ALÈS Toujours endeuillée, la famille d'un soldat du feu bénéficie de la solidarité des sapeurs-pompiers
Cinq ans après le meurtre de Geoffroy Henry, attaqué au couteau par un schizophrène qu'il était en train de secourir, les sapeurs-pompiers du Gard, associés aux forces de l'ordre et aux élus du territoire, ont honoré la famille du défunt en lui remettant symboliquement un chèque.
Ce vendredi en fin d'après-midi, à Alès, la maison des sapeurs-pompiers du Gard, siège de l’Union départementale, a accueilli une cérémonie organisée en hommage à Geoffroy Henry, sapeur-pompier de Paris et pompier volontaire dans la Drôme, mortellement agressé au couteau le 4 septembre 2018 par un individu à qui il tentait pourtant de porter secours. Un évènement tragique ayant laissé des traces dans la profession et généré une certaine "appréhension" avant une intervention à risque.
En présence des autorités civiles et militaires locales, le lieutenant Richard Diguisto a été le premier à briser le silence en rappelant les "trois objectifs" principaux poursuivis par l'Union départementale des sapeurs-pompiers du Gard qu'il préside : "Promouvoir et valoriser les sapeurs-pompiers du Gard, enseigner les gestes de premiers secours à 1 500 personnes par an, et surtout aider les familles et les 1 600 orphelins de sapeurs-pompiers en France", parce qu'il en va de "la solidarité nationale".
"Le drame vécu il y a cinq ans illustre le risque encouru par ceux qui sont confrontés à la souffrance et à la misère", a déploré Dorian Jaffiol, président de Gevisi Système, un organisme de formation spécialisé dans la prévention de la violence et des comportements radicalisés. En moyenne, sept agressions se produiraient chaque jour en France contre un soldat du feu. Un fléau qui, aux yeux du lieutenant-colonel Éric Agrinier, "ne doit pas rester sans réponse".
C’est pourquoi, dans un "contexte sociétal compliqué", les sapeurs-pompiers du Gard honorent leur engagement en poursuivant leurs missions tout en s'efforçant de "réunir le maximum de sécurité". Puisque la violence est "potentiellement partout", le SDIS 30, toujours par la voix d'Éric Agrinier, dit avoir accentué "depuis quelques années" ses actions de prévention dans les quartiers prioritaires de la Politique de la Ville.
"On doit être capable de faire reculer cette violence"
Si l'uniforme ne dissuade plus les auteurs violents au point de voir croître le nombre d'agressions contre des agents dépositaires de l'autorité publique, les élus connaissent "des problématiques similaires" d'après Philippe Ribot. Pour illustrer son propos, le président de l'association des maires du Gard a listé plusieurs exemples de maires gardois agressés ces derniers mois. "Il faut regagner de l’autorité à tous les niveaux de la société. La sanction doit être là et doit être exemplaire", estime le dernier nommé.
"Il faut faire front, travailler de concert et penser que rien n’est définitivement perdu. On doit être capable de faire reculer cette violence", a martelé Olivier Martin, président de la communauté de communes de Cèze Cévennes, plus optimiste que Pierre Gonzalez, président de l'Observatoire citoyen de la protection civile, lequel considère que "le monde des sapeurs-pompiers est un monde cruel" et que les nouvelles générations de pompiers "ne connaîtront plus les mêmes joies" que leurs aînés.
Alors que plusieurs pompiers gardois "méritants" allaient recevoir une médaille honorifique, la maman et la sœur de Geoffroy Henry ont symboliquement reçu un chèque au bénéfice de l’Œuvre des pupilles orphelins des sapeurs-pompiers du Gard. En 2024, une nouvelle certification professionnelle pour former celles et ceux qui sont confrontés à des publics difficiles verra le jour. Parce qu'il n'est "pas mort pour rien", la première promotion portera le nom de Geoffroy Henry.