Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 21.07.2024 - Coralie Mollaret - 3 min  - vu 1962 fois

LES MOMENTS DE BASCULE Conseil départemental : Alexandre Pissas en faiseur de roi

Dans le Gard comme ailleurs, l’histoire politique est faite de bouleversements, bons ou mauvais, selon l’endroit où l’on se place. Ce dimanche, la rédaction revient sur la folle négociation du Tresquois Alexandre Pissas, il y a presque dix ans. Un élu convoité aussi bien par la Gauche que la Droite pour la présidence du Conseil départemental. 

Une sorte de tragi-comédie avec Alexandre Pissas pour dramaturge. Il y a presque dix ans, le second tour des élections départementales livre une sacrée surprise : l’équipe sortante PS-PCF-EELV n’a plus la majorité absolue. Tremblement de terre au Département qui a historiquement le cœur à Gauche. Des urnes sortent donc 22 élus de Gauche ; 20 pour la Droite et le Centre et - c’est une première - 4 pour le RN. 

Cette déconvenue, l’exécutif la doit à la victoire de l’extrême-droite sur deux cantons : à Beaucaire, le socialiste Juan Martinez est balayé tout comme son camarade et président du Département Jean Denat à Vauvert (cette histoire sera racontée dans notre prochain feuilleton). Une aubaine pour la Droite et le Centre, en croissance électorale avec le redécoupage des cantons ! Si elle ne peut gouverner avec les voix frontistes, les élus nîmois Laurent Burgoa et Thierry Procida, pensent pouvoir rafler le pouvoir, lors du vote de la présidence : le « troisième tour » du scrutin. 

Alexandre Pissas : « Je suis cocu mais content » 

Leurs espoirs sont nourris par une division de la Gauche. Réélu - non sans mal - sur le canton de Bagnols, Alexandre Pissas* va jouer les trublions. Le socialiste a quelques comptes à régler… Candidat à sa réélection, le PS a décidé d’investir contre lui l’adjoint bagnolais Jean-Yves Chapelet et sa binôme Emmanuelle Crépieux. Il faut dire que dans le Gard rhodanien, le maire socialiste (aujourd’hui Renaissance, NDLR) bagnolais de l’époque, Jean-Christian Rey et son acolyte Jérome Talon, travaillent depuis des années à neutraliser Alexandre Pissas. 

Le maire de Tresques n’est pas très sûr de vouloir voter pour le candidat de la Gauche à la présidence départementale : Denis Bouad. Un vieux briscard de la politique, élu du canton d’Uzès et présidant depuis dix ans du puissant bailleur social Habitat du Gard et ses 15 000 logements. Quelques jours après le résultat du scrutin, il scande dans les couloirs du Conseil départemental : « Je suis cocu, mais content ». Alexandre Pissas savoure…  Il tient sa revanche !

Manuel Valls appelle Alexandre Pissas

L’union de la Droite et du centre fait du charme à celui qu’ils nomment même, selon nos sources, « Alexandre le Grand ». Ils lui proposent l’impensable : la présidence du Conseil départemental. Une offre en or pour Pissas. En position de force, Alexandre Pissas joue sa carte à fond, négociant âprement son ralliement à Gauche : première vice-présidence, Légion d’honneur, mission ministérielle sur les pompiers... Il demandera même la présidence d'Habitat du Gard, se heurtant au refus catégorique de Denis Bouad. Le Gouvernement de Manuel Valls rappelle à l'ordre Alexandre Pissas, espérant que le socialiste qu'ils ont un temps rejeté rentre au bercail.

Le jour du vote, les télés nationales descendent de Paris pour connaître le déroulé du scrutin : Alexandre Pissas annonce se rallier à la Gauche. À l’issue du troisième tour, Denis Bouad est élu président du Département du Gard. Cet épisode a marqué un moment de rupture entre Alexandre Pissas et plusieurs élus du territoire. Si bien qu’aux dernières élections sénatoriales, l’investiture lui a été retirée au profit de Denis Bouad. Alexandre Pissas aura toutefois un lot de consolation : la présidence du Département par intérim, une fois Denis Bouad élu sénateur. Il profitera pleinement de cette période et fera même édicter quelques cartes de visite. 

Entre les deux hommes, c’est un peu l’histoire du « Je t’aime... moi non plus » avec ses conséquences sur la vie politique gardoise. Prochaine feuilleton : les sénatoriales de 2026. 

*Joint par nos soins, Alexandre Pissas n'a pas donné suite à nos sollicitations. 

Coralie Mollaret

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