LÉGISLATIVES Le socialiste Anthony Alarcon : « Il n’y a pas de Gauches irréconciliables »
Employé dans l’industrie aéronautique, le militant Anthony Alarcon aimerait avoir le soutien du Parti socialiste pour les élections législatives sur la 5e circonscription. Il n’est pas le seul : l’élu départemental du Vigan, Martin Delord, l’espère aussi. Les militants sont appelés à les départager le 10 février.
Objectif Gard : Tout le monde ne vous connaît pas. Pouvez-vous vous présenter ?
Anthony Alarcon : J’ai 38 ans. Je vis avec ma famille à Caveirac, en Vaunage. Une commune où j’ai mes racines et où j’ai exercé deux mandats municipaux de 2008 à 2020. Sur le plan professionnel, je suis chef de projet informatique dans l’industrie aéronautique. J’ai commencé à militer au Parti socialiste en 2009. D’abord secrétaire de section, je siège depuis 2018 au conseil national, le parlement du parti. Récemment, j'étais aux côtés de notre premier fédéral, Arnaud Bord, à la table des négociations qui ont scellé une union historique de la Gauche aux Départementales. En juin dernier, j’ai participé à la réélection de notre présidente de région, Carole Delga, en tant que colistier sur la liste L’Occitanie en commun.
Pourquoi souhaitez-vous être candidat aux élections législatives sur la 5e circonscription ?
C’est ici que je vis et que je milite. Ce serait déjà en soi une raison légitime. La 5e circonscription fût perdue par le Parti socialiste en 2017 à l’issue d’une campagne confuse où la candidate investie (Nelly Frontanau, ndlr) revendiquait dans vos colonnes sa double appartenance et le choix d’un suppléant LREM. Ma candidature sera à la fois celle d’une clarification vis-à-vis de ceux qui ont trahi et d’une affirmation : celle d’un PS ancré à Gauche, dans l’opposition vis-à-vis de la majorité présidentielle.
Un autre candidat souhaite avoir l’investiture PS, c’est le conseiller départemental Martin Delord. En quoi êtes-vous meilleur que lui ?
L’ADN du Parti socialiste c’est le débat. Il appartiendra aux militants de nous départager en choisissant celui qui est pour elles et pour eux le primus inter pares (en latin, premier parmi les pairs, NDLR). Je porte une analyse critique de la société de marché et de la marchandisation du monde. Ce n'est pas un secret, j’appartiens à l’aile gauche du parti : celle qui est orpheline du discours du Bourget, celle qui a manifesté en 2016 contre la loi travail et la déchéance de nationalité. Celle enfin qui considère qu’il n’y a pas de Gauches irréconciliables. Tout doit être mis en œuvre en 2022 pour un trouver un accord à Gauche aux élections législatives.
Quel est votre regard sur la politique d’Emmanuel Macron ?
Je porte un regard sévère sur la politique de Droite menée depuis 2017. Le mandat présidentiel qui s’achève sera à jamais marqué du sceau du mépris. Un mépris démocratique qui s’est révélé dès le lendemain du second tour de l’élection présidentielle : ce qui devait être un vote de barrage contre l’extrême-Droite fut commué en vote d’adhésion. Un mépris démocratique accentué par le recours aux ordonnances transformant l’Assemblée nationale en chambre d’enregistrement. Mépris des propositions de la convention citoyenne pour le climat, mépris des personnes à la recherche d’un emploi qui n’auraient qu’à traverser la rue. La liste serait encore longue.
Quel type de député serez-vous ?
Les niveaux d'abstention, très élevés, lors des dernières élections ne doivent pas être considérés à la légère. Il y a une forme d'essoufflement des institutions de la Ve République. Si je suis député, je proposerai une forme de participation citoyenne au processus législatif. Les élections de 2017 ont ouvert une séquence de recomposition des familles politiques. Cette recomposition n’est pas achevée. Il est peu probable que dans la nouvelle assemblée élue un seul parti ait à lui seul la majorité des sièges. Dans cette hypothèse, la formation d’un gouvernement exigerait la création d’une coalition large. Pour ma part, les choses sont claires : je ne participerai pas à la formation d’une grosse coalition Droite-Gauche. Enfin, je ne conçois pas que l’exercice d’un mandat soit déconnecté du parti qui vous a permis d’être élu, et notamment ses militants à qui je rendrai très régulièrement compte de mon action.
Une idée de première proposition de loi ?
Pour moi, la mère des batailles sera donc budgétaire. Si la Gauche revient aux responsabilités en 2022, elle devra consacrer une part plus importante de la richesse nationale à l’application réelle des lois d’ores et déjà existantes. Je pense notamment à l’enlisement du droit au logement opposable, au budget de la justice où, en France, la dépense par habitant était en 2018 inférieure de moitié à celle de l’Allemagne. Cette situation n’est pas acceptable ! Notre candidate socialiste Anne Hidalgo a présenté ses 70 propositions que je fais miennes. L’inflation galopante appelle des mesures fortes de justice sociale : l’augmentation du SMIC à hauteur de 15% et la réhabilitation de la progressivité de l’impôt seront une priorité.
Propos recueillis par Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com