FAIT DU SOIR Valère Segal, nouveau maire de Pont-Saint-Esprit : "Je ne suis pas né de la dernière pluie"
Élu maire de Pont-Saint-Esprit lors de la séance du conseil municipal du 9 juillet dernier en remplacement de Gérome Bouvier, démissionnaire pour raisons de santé, Valère Segal a donné une conférence de presse hier soir pour rappeler la feuille de route de la liste élue le 28 avril dernier. Il en a aussi profité pour faire passer un message aux élus d’opposition du Rassemblement national : « On ne va pas tendre l’autre joue. »
À 60 ans, Valère Segal n’avait « pas prévu du tout » de devenir maire de la ville dans laquelle il vit depuis 25 ans. Les ennuis de santé de Gérome Bouvier en ont décidé autrement, et celui qui était 15e de la liste, chargé des questions relatives à la santé et à la prospective, est désormais un premier édile dont la légitimité a été remise en question par ses opposants RN lors de son installation. « Une élection municipale, c’est l’élection d’une liste », rappelle-t-il, affirmant qu’il « (se) repose sur une équipe super efficace et très investie. »
Originaire de la banlieue parisienne, orphelin à 16 ans, Valère Segal a ensuite fait des études de médecine. Passé par le secteur hospitalier, il s’est installé à Pont en tant que radiologue il y a donc 25 ans où il a notamment été président du club de tennis. En 2011, il porte un projet de maison de santé pluridisciplinaire, auquel « malheureusement la mairie de l’époque est restée sourde et aveugle », dit-il. Candidat aux municipales de 2014, il se qualifie pour le second tour, « tout le monde ne peut pas prétendre avoir été au second tour », glisse-t-il, avant de l’affirmer : « Je ne suis pas né de la dernière pluie, je n’ai pas découvert Pont-Saint-Esprit et ses réalités singulières sur le tapis feutré d’une oligarchie politique distribuant ses cartes électorales à des pions interchangeables. » Sans le nommer, le nouveau maire vise le RN.
« Je n’ai pas découvert Pont-Saint-Esprit après l’ouverture d’un parachute »
Reste à savoir pourquoi le 15e de la liste, qui n’était pas adjoint, s’est retrouvé maire ? « Pendant la campagne nous avions identifié quatre axes que sont la santé, la propreté, la sécurité et la fiscalité, incarnés par Gérome Bouvier, Karine Bommenel, Claude Conan et moi-même », commence-t-il. Autant de piliers qui faisaient des quatre élus « des incontournables de l’équipe, poursuit-il. La question a été posée, mais ni Claude Conan, ni Karine Bommenel ne souhaitaient prendre la relève. Avec le soutien de l’ensemble de l’équipe, j’ai accepté la proposition de devenir maire. » Alors le procès en légitimité intenté par le RN, il le balaie. « La légitimité ne dépend pas d’un numéro ou d’une place, mais bien de la loi, j’ai été élu comme tous mes colistiers », dit-il avant d’estimer avoir « la légitimité du terrain, de 25 ans de présence et d’action, je n’ai pas découvert Pont-Saint-Esprit après l’ouverture d’un parachute. »
Alors que la séance d’investiture a été plutôt mouvementée, avec des échanges parfois tendus avec l’opposition RN, surtout avec le député Pierre Meurin, Valère Segal affirme qu’il compte « faire appliquer à la lettre » le règlement intérieur du conseil municipal, qui « ne sera pas la foire d’empoigne comme le souhaite une partie de l’opposition », prévient-il. Face à ce qu’il estime être « une manière de pourrir les débats », le nouveau maire indique que « si nécessaire » il coupera le micro d’un élu qui prendrait la parole sur des sujets qui ne sont pas à l’ordre du jour.
Il rappellera ensuite tout ce qui a été fait ou engagé depuis l’élection de la nouvelle majorité : « une grande campagne de nettoyage » de la ville, « du matériel neuf » pour les services concernés, une consultation de la population à venir sur la modification du secteur sauvegardé « fin septembre ou début octobre », le transfert dans le centre ancien de la brigade environnement, la mise en place d’un numéro unique pour signaler les dépôts sauvages, le recrutement en cours de quatre policiers municipaux, avec pour conséquence « une brigade de nuit qui patrouillera dès octobre de 17h à 3h » et un redéploiement de la brigade de jour « vers des missions qui se sont perdues au fil du temps, comme la sortie des écoles, l’ilotage, les visites aux commerçants, les contrôles de stationnement. »
Par ailleurs, une étude sur le passage en zone bleue des allées et de la place de la République, « répondant à une demande récurrente de nos commerçants jamais exaucée par nos prédécesseurs », dit-il, a été lancée. Sur la santé, « j’ai renoué un dialogue qui n’existait plus avec les professionnels de santé du secteur, mon arrivée est une bouffée d’oxygène pour eux », affirme Valère Segal, qui veut, comme il y a près de 15 ans, « créer une maison de santé pluridisciplinaire » pour attirer des médecins. Sur le dossier de la santé, le nouveau maire affirme « travailler en partenariat avec l’Agglomération », notamment pour « se doter d’outils d’attraction pour les médecins. » Quant au projet « Ma santé ma Région », par le biais duquel l’ex-maire Claire Lapeyronie annonçait l’arrivée de médecins pour la rentrée, « c’était un coup de com’, dénonce-t-il. Il n’y avait rien de concret, rien de pérenne », d’autant que le projet « coûtait très cher, plus de 100 000 euros par an, alors qu’on a des projets privés sans coût pour la mairie. »
« On découvre des choses »
Autre sujet abordé par l’opposition RN mardi dernier : la redevance incitative. Une compétence de l’Agglomération, rappelle Valère Segal, sur laquelle « essayer de faire croire qu’un retour à l’ancien modèle est possible est mensonger, affirme-t-il. Notre équipe préfère préparer au mieux les habitants en les informant, les accompagnant et en négociant des avancées significatives. » Et le maire d’annoncer qu’il invitera à la rentrée des habitants volontaires à visiter un centre d’enfouissement des déchets. Par ailleurs, les 400 badges qui n’avaient pas été encore distribués, notamment dans le centre ancien, l’ont depuis « quasiment tous été », affirme le maire.
Enfin, Valère Segal compte aussi mettre le nez dans des dossiers initiés ou réalisés par l’ancienne majorité, comme le collège ou la nouvelle gendarmerie. Sur le collège, « le terrain coûte 3,4 millions d’euros alors qu’il aurait dû coûter 2,1 millions, nous y reviendrons quand nous aurons pu faire les vérifications nécessaires », dit-il. Plus tard, son directeur de cabinet Bernard Seu affirmera qu’il y a eu « vraisemblablement des errements » dans ce dossier, tout en martelant que la nouvelle majorité voulait « que le collège sorte » et qu’un rendez-vous était pris avec la vice-présidente du Département Nathalie Nury à la rentrée. Quant à la nouvelle gendarmerie, « on découvre des choses, on en parlera quand on aura tous les éléments », en dit Valère Segal.