L’INTERVIEW Le patron du PS du Gard, Pierre Jaumain : « Avec Jean-Luc Mélenchon, la coupe est pleine ! »
Crise de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) et premiers pas au sein de la fédération PS... Le nouveau responsable de la fédération du Gard répond à nos questions.
Objectif Gard : Plusieurs cadres de LFI refusent de qualifier de « terroriste » l’attaque du Hamas sur Israël, dont Jean-Luc Mélenchon. Que dites-vous à vos petits camarades ? Je vous l’avais bien dit ?
Pierre Jaumain : Les outrances régulières et déjà anciennes de Jean-Luc Mélenchon jettent l’opprobre sur la LFI et, trop souvent, sur l’ensemble de la Gauche. Le refus de la direction de ce parti de condamner notamment le terrorisme du Hamas rend le travail commun impossible. Le débat est ancien mais là, la coupe est pleine ! Néanmoins, je ne fais pas d’amalgames, je croise régulièrement des militants sincères qui ne sont pas alignés sur les positions de leur direction. Je ne suis jamais satisfait d’une situation qui plombe les efforts des uns et des autres pour faire vivre sur nos territoires une union de la Gauche indispensable pour relever les défis qui sont face à nous pour répondre aux attentes des citoyens et réaffirmer nos valeurs et nos propositions.
Que dites-vous aux électeurs qui ont placé Jean-Luc Mélenchon à la tête de la Gauche à la dernière présidentielle ?
Je leur dis qu’il s’agit désormais de bâtir une nouvelle union de la Gauche. Une union cherchant à rassembler sans hégémonie. Les coups de mentons comme les attaques médiatiques ou sur les réseaux sociaux sont terribles car elles divisent et nous discréditent au moment où trop de personnes souffrent. Cela nous éloigne de l’essentiel ! Jean-Luc Mélenchon ne peux pas incarner cette union car il en est objectivement le fossoyeur.
Mardi soir, le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a fait voter un moratoire sur sa participation à la Nupes. Y étiez-vous ? Quel regard portez-vous sur cette décision ?
Bien entendu, j’étais présent comme je le suis à toutes les réunions de cette instance. Un premier pas a été franchi et je regrette que les conditions n’aient pas été réunies pour le vote, par toutes sensibilités, d’un texte commun. J’aurais préféré un pas plus important mais je suis respectueux des choix que nous faisons dans nos instances. Le moratoire voté est de fait une suspension des relations avec LFI. Et je note que nous sommes la seule formation de Gauche à suspendre notre implication dans l’intergroupe de la Nupes à l’Assemblée Nationale. Tout commence en fait ! Il faut désormais bâtir une nouvelle union de la gauche et j’en serai un des acteurs localement dans le Gard.
La présidente de l’Occitanie, Carole Delga, souhaitait que le parti aille plus loin en arrêtant toutes les actions avec LFI. Êtes-vous d’accord avec elle ? Avez-vous encore des exemples d’actions conduites avec LFI ?
Je connais parfaitement la position de Carole Delga car elle est claire et constante. Je crois qu’il faut, en effet, être ferme sur les valeurs sans rompre le dialogue avec les électeurs qui se sont reconnus dans LFI. Nous aurons besoin de toutes les énergies pour faire reculer le Rassemblement national en dénonçant ses mensonges et proposer des solutions concrètes pour répondre à toutes les urgences citoyennes. Des solutions qui d’ailleurs existent déjà à travers notamment les politiques publiques portées par la région Occitanie, mais également par le département du Gard et de nombreuses intercommunalités et communes pilotées par des femmes et des hommes de Gauche.
En Cévennes, Régis Bayle va créer les Cévennes en commun, un mouvement pour supporter Carole Delga. D’autres comités sont-ils destinés à voir le jour dans le Gard ?
Que des conseillers régionaux s’engagent pour défendre leur action et promouvoir leurs propositions, je ne vois rien d’anormal à cela. Que des citoyens qui se reconnaissent dans l’action de Carole Delga veuillent se réunir, je trouve cela très positif. Je ne sais néanmoins pas ce qui est prévu car cette action n’est pas menée par la Fédération socialiste du Gard.
Vous avez été élu récemment. Comment définiriez-vous vos premiers pas au sein de la fédération PS ?
À la sortie d’un congrès qui a été passionné car porteur de questions de fond, il est essentiel de créer de l’unité. Créer de l’unité par le respect demande beaucoup d’énergie et de convictions. Trop d’observateurs mal avisés pensent que la brutalité et l’arbitraire sont les meilleurs outils de la légitimité. Je combats cette idée funeste par les faits. Et sans jamais nier les sensibilités qui se sont toujours exprimées au sein du parti socialiste, il est toujours essentiel de rappeler que ce qui nous rassemble est bien plus important que ce qui nous distingue. Je travaille avec mon équipe à faire grandir notre parti comme l’ont fait tous ceux qui m’ont précédé dans cette fonction.
Vous avez émis le souhait de faire déménager la fédération en centre-ville. Une décision qui a fait polémique au sein des militants. Avez-vous trouvé un local ?
Je souhaite en effet que notre fédération déménage pour être plus visible pour les citoyens et pour réaliser des économies indispensables à l’équilibre financier de notre association. Nous n’avons pas encore trouvé le local de nos rêves mais nous y travaillons.
Enfin, votre secrétariat fédéral est-il complet ? Avez-vous trouvé votre secrétaire à la jeunesse ? Quels sont les prochains grands rendez-vous du PS du Gard ?
Le secrétariat fédéral est presque complet et j’attends la nouvelle structuration des jeunesses socialistes pour réitérer ma proposition que l’animatrice ou l’animateur qu’ils auront choisi(e) soit secrétaire fédéral à la jeunesse. J’en profite pour appeler de mes voeux que les mêmes questions soient posées à toutes les autres formations politiques dont on ne parle jamais de la vie interne. Le débat et les controverses existent ailleurs aussi ! En tout cas je l’espère car c’est aussi un indicateur de la démocratie interne et de sa respiration.