VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON Pascale Bories élue maire, l’opposition donne le ton
Elle aura attendu son heure un peu plus longtemps que prévu pour prendre la succession de Jean-Marc Roubaud dans le fauteuil de maire de Villeneuve.
Pascale Bories a donc pris la succession de celui qui était le premier magistrat de la cité cardinalice depuis vingt-cinq ans. Un Jean-Marc Roubaud qui a donc décidé de raccrocher après un quart de siècle de vie politique, et qui ce mercredi soir à la salle polyvalente des hauts de Villeneuve, disait passer la main à celle qui a été pendant seize ans sa première adjointe « avec beaucoup d’émotion », ainsi qu’avec « fierté. »
Avant de passer le relais à Pascale Bories, Jean-Marc Roubaud laissera d’abord le doyen de l’assemblée, Jacques Pastourel, procéder à la tenue de l’élection du maire. Pour la forme, Anne Daniel, cheffe de file de la liste « Sociale écologique et solidaire », présentera sa candidature en plus de celle de Pascale Bories. Quant à la liste « Union citoyenne de Villeneuve », elle refusera, par la voix de Florent Lemont, de prendre part au vote, « étant donné que le nom de la maire est d’ores et déjà écrit dans les documents (de la note de synthèse, ndlr), cela ne sert à rien de voter. »
Sans surprise, Pascale Bories sera élue maire par 27 voix contre 3. « Être maire, c’est le plus beau des mandats, celui de la proximité, du contact et de l’action », lancera ensuite la nouvelle maire, avant de préciser que c’était pour cette raison qu’elle n’avait « pas hésité un seul instant » à quitter le Sénat. Après le traditionnel remerciement aux électeurs, Pascale Bories en adressera d’autres à Jean-Marc Roubaud, « pour (son) action et la confiance (qu’il lui) a apportée. » Pascale Bories aura enfin un mot pour l’opposition : « la démocratie c’est le débat. Vous avez un rôle à jouer. » Elle sera prise au mot quelques minutes plus tard.
En attendant, les neuf adjoints seront élus, avec trois votes blancs et toujours sans les voix de la liste « Union citoyenne de Villeneuve ». Il s’agit, dans l’ordre, de Xavier Belleville, Aline Chevalier, François Zanirato, Nathalie Le Goff, Farès Orcet, Evelyne Clapot, Alain Sanciaume, Savine Demarquette Marchat et Jean-Pierre Bonifay.
L’opposition ne perd pas de temps
À peine installés, les nouveaux élus auront l’occasion de rentrer dans leur rôle d’emblée. Ainsi, le conseil sera amené à se prononcer sur la délégation à Mme le maire d’une partie des prérogatives du conseil municipal dans le cadre d’un décret pris comme une réponse à l’épidémie de covid-19. 27 compétences, et non des moindres, sont concernées, de quoi faire tiquer la nouvelle opposition, même si la délibération est révocable à tout moment.
Ainsi, Geneviève Lepage (Sociale écologique et solidaire), craindra que « le conseil municipal ne soit réduit à une simple chambre d’enregistrement » et que la délibération « ne favorise la mise en place d’un maire omnipotent. » Florent Lemont posera ensuite « la question de l’utilité du conseil municipal » dans ce cadre, avant de s’en prendre à Pascale Bories. « Pour vous déléguer un certain nombre de pouvoirs, encore faudrait-il que nous reconnaissions pleinement votre élection », lancera l’opposant, réclamant toujours le rapport de la Chambre régionale des comptes évoqué par la majorité sortante durant la campagne.
Pascale Bories répondra d’abord à Geneviève Lepage, en rappelant que le décret avait été pris par les autorités « car le conseil municipal est une organisation lourde pour les services » et que dans le contexte actuel, « il fallait permettre le fonctionnement en cas de difficulté d’organisation d’un conseil municipal ». Quant à Florent Lemont, la maire lui répondra que « la légitimité, ce n’est ni à vous ni à nous d’en décider mais à l’électeur », avant de lui rappeler qu’il n’a pas formulé de recours. La délibération sera votée avec 6 voix contre, celles de l’opposition.
Plus loin, majorité et opposition s’écharperont sur l’élection des représentants au centre communal d’action sociale ou sur la création d’un poste de directeur de cabinet, « un poste qui sert à peu près à rien », pour Florent Lemont. Idem sur la fixation des indemnités du maire et des conseillers avec délégation. Morgan Buisson (Sociale écologique et solidaire) et Florent Lemont calculeront que ces indemnités sont en augmentation, avant de regretter ladite augmentation.
Pascale Bories affirmera qu’au contraire, elle avait demandé « la réduction des enveloppes pour permettre aux conseillers de toucher davantage » et qu’elle ferait vérifier par les services municipaux si c’était bien le cas. « Si ce n’était pas le cas, nous délibérerions de nouveau », conclura-t-elle. L’opposition votera tout de même contre la délibération.
Thierry ALLARD