FAIT DU SOIR Gerardo Marzo, le conseiller très spécial du maire de Nîmes
« Ma femme sait que Jean-Paul passe avant ! » Collaborateur du maire de Nîmes, Gerardo Marzo a noué une relation père-fils avec Jean-Paul Fournier. Gare à ceux qui s’immisceraient entre eux…
Chaque soir, avant de quitter la mairie, c’est un rituel, Jean-Paul Fournier traverse le couloir qui sépare son bureau de celui de son collaborateur : « À demain Gerardo ! » Un temps moqué pour être le "garde du corps" du maire, Gerardo Marzo suscite désormais la méfiance de ses détracteurs. Au fil des années, lui et Jean-Paul Fournier ont tissé une relation affective, filiale même, qui va au-delà de l’aspect professionnel.
Gerardo Marzo a 57 ans. Jean-Paul Fournier, 76. Leur rencontre s’est faite sous le mandat du maire UDF, Jean Bousquet. Originaire de l’Ain, Gerardo Marzo arrive à Nîmes à 16 ans. Il suit son père après le divorce de ses parents. À cette époque, les relations père-fils sont tendues. Installé dans le quartier de Pissevin, le Nîmois prend son indépendance et intègre le Relais & Château de Castillon-du-Gard. C’est là qu’il rencontre Jean Bousquet : « Il m’a proposé de travailler pour lui à la mairie.»
« Le fils que je n’ai pas eu… »
D’abord îlotier, Gerardo Marzo passe le concours de policier municipal en 1994. En parallèle, il prend sa carte à l'UDF puis à Démocratie Libérale. Il y retrouve Franck Proust, aujourd’hui président de Nîmes métropole ainsi que d’autres élus nîmois que sont Pascal Gourdel et Frédéric Escojido. Encore aujourd’hui, son adhésion à "DL" lui vaut les taquineries de Jean-Paul Fournier : « À l’époque, vous étiez cinq dans vos réunions rue Saint-Anne, non ? », s’amuse l’édile issu, lui, du « canal historique » qu’est le RPR (Le Rassemblement pour la République).
Leur complicité prend naissance en 2001. Gerardo Marzo fait la campagne municipale de Jean-Paul Fournier. Un an plus tard, le président Jacques Chirac crée l’UMP actant la fusion du RPR et de Démocratie Libérale : « C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à voir beaucoup plus Jean-Paul Fournier. » En 2006, il devient directeur adjoint de la Prévention, sous l'autorité de Bernard Serafino, un vieil ami du maire. Leurs liens se resserrent : « On allait parfois marcher le dimanche avec Bernard et Jean-Paul. »
En 2016, le Nîmois saisit l’opportunité d’intégrer le cabinet du maire. Quelques mois plus tard, Jean-Paul Fournier connaît des soucis de santé. Un tournant dans leurs relations. À ses côtés pendant sa convalescence, les deux hommes passent les soirées de feria à regarder des films. « C’est quelqu’un de très fidèle », reconnaît le maire. Père de deux filles, « Gerardo est peut-être le fils que je n’ai pas eu », confie-t-il, malgré sa pudeur. Un sentiment partagé : « J’ai perdu mon père jeune. Avec Jean-Paul on se comprend. D’ailleurs ma femme sait qu'il passe avant ! »
L'éviction de Philippe Debondue
Gare à ceux qui entravent leur relation. « En déplacement, je sais en un seul regard si quelqu’un l’ennuie ou s’il a besoin de quelque chose », renchérit Gerardo Marzo. Alors quand, en août, le nouveau directeur de cabinet, Philippe Debondue, veut reprendre la main sur le cabinet, Gerardo Marzo monte au créneau. « Philippe a mal joué… Il a voulu reprendre les places de concert, de parking. Surtout, il voulait qu'entre le maire et le cabinet il n'y ait que lui », relève un proche. Un autre ne partage pas cet avis : « Philippe voulait juste faire les choses carrées, dans l’intérêt du maire. Il était même soutenu par le directeur des services, Christophe Madalle ! »
Aujourd'hui, Philippe Debondue a été rétrogradé au poste de directeur-adjoint à la Communication et à la Sécurité. En fin de carrière, Jean-Paul Fournier privilégierait-il l'affection à la compétence ? Ou les détracteurs de Gerardo Marzo seraient-ils simplement jaloux ? « Pour nous, Gerardo Marzo n’a pas les compétences. Tout le monde n’est pas Jean-Albert Chieze (l’ex-directeur de cabinet de Jean-Paul Fournier de 2007 à 2018, réputé pour sa sévérité). » En politique aussi le cœur a ses raisons que la raison ignore.
Coralie Mollaret
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