ALÈS Un piquet de grève du collectif des travailleurs sociaux du Gard devant l'IME Rochebelle
Au rejet de la réforme des retraites s'ajoute, pour les salariés du secteur médico-social, la demande de hausse de salaires, au-dela des 3 % accordés l'été dernier, et la prise en compte du Ségur de la santé pour tous les personnels. Syndiqués ou non, ils ont respecté un temps de grève ce vendredi, rejoints par d'autres salariés du secteur.
Près de 55 salariés, 73 enfants accueillis, un personnel médical vieillissant quand il n'est pas absent et un salaire qui n'est pas à la hauteur. Sur un tel constat, le Gouvernement a ajouté une réforme des retraites. C'en est trop pour les travailleurs du secteur médico-social, parmi les "héros" applaudis lors du confinement de 2020, mais qui se sentent maltraités depuis. Ce vendredi, c'est devant l'institut médico-éducatif (IME) de Rochebelle que les travailleurs de différents organismes ont rejoint ceux salariés par l'Unapei 30, pour un piquet de grève. Jeudi, c'était à Salindres, devant le foyer l'Oustalado, que le piquet s'était tenu. Les deux jours, des salariés de l'Esat Gardons, de Salindres, ont rejoint le mouvement.
Élu au conseil social et économique (CSE), Mickaël Diaz est également responsable de la CGT. "En plus de l'abandon de la réforme des retraite - parce qu'on nous prend bien pour des cons - nos revendications sont au nombre de cinq : revalorisation salariale, parce que 3 %, c'est du foutage de gueule, après un indice de point gelé pendant trente ans ; le Ségur pour tous, parce qu'un tiers des salariés a été écarté des 183 €, soit 200 000 mille personnes, comme des administratifs et des agents d'entretien, et on assiste aujourd'hui à un risque d'externalisation de tous ces métiers." Le collectif des travailleurs sociaux réclame aussi la réintégration des collègues suspendus, même s'ils sont conscients que les personnels concernés sont allés voir ailleurs depuis leur mise à l'écart pour refus de vaccin.
Les personnels souhaitent également marquer leur opposition à la nouvelle convention collective. "On est tous opposés à la manière dont elle nous est présentée, poursuit Mickaël Diaz. Elle est moins disante que ce qu'on avait avant." Syndiqués et non-syndiqués relèvent aussi un chantage, "le Ségur nous serait donné si on signe la partie sur la rémunération au mérite. Pour peu que votre visage ne revienne pas trop au chef de service..."
Leurs difficultés sont encore augmentées par la raréfaction du personnel médical, "infirmières, aide-soignantes, psychiatres, kiné, et même comptables, précise Franck Walther, du syndicat Sud, qui trouvent mieux dans le privé". Après vingt ans de travail, une salariée de l'Oustalado dit toucher 1 600 € net. "On est partis pour un long combat, reprend Mickaël Diaz à l'intention de ses collègues, il faut qu'on voie comment se coordonner sur les actions sans se flinguer financièrement." Car une grève, même perlée, pèse lourdement sur le budget d'un ménage qui réclame une hausse de salaire... "Il va falloir politiser la situation, parce que quand on voit qu'on a un problème de 15 milliards sur les retraites et qu'on donne 500 milliards à l'armée, ça relève d'un choix politique."