L’INTERVIEW L’adjoint aux Sports, Nicolas Rainville : « Rani Assaf est retombé dans ses travers »
Adjoint à la ville de Nîmes chargé des Sports, Nicolas Rainville s’était fixé la mission de mettre « de l’huile dans les rouages » entre le président du Nîmes Olympique, les supporters et la ville de Nîmes. Malheureusement, deux ans plus tard, le compte n’y est pas. Entretien.
Objectif Gard : D’après les dernières indiscrétions publiées par Objectif Gard, vous seriez un élu un peu rebelle ?
Nicolas Rainville : (Rires) Pas du tout ! Si vous faites allusion à la subvention de 80 000 € pour la Coupe du Monde d’escrime en fauteuil, pensez-vous vraiment que celle-ci ait été validée sans l’aval du maire ? C’est impossible !
Et concernant l’équipe de football féminin de Nîmes olympique ?
Les filles ont joué aux Costières, mais n’ont pas pu rester en raison du coût d’entretien élevé de la pelouse, soit 150 000 € par an ainsi que la remise aux normes, là-aussi coûteuse, du stade. Du coup, nous avons trouvé une solution avec le club sportif des cheminots du Pont de Justice qui vont pouvoir accueillir les filles pour qu’elle s’entraînent tous les soirs, mais aussi le club de foot du Chemin-Bas-d’Avignon qui s’entraînera avant elles.
Avez-vous le sentiment que quelqu’un vous en veut à la mairie ou à Nîmes métropole ?
Vous savez, moi je viens du monde du football, donc tout ce qui se dit dans un vestiaire reste dans un vestiaire. Après, je ne vais pas perdre de temps en m’occupant de ce que les gens disent sur moi. L’énergie, je préfère la mettre au bénéfice des associations et au montage du prochain budget 2024. Ensuite, ce que l’on dit de moi m’importe peu. J’ai été 12 ans à la Fifa : dès que je sifflais un match, le lendemain j’étais dans l’Équipe. Je suis viscéralement attaché à ma ville et à mon maire, Jean-Paul Fournier.
Comment le budget 2024 de la délégation sports s’annonce à la ville de Nîmes ?
Nous avons une gestion à l’euro près qui colle aux besoins. Sur la partie construction, nous avons eu une petite frayeur avec un mur de la halle des sports qui avait bougé. Mais ce n’est finalement rien : l’équipement sera livré à l’été prochain. La livraison, elle, du synthétique de Jean-Bouin sera faite fin octobre. On attaque aussi l’annexe du stade Kaufmann en synthétique qui permettra aux équipes de s’entraîner quand elles veulent. L’utilisation de la pelouse, elle, se limitant à 14 heures hebdomadaires.
Un mot sur l’Ufolep installée au parc Kennedy. Un élu de la Région est resté bouche bée en apprenant que la ville ne finançait par la fédération. Or, elle intervient à Nîmes dans les quartiers difficiles et revêt une palette d’activités multiples.
La ville ne fait pas rien. Elle leur facilite l’accès aux installations, notamment à la Bastide où ils font un gros événement chaque année. Ils ont un super équipement et font du bon boulot. Le problème, c’est que nous priorisons les associations sportives par les fédérations. Toutefois, nous sommes en train de réfléchir à co-construire des projets ensemble : des partenariats, par exemple, avec nos associations de retraités pour la pratique du sport adapté.
Le gros dossier du moment, c’est toujours l’avenir de Nîmes olympique. La CDAC (Commission départementale d'aménagement commercial) a émis un avis défavorable concernant le projet de Rani Assaf. Cette décision vous a-t-elle surprise ?
Bon, d’abord ce sujet, c’est vraiment de l’urbanisme et ça concerne le premier adjoint de la ville de Nîmes, Julien Plantier. Toutefois, il est vrai que le projet immobilier, qu’on le veuille ou non, est étroitement corrélé au projet sportif. Pour vous répondre, je n’ai pas été surpris dans la mesure où Rani Assaf ne s’est pas manifesté début septembre à la mairie pour faire le point. C’est que sa copie n’avait pas changé, donc ça ne me surprend pas.
La Ville a envoyé une lettre à la CDAC pour dire tout le mal qu’elle avait à communiquer avec le président du club. À votre arrivée, votre objectif était de mettre de l’huile dans les rouages entre la ville, les supporters et Rani Assaf. C’est râté !
Oui c’était mon but. J’ai passé beaucoup de temps et d’énergie. D’ailleurs je crois que, si a un moment donné, Rani Assaf parlait plus dans les médias et qu’il avait réintégré les Gladiators dans le stade, je n’y étais pas étranger. Bon, il est retombé dans ses travers. La communication est rompue avec la mairie.
À titre personnel, avez-vous toujours des liens avec lui ?
Avant oui. On passait du temps ensemble, je le croisais au centre d’entraînement à la Bastide. C’étaient des moments informels. Sauf qu’à partir du moment où Rani Assaf ne répond plus au maire et à son adjoint, je ne peux pas me permettre de lui envoyer des messages. Je suis très solidaire de l’équipe municipale.
Avec l’avis défavorable de la CDAC, la Ville aujourd’hui ne peut délivrer le permis de construire à Rani Assaf pour la construction de son nouveau stade. Pensez-vous qu’il puisse quitter le club ? Si oui, quels sont les potentiels candidats à la reprise ?
Les évènements nous poussent à dire que Rani Assaf n’est plus l’homme de la situation. Il ne vient plus aux matchs et je ne suis pas convaincu qu’il veuille investir un euro de plus dans l’équipe. D’ailleurs, mercredi dernier, je suis passé au stade d’entraînement. Rani Assaf devait y manger à midi. Quand j’ai demandé au staff médical et aux joueurs s’ils l’avaient vu, ils m’ont répondu non. Ça fait quatre mois que de nouveaux joueurs ont signé et ils ne savent pas à quoi Rani Assaf ressemble. Aujourd’hui il y a une situation de rupture. Sans son permis de construire, je le vois mal dépenser de l’argent pour un projet sportif auquel il ne croit pas. Ce serait sortir par la grande porte que de dire : "Je pars maintenant et je souhaite le meilleur à celui qui prend la suite !"
Enfin, un dernier mot sur la Coupe du Monde de rugby. Vous la suivez ?
Bien sûr. J’ai regardé le dernier match contre la Namibie. Problème, j’ai vu que le meilleur joueur de l’équipe de France, Antoine Dupont, s’est blessé au visage. C’est comme si on perdait Kylian Mbappé en équipe de France de football. Je pense quand même que la France va aller au bout et qu’elle aura un grand ennemi à affronter : l’Irlande.