GARD Parti socialiste : Arnaud Bord et Pierre Jaumain refont le match
Ce jeudi, 486 militants socialistes sont appelés aux urnes. Ce scrutin vise à définir la ligne politique du PS ces trois prochaines années. Dans le Gard, Arnaud Bord et Pierre Jaumain s’affronteront de nouveau pour diriger la fédération gardoise. Chacun défend une ligne bien distincte. Interview croisée.
Objectif Gard : En quoi êtes-vous le mieux placé pour diriger le Parti socialiste ?
Arnaud Bord : Cette question interviendra plus tard… Le vote de ce soir va indiquer, au niveau national, la ligne du parti. Ensuite nous désignerons les hommes et les femmes qui incarneront cette ligne. En ce qui me concerne, je n'ai pas varié je suis pour un PS ouvert au dialogue avec les partenaires, partisan farouche de l'union de la Gauche et dont la ligne politique est clairement à gauche sans aucune ambiguïté.
Pierre Jaumain : Il y a trois textes en lice et j’ai l’honneur de porter dans le Gard le texte d’orientation, dit « TO3 », dont le premier signataire est le maire de Rouen. Ce texte a le soutien notamment de la présidente de la Région, Carole Delga et de Françoise Laurent-Perrigot, présidente du Département.
Objectif Gard : Quel bilan portez-vous sur la gestion de l'actuel patron du PS Olivier Faure ?
Pierre Jaumain : Aucun bilan n’est entièrement négatif mais je fais le constat, sans satisfaction, d’une parole socialiste inaudible et d’un manque de clarté sur nos propositions pour nos concitoyens. Qui est capable spontanément de dire ce pour quoi le PS se bat au niveau national ? Sans compter que la direction actuelle du PS a, selon moi, minimisé, voire négligé, l’énorme travail mené sur les territoires par les socialistes.
Arnaud Bord : Moi, je tire mon chapeau à Olivier Faure ! À lui ainsi qu'à la direction nationale, les permanents et les militants qui, à un moment où personne ne se battait pour reprendre la barre, on fait le boulot. Son bilan est positif. Les pronostics mortifères on été déjoués. Grâce à l'action d'Olivier Faure, le parti a renoué avec son ancrage à Gauche. La ligne politique est claire et le positionnement politique est en opposition avec le président de la République.
Objectif Gard : Aujourd'hui le PS a 26 députés socialistes à l'assemblée. Quel regard portez-vous sur ces forces quand on sait que la candidate PS Anne Hidalgo a fait 1,7% à la Présidentielle ?
Arnaud Bord : D'abord c'est 26 socialistes, 30 si l'on compte les apparentés donc un résultat en légère progression pour l'Assemblée. Loin d'être une grande victoire l'essentiel a été préservé. Enfin en ce qui concerne la Présidentielle, malheureusement les astres ne se sont pas alignés. Les causes de l'échec sont multiples mais si l'on est pointilleux, c'est quasiment le même résultat qu'aux présidentielles précédentes. Le mal qui a pénalisé le Parti Socialiste est plus ancien.
Pierre Jaumain : Oui, la Présidentielle est une lourde défaite malgré une candidate qui s’est battue avec détermination. Au-delà de l’importance de l’union, je ne crois pas que nous en ayons tiré tous les enseignements. Avions-nous un projet pour la France et les Français, un souffle et une ambition partagés d’abord par tous les militant(e)s et sympathisant(e)s ? Donnions-nous envie depuis quatre ans ?
Objectif Gard : Comment jugez-vous les premiers pas de la Nupes à l’Assemblée nationale ?
Pierre Jaumain : L’intergroupe Nupes est un espace nécessaire pour mener les batailles à l’Assemblée nationale. Mais l’accord Nupes fait plafonner la Gauche à 30% des intentions de vote. Si nous aspirons à changer la vie des citoyens, à gouverner, nous devons élargir notre union à toute la Gauche politique et citoyenne et modifier son centre de gravité aujourd’hui arrimé à LFI via le poids de référence de son leader à l’élection présidentielle.
Arnaud Bord : La Nupes se structure. Chaque groupe a son indépendance. Le débat et la recherche de consensus sont les maîtres mots. Le PS joue parfaitement sa partition dans cet accord programmatique et législatif, contrairement à ce que certains voudraient laisser entendre. Nous sommes différents, pas d'accord sur tout, mais ce sont nos différences constituent aussi notre force. Notons au passage que grâce à cet accord, la Gauche a quasiment doublé sa présence à l'Assemblée.
Objectif Gard : La Première ministre a annoncé les contours de la réforme des retraites. L’opposition, notamment les Insoumis, prônent pour le retour de la retraite à 60 ans : mythe ou réalité ?
Pierre Jaumain : Cette question n’a pas donné lieu à un vrai débat militant ! (…) Du reste, nous devons d’abord tous nous mobiliser pour faire reculer le Gouvernement. Tant que ce texte reste à l’agenda parlementaire, il ne sert à rien de débattre entre nous de la meilleure mesure à mettre en place. Nous devons être très nombreux, dès le 19 janvier, aux côtés des organisations syndicales qui sont unanimes sur le refus de cette « réforme » injuste et brutale.
Arnaud Bord : L’intergroupe a travaillé le sujet et une position commune émerge. Des meetings nationaux, départementaux vont être organisés. Il est important de se rapprocher des Français pour expliquer notre position. Nous sommes contre cette réforme rétrograde, loin d'être progressiste dont les cadeaux soit disant annoncés par le Gouvernement ne sont au final que les avancées portées par François Hollande en son temps et retirées par Emmanuel Macron dès son arrivée à l'Elysée.
Objectif Gard : La présidente de la Région, Carole Delga est très amère envers Olivier Faure. Adopte-t-elle, selon vous, pour la bonne stratégie ?
Pierre Jaumain : Il me semble que Carole Delga fait des choix de conviction. Elle est franche et claire dans l’expression de ses choix. Pourquoi vouloir lui prêter une pratique du billard à dix bandes sinon pour nourrir quelques clichés sur la classe politique et la vie des partis ? Les seuls qui insistent sur cet aspect de l’action politique sont les amis d’Olivier Faure. Peut-être qu’il s’agit de leur manière de penser. Ce n’est pas la nôtre ni la mienne !
Arnaud Bord : Carole Delga est une militante parmi les autres qui fait un excellent travail en tant que présidente de Région. Je ne le cesse de le répéter : elle est un étendard pour la Gauche. Je ne commenterai pas ses propos qui à mon sens doivent prendre place dans le débat interne du parti. Nous sommes toutes et tous comptables du bilan, l'essentiel désormais étant de sortir unis de ce congrès et de parler dès la fin de cette phase interne d'une seule et même voix.