Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 09.09.2024 - Coralie Mollaret - 3 min  - vu 620 fois

FAIT DU SOIR Nîmes 2021 : le discours prémonitoire de Michel Barnier ?

Michel Barnier, au Parnasse de Nîmes, en 2021 pour la primaire Les Républicains

Michel Barnier, au Parnasse de Nîmes, en 2021 pour la primaire Les Républicains 

- Coralie Mollaret

« Quelles que soient nos sensibilités politiques, il faut résoudre les problèmes ». En 2021, en pleine campagne pour la primaire Les Républicains, Michel Barnier affichait à Nîmes sa volonté de rassembler. Trois ans plus tard, nommé Premier ministre, il doit passer des paroles aux actes. 

« Je suis prêt à gouverner la France ». Ces propos sont ceux de Michel Barnier, prononcés il y a trois ans, au Parnasse, à Nîmes. À l’époque, le Savoyard est dans la course de la primaire Les Républicains, visant à désigner le candidat à la Présidentielle. Trois ans plus tard, celui qui voulait prendre la place d’Emmanuel Macron est finalement devenu son Premier ministre dans un contexte explosif... Aucun parti n’ayant réussi à décrocher une majorité absolue aux dernières Législatives. 

« Rassurant », « intelligent » et « sérieux » 

S’il ne l’avait pas forcément prévu, son attitude et son discours à Nîmes, ce fameux 20 novembre, peuvent expliquer le choix d’Emmanuel Macron. Pourtant, ce soir-là, Michel Barnier n’a pas fait sensation : « Ce n’est pas un grand tribun », reconnaissent plusieurs élus et militants, venus surtout par amitié pour le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier. Ce dernier n'a pas hésité à soutenir l’ex-négociateur du Brexit : « M. Barnier a toutes les qualités pour devenir président de la République. Les deux autres, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, ont quitté le parti. »

À Nîmes, Michel Barnier n’avait pas franchement soulevé les foules
À Nîmes, Michel Barnier n’avait pas franchement soulevé les foules  • Coralie Mollaret

Au micro d’Objectif Gard, Michel Barnier ne manque pas de rappeler avoir « rejoint la famille Gaulliste à l’âge de 15 ans ». Élu local en Savoie, quatre fois ministre et Commissaire européen, son auditoire concède au septuagénaire « quelque chose de rassurant, d’intelligent et de sérieux ». En campagne, Michel Barnier fustige le quinquennat Macron : « Ce pays a été mal géré, de manière très solitaire, arrogante et élitiste, sans se préoccuper de ce que pouvait apporter le Parlement. » Trois ans plus tard, le Parlement se retrouve au centre du jeu, après la défaite des Législatives succédant à des Européennes calamiteuses pour la Macronie. 

Régler les problèmes « quelles que soient nos sensibilités » 

Ce qu’il y a d’assez troublant, chez Michel Barnier, c’est sa volonté de proposer des mesures clivantes, tout en appelant à travailler ensemble. Toujours sur notre plateau, interrogé par l’Insoumis Nicolas Pellegrini, le Républicain soutient : « Il y a une vraie inquiétude à propos de l’immigration que l’on ne contrôle plus dans notre pays, ni en Europe. Et il y a une réelle inquiétude des Français qui ne se sentent plus en sécurité et ressentent de l’injustice et de l’impunité. Il faut que l’on règle les problèmes, quelles que soient nos sensibilités, pour remettre de la confiance dans le pays ». 

Si Michel Barnier n’est pas madame Soleil, son discours de 2021 lui a permis de s’arroger aujourd’hui de la clémence de l’Extrême-Droite. Lors de sa nomination à Matignon, la semaine dernière, le RN a indiqué qu’il ne voterait pas la censure. « Avec Marine Le Pen, nous lui demandons d’agir pour les Français, en luttant activement contre l’insécurité et l’immigration massive, en agissant pour le pouvoir d’achat des Français et pour inverser la tendance des finances publiques », soutient le député RN de la 1e circonscription du Gard, Yoann Gillet. 

Des propositions clivantes 

Au Parnasse, Michel Barnier avance d’autres solutions. Seront-elles elles aussi susceptibles de parler aujourd'hui à la Gauche et particulièrement aux députés PS ? « Je doute fortement, surtout dans une période où il serait urgent de recréer de la justice sociale, de la redistribution des richesses et du pouvoir d’achat pour sauver notre République », réagit le patron du PS du Gard, Pierre Jaumain. Le Républicain, libéral, défendait pendant la primaire « la réduction des impôts pour permettre à notre entreprise une égalité de concurrence » avec, en parallèle, la tenue « d’une conférence sociale » pour répartir cette diminution entre investissement et salaires.

Côté écologie, « j'ai été le premier à Droite à m’intéresser à ces questions. J'ai même écrit trois ou quatre livres ! J’ai une vision très claire de ce qu’il faut faire pour décarboner notre pays, à condition de préserver le nucléaire, mais aussi les énergies renouvelables ». Côté sport, « je souhaite que ce soit une grande cause nationale en doublant la pratique dans l’Éducation nationale » Pas sûre que cela suffise à rallier la Gauche... Négociateur du Brexit, Michel Barnier saura-t-il infléchir certaines de ses idées pour gouverner ? 

Un espoir pour Les LR ? 

Enfin, ce 20 novembre, Michel Barnier se présentait comme « un espoir » pour sa famille politique qui, depuis 2012, n'a pas besoin d'une voyante pour prédire ses défaites aux élections nationales. Finalement, avec Michel Barnier, la Droite revient au pouvoir. Le président de Nîmes métropole, Franck Proust, est ravi : « C'est une bonne nouvelle pour Nîmes Métropole, notamment dans la mise en œuvre du Hub européen de sécurité civile et les projets de réindustrialisation, avec l'émergence de la filière aéronautique. » À la primaire, il y a trois ans, Michel Barnier était arrivé troisième. Sera-t-il cette fois vainqueur pour composer un Gouvernement ? Pour le savoir, le marc de café du Nîmois Nadal ne suffira pas... 

Coralie Mollaret

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