n’apprennent rien de l’histoire », fulmine Juan Martinez, maire de Bellegarde.  

(*)Julien Sanchez va rejoindre l'Europe à la demande de Jordan Bardella avec l'avocate nîmoise Sylvie Josserand. Nelson Chaudon, 31 ans, a été désigné pour lui succéder, le conseil municipal devra voter avant la mi-juillet.