QUE SONT-ILS DEVENUS ? Annie Chapelier, sa vie après la députation
Élue députée En Marche en 2017, Annie Chapelier a fait le choix de ne pas se représenter aux dernières élections législatives. Désabusée par le Marcronisme et le système politique actuel, la Gardoise veut être utile autrement.
C’est dans sa maison, à Lasalle, que nous retrouvons Annie Chapelier. Un petit village d’un millier d’âmes niché dans les paisibles Cévennes : « Cet été, nous avons reçu une quinzaine de copains de ma fille ! La plupart sont des étudiants, des jeunes diplômés… Je peux vous dire que ça a débattu ! C’était génial », se réjouit celle qui, même si elle n’est plus députée, n’en reste pas moins intéressée par la vie publique.
Figure de la société civile, l’infirmière anesthésiste à l’hôpital de Nîmes a fait partie, en 2017, de ses nouveaux visages de la Macronie : « Ça a été une vaste arnaque (…) Je m’étais engagée à ne faire qu’un mandat. J’estime que si on veut faire quelque chose, cinq ans suffisent. Si on n’y arrive pas, c’est bien que la machine ne fonctionne pas… », justifie-t-elle. Son unique mandat aura toutefois été bien animé, entre sa démission de La République en marche (aujourd’hui Renaissance, NDLR) et la publication de son livre Le Parlement en toc (Éditions Nombre 7).
« Pour beaucoup de députés, le retour à la vie civile fut difficile »
Avec son franc-parler légendaire, Annie Chapelier est toujours aussi critique vis-à-vis du monde politique : « Pour beaucoup de députés, le retour à la vie civile fut difficile (…) Un long moment d’humiliation, de quémandes pour obtenir des choses qu’on leur avait promis, une mission bidon dans un ministère ou un emploi fictif mais bien entendu très correctement rémunéré… » Qu’en est-il d’elle ? « Certains comme moi, ont choisi de reprendre leur vie d’avant, en évoluant bien entendu (…) Anonyme j’étais quand j’étais députée, anonyme je suis encore plus maintenant que je ne le suis plus. »
Après les élections législatives l’an dernier, Annie Chapelier retourne travailler à l’hôpital : « Ça n’a fait ni chaud, ni froid à mes collègues. On n'acquiert pas de titre de noblesse en devenant députée (rires). On m’a seulement demandé si j’avais côtoyé quelques personnes célèbres… » Son expérience de parlementaire aura toutefois été « plus qu’enrichissante ». À 55 ans et après avoir fait deux tours du monde, Annie Chapelier décide d’ouvrir une nouvelle page de sa vie. Deux mois après avoir réintégré l’hôpital, elle réussi le concours de l’EHESP (Ecole des hautes études en santé publique) à Rennes.
Fonctionnaire détachée, elle se fixe l’objectif de diriger un petit hôpital ou un autre établissement public de santé, type EHPAD (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). « La direction d’un hôpital est un lieu où l’on peut faire quelque chose… », pense Annie Chapelier qui a fait deux stages auprès de l’hôpital d’Alès et de Pont-Saint-Esprit. Sa formation l’aura fait passer de la pratique à la théorie : « On a fait beaucoup de droit… J’ai appris que l’hôpital avait toujours un temps d’avance. Ce qui est mis en œuvre ici l’est ensuite dans la société comme, par exemple, les référents laïcité. »
Aujourd’hui, Annie Chapelier attend sagement les résultats des concours qu’elle a passés : « Mon avenir dépendra des résultats ». La Gardoise affirme ne pas avoir de plan de carrière bien défini : « Je suis prête à travailler à l’EPAD des Glycines ou même, repartir en outre-mer ». Un territoire comme Mayotte où elle a déjà œuvré pendant deux ans : « Je ne suis pas quelqu’un qui a des projets, je saisis les choses. J’ai quand même une cohérence de fond qui fait que je m’investis dans les choses que j’estime justes. »
Un attrait pour la politique locale
Engagée, Annie Chapelier avait tenté, en vain, de s’investir dans la vie locale. « Les municipales sont des lieux où l’on peut vraiment faire quelque chose. Je côtoie toujours des maires du Gard qui me parlent de leurs projets… » Reste que le franc-parler d’Annie Chapelier fait d’elle une personnalité assez clivante et peu adepte du compromis : « J’écoute beaucoup et j’évolue. Après, je pense qu’il faut des gens comme ça pour faire de la politique. Lorsque celle-ci ne répond plus à la société incarnée, il faut qu’elle se remette en question. La monarchie, c’est fini. » Hélas, peut-être pas pour tout le monde…