L'INTERVIEW Christophe Rivenq : "D'Alès, il va se mettre en place des choses qui peuvent révolutionner les problématiques de santé"
Ce lundi 6 novembre, en soirée, la grande salle du Cratère accueillera la restitution des États généraux de la santé initiés en 2020 par le président d'Alès Agglomération et reportés en raison de la pandémie. Quelques-unes des 1 700 propositions recueillies au cours de cette démarche collaborative seront présentées.
Objectif Gard : Dans quel contexte et comment aviez-vous eu l’idée de ces États généraux de la santé en 2020 ?
Christophe Rivenq : Le 15 juillet 2020, lors de mon élection à la présidence d'Alès Agglomération, j'avais annoncé les grands chantiers de ce mandat dont faisait partie la réflexion des États généraux de la santé. Pour une raison simple, c'est que dans l'analyse du territoire, on s'était déjà rendu compte qu'il y avait à court comme à moyen terme des problématiques qui allaient s'amplifier. C'était en 2020, au début de la pandémie. Il n'était plus question de mobiliser les soignants pour travailler à ces États généraux, donc j'avais pris l'engagement de les reporter à l'issue de la pandémie. C'est la raison pour laquelle je les ai lancés en début d'année 2023.
La pandémie vous a-t-elle invité à revoir la copie initiale ?
Oui et non. La pandémie m'a conforté dans l'idée que nous avions la possibilité de travailler tous ensemble à un système ingénieux. On l'a démontré avec la création du vaccinodrome le plus rapide de France. Ça nous a laissé deux ou trois ans pour observer la démographie médicale, l'évolution de la population aussi. Depuis, on voit qu'il y a 1 000 habitants de plus par an qui arrivent sur Alès. Et donc ça nous a permis d'avoir un peu plus d'acuité sur les attentes en matière de santé sur le territoire.
"Je suis persuadé que le ministre nous accompagnera sur cette expérimentation"
Christophe Rivenq, président d'Alès Agglomération
1 700 propositions ont émergé de ces États généraux. Quelle est la proportion de celles qui sont concrètement réalisables ?
Ce lundi soir, je vais présenter un plan d'action. J'attends du ministre qu'il nous valide ces actions. Trois principales vont être présentées comme étant, à ma grande surprise, des choses très innovantes que l'on ne retrouve sur aucun territoire. La grande force de ces propositions c'est qu'elles émanent d'une co-construction. On s'aperçoit de la difficulté du système de santé à bien travailler ensemble. Chacun travaille dans son coin. Le centre hospitalier de son côté, la clinique privée du sien, la médecine de ville et libérale de l'autre. Nous souffrons principalement d'un manque d'organisation. L'une des premières propositions de ces États généraux c'est une nouvelle gouvernance. L'enjeu, c'est de permettre de laisser aux soignants le temps du soin. Le système actuel doit être fondé sur la collaboration. Ce n'est pas le cas aujourd'hui en France parce qu'il y a trop d'intervenants, de l'Agence régionale de santé à la Caisse primaire d'assurance maladie en passant par les cliniques et j'en passe.
La section alésienne du Parti communiste craint que ces États généraux ne soient "une montagne qui accouche d'une souris". Les propositions qui en émanent sont-elles réellement de nature à améliorer sensiblement le quotidien des 10 000 habitants d'Alès Agglo sans médecin traitant, notamment ?
Il y a deux postures. Il y a la posture des "y'a qu'à, faut qu'on". Et moi je suis de ceux qui pensent qu'il faut déjà valoriser nos forces. L'une de nos forces, c'est d'avoir un personnel engagé sur ce territoire. Le professeur Guy Vallancien de l'Académie de médecine, lequel fait autorité dans le milieu, nous explique que ce n'est pas le manque de médecins le problème, c'est l'organisation. En France, d'un point de vue comptable, il y aurait suffisamment de médecins pour répondre aux besoins de l'ensemble de la population, si tant est que ces médecins puissent s'occuper uniquement de soigner. À court terme, on doit pouvoir mieux s'organiser. À moyen terme, j'attends du Gouvernement qu'il pense aux territoires à taille humaine comme le nôtre sur le numerus clausus et la répartition des médecins. Ce que je veux dire, c'est que dans ce genre de cas, il y a deux postures. Soit on râle et on va manifester, soit on se relève les manches et on décide de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Je le redis aussi : l'hôpital neuf d'Alès, on l'a eu parce qu'on l'a négocié quand Max Roustan était député à l'époque. Ce n'était pas juste un combat dans la rue. On obtiendra les choses avec des arguments. J'ai accepté la participation de tout le monde pour ces États généraux. Sont venus ceux qui le souhaitaient, les partis politiques, les syndicats, les médecins, la population. D'ailleurs, j'annoncerai également le résultat de la consultation de la population lancée il y a un peu plus d'un mois et à laquelle plus de 1 000 personnes ont répondu. Je suis persuadé que le ministre nous accompagnera sur cette expérimentation.
Au-delà de la relative visibilité qu’il confère au territoire, y a-t-il une vraie plus-value pour Alès au fait d'avoir l'Alésien Aurélien Rousseau pour ministre de la Santé ?
Clairement ! Je l'ai dit dès sa nomination. D'une part, ça montre qu'on peut être issu d'un territoire à taille humaine un peu reculé par rapport aux grands axes de circulation et avoir des grands serviteurs de l'État qui portent la voix des territoires. J'en avais fait mon vice-président à la Santé au Pays Cévennes bien avant qu'il soit ministre de la Santé. Il a à la fois cette grande connaissance du territoire et aussi la vision des élus. Il n'est pas médecin et je pense que pour être ministre de la Santé, il n'y a pas besoin d'être médecin, bien au contraire. Il faut sortir de ce corporatisme. Je le trouve très à l'écoute. Il m'avait promis de revenir, il revient ! Je suis persuadé que d'Alès, il va se mettre en place des choses qui peuvent faire évoluer, voire révolutionner les problématiques de santé des territoires comme le nôtre.