FAIT DU SOIR VIDÉO À la boulangerie EpiK, le talent des travailleurs surpasse le handicap
Il y a un peu plus d'un an, l'ESAT Véronique (Établissement et service d'aide par le travail), qui était à l'étroit, a déménagé de Bagnols-sur-Cèze pour s'installer quelques kilomètres plus loin, à Saint-Laurent-des-Arbres. L'établissement en a profité pour développer de nouvelles activités pour ses travailleurs en situation de handicap, notamment une boulangerie qui s'appelle EpiK.
Derrière ce sympathique nom, une équipe de 8 personnes en situation de handicap (6 en production et 2 à la vente) oeuvrent pour proposer de délicieux pains, viennoiseries, pâtisseries et sandwichs aux clients. Ils sont encadrés par Julien Hugon, boulanger-pâtissier de métier depuis 1999, qui apprécie beaucoup être à leur côté. C'est la première fois de sa carrière qu'il travaille en milieu social : "J'ai beaucoup appris toutes ces années. J'avais envie de transmettre mon savoir à ces personnes en situation de handicap. Il y a un véritable échange. C'est enrichissant, il faut beaucoup de patience par contre (rires). Mais tout se passe très bien."
L'ESAT Véronique en bref
L'ESAT Véronique compte parmi les trois ESAT gardois régis par l'Unapei 30. Il était historiquement installé à Bagnols-sur-Cèze et a été relocalisé à Saint-Laurent-des-Arbres en septembre 2021. Il fédère 74 travailleurs en situation de handicap qui oeuvrent dans divers secteurs d'activité et en milieu ordinaire, et une vingtaine de professionnels. Les travailleurs handicapés touchent une rémunération de l'Unapei et complètent leur revenu avec l'AAH (Allocation adulte handicapé).
L'ESAT Véronique est le seul dans le Gard à proposer cette activité de boulangerie. "C'était un défi. L'objectif est de proposer aux personnes en situation de handicap plein de métiers différents : espaces verts, conditionnement, entretien... On a aussi ouvert il y a un an une cafétéria juste à côté, qui est également accessible au public", indique Marie-Odile Goutelle, adjointe de direction de l'ESAT Véronique.
Un tremplin vers le milieu ordinaire
Cette nouvelle activité de boulangerie est valorisante pour ces travailleurs qui fabriquent eux-mêmes et gagnent en compétences. Cela peut même constituer un tremplin pour les travailleurs handicapés qui souhaitent basculer dans le milieu ordinaire.
La marque commerciale UniK
La boulangerie EpiK appartient à la marque commerciale UniK qui a été créée par deux associations : les Unapei 30 et 34. "L'objectif de cette marque commerciale est de rassembler les savoir-faire des 10 ESAT que regroupent ces deux associations. L'idée, c'est de mettre en valeur les talents des travailleurs et professionnels qui y oeuvrent, et non pas de parler d'eux qu'à travers le handicap" Le slogan de la marque est : "Des personnes UniK aux talents multiples".
C'est d'ailleurs le souhait de Fabien Passarotto, Bagnolais de 28 ans, qui travaille depuis sept ans à l'ESAT Véronique : "Ce nouveau métier me motive, me donne envie de faire ça à la maison pour la famille. Déjà jeune, je cuisinais avec mes parents et j'ai un CAP cuisinier. Là, ça m'apporte un autre "plus" pour le CV. J'aimerais bien pouvoir ensuite passer quelques années dans une boulangerie traditionnelle en milieu ordinaire. Ça me plairait bien finalement, il faut faire de tout dans la vie !"
Le réveil sonne à 2h30...
Toute l'équipe est très motivée malgré des horaires décalés. Ceux qui sont à la production se lèvent vers 2h30 du matin pour attaquer leur journée à 3h30. Tout le monde n'en est pas capable. "C'est fatigant parfois, mais l'avantage, c'est qu'on finit à 11h et qu'on a la journée pour se reposer", lance Laurent Pépin, 27 ans, qui a toujours été branché "métiers de bouche" et qui a récemment déménagé dans le Gard.
Derrière les vitrines, les clients pourront être servis par la pétillante Alexandra Meunier. Cette ancienne épileptique a été contrainte de quitter le cursus des études à cause de sa maladie. Elle est allée dans un centre à Tain-l'Hermitage pour apprendre à mieux appréhender les crises. Pour autant, elle n'a jamais renoncé à ce qu'elle aimait, être au contact des autres. Ce métier de vendeuse lui va comme un gant : "Avant j'étais serveuse à l'ESAT à Lapalud. Ça a fermé, mais quand on m'a proposé de venir ici en boulangerie, j'ai dit oui de suite."
"On montre que ce n'est pas parce qu'on a un handicap qu'on n'est pas capable de faire comme Monsieur et Madame Tout-le-monde"
Alexandra Meunier, 38 ans, vendeuse en boulangerie et ancienne épileptique
Elle est ravie de ce concept de boulangerie avec une équipe 100 % travailleurs handicapés : "On montre que ce n'est pas parce qu'on a un handicap qu'on n'est pas capable de faire comme Monsieur et Madame Tout-le-monde. On prouve qu'on est capable comme quiconque qu'on peut travailler et pourquoi pas aller en milieu ordinaire". Elle a toujours refusé qu'on lui pose des limites : "Dès qu'on m'interdisait, je répondais : "Pourquoi moi, je ne suis pas capable et toi oui ? Fais et on en rediscute"." De belles valeurs d'inclusion partagées par tous au sein de l'ESAT et de l'UNAPEI.
Qu'est-ce qu'il y a de bon à manger ?
À EpiK, les équipes ont imaginé une baguette unique à base de levain naturel. Il est liquide et à base de seigle, auquel on ajoute de la farine de sarrasin. Le levain permet au pain d'être mieux conservé et se digère mieux. Beaucoup de personnes intolérantes au gluten, de plus en plus de personnes le privilégient. En ce moment, il y a aussi des produits de Noël comme la pompe à l'huile, le pannetone, le stollen...
Si vous avez envie de goûter les bons produits d'UniK, rendez-vous dans la ZAC de Tésan, rue des Mourvèdres, à Saint-Laurent-des-Arbres.