ALÈS Boucan, pour faire du bruit autour des violences sexuelles et sexistes
Créée à Alès en janvier, l'association Boucan a déjà lancé des actions à l'intention du public. Elle souhaite aussi participer à l'éducation des enfants sur la question du rapport aux autres, pour couper l'herbe sous le pied des préjugés à la source et du rapport de domination.
Elles ne sont pas très nombreuses pour l'instant, mais la petite musique qu'induit leur présence ne repose pas uniquement sur le nom de leur association. "C'est une concordance des temps, des parcours individuels qui font une préoccupation commune." Le tout dans un contexte particulier, que n'omet pas Lara, à la création de l'association. "Le contexte Metoo a ravivé la chose. Quand je suis arrivée à Alès il y a quinze ans, je n'avais pas trouvé de structure."
Au sein de la petite bande, "nous sommes toutes particulièrement intéressées au sujet de par notre boulot". Les six femmes à l'origine de la fondation de l'association (*) exercent des professions qui les rendent déjà sensibles au sujet, si elles ne l'avaient pas été naturellement, comme professeure des écoles ou éducatrice. "Notre action vise à une sensibilisation auprès du grand public par la voie culturelle", poursuit Lara.
Une voie déjà empruntée par l'association qui a présenté, entre le 8 mars (une date qui n'a rien d'innocent...) et le 14 mars, un festival au Cinéplanet. "On a construit un festival huit jours, huit films. Avec six cents personnes sur la durée du festival." L'occasion, pour les militantes, de "rencontrer de nouvelles personnes" et d'organiser une première réunion publique, le 18 avril. Le prochain "apéro-discute", ce sera ce mardi 6 juin, à 19h, à la cave Papilles au nez, 15 rue Balore, ouvert aussi aux hommes, évidemment. Toujours au cœur des actions culturelles, Boucan sera fortement présent lors du festival InCircus, du 15 au 17 juin.
L'association souhaite également porter une "action éducative en milieu scolaire", ou bien au sein des maisons de quartier et des associations, pour aider au développement des séances à la vie affective, relationnelle et sexuelle, que les enfants devraient normalement suivre à l'école, mais qui sont bien souvent mises sur le côté, faute de temps ou de préparation suffisante. "Une frange de la population ne bénéficie pas de l'éducation à laquelle elle a droit, constate Palamy, une autre membre. Or, toutes les études qui sortent depuis quelques semaines, sur les violences notamment, montrent qu'au niveau de la représentation que s'en fait la jeunesse, c'est assez alarmant. Là où se creusent les inégalités sociales, les écarts se creusent."
"Les hommes ne sont pas des monstres ni des malades. Ce sont nos pères, nos amis"
"Les écoles sont plutôt réceptives", constate Lara avec satisfaction. Mais il faut deux ans d'existence comme association avant de pouvoir travailler en collaboration avec l'Éducation nationale. En attendant, les membres - qui sont aussi en relation avec l'antenne alésienne du Planning familial - interviennent ou vont intervenir dans des structures comme le centre social Sésames, ou encore Raia. Elles souhaitent y développer des groupes de parole sur la santé des femmes et, toujours, sur la violence au sein des couples, ainsi que des ateliers artistiques.
"Les hommes ne sont pas des monstres, ni des malades, insistent Lara et Palamy. Ce sont nos pères, nos amis... Mais on parle d'enjeux systémiques, le patriarcat est pensé de manière globale et entretenu par la société." Et ce "rapport de domination" se retrouve dans cette statistique, glaçante, qui voit un enfant sur dix subir des violences sexuelles dans son enfance. Le chantier de l'association Boucan reste donc (très) vaste.
* Lara, Palamy, Valérie, Noémie, Myriam et Céline.