PONT-SAINT-ESPRIT Contre la réforme des retraites, pour le Ségur pour tous, grève à l'IME La Barandonne
Alors que la Première ministre vient de recourir au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, les salariés de l'IME (Institut médico-éducatif) La Barandonne ont débrayé une partie de la journée. Ils ont aussi tenu un piquet de grève pour demander des moyens supplémentaires et le Ségur pour tous les personnels.
"On doit être entre 60 et 70 % de grévistes", estime Stéphane Vervacke, éducateur spécialisé à La Barandonne et membre du collectif "Travail social du Gard". Un piquet de grève s'est installé à midi à l'entrée de l'établissement spiripontain. Les salariés de l'IME prennent part au mouvement de contestation contre la réforme des retraites mais portent aussi d'autres revendications propres au secteur du social et du médico-social.
Dans une lettre adressée notamment à l'ADPEP 30 (Association départementale des pupilles de l'enseignement public), à laquelle l'IME La Barandonne est affilié, les salariés demandent des augmentations de salaire "qui permettent de suivre l'inflation et le coût de la vie", la prime de Partage de la valeur (PPV), des augmentations de moyens humains, des améliorations des conditions de travail... Ils veulent aussi que tous les salariés de l'IME touchent la prime Ségur qui s'élève à 183 € net par mois. Sur une petite cinquantaine de salariés, entre 15 et 20 d'entre eux n'en bénéficieraient pas.
"On est tous là pour eux alors pourquoi cette inégalité ?"
"Les exclus du Ségur sont les personnels administratifs, les services généraux, le directeur", indique Salem Bouzehrir, délégué syndical et conseiller départemental Sud Santé sociaux Gard-Lozère. Aux yeux des salariés, cette différence est "une injustice". "Tout le monde s'occupe des enfants à l'IME. Aussi bien la secrétaire qui est en contact avec eux et leurs parents que l'éducateur qui est sur le terrain ou la personne qui s'occupe de l'entretien. On est tous là pour eux alors pourquoi cette inégalité ?", interroge une salariée qui est exclue du Ségur.
Ludiwine Dupont, qui est secrétaire, elle non plus n'a pas cette prime : "Ça crée des écarts, c'est totalement injuste. On a presque l'impression que notre poste est un peu moins important", déplore-t-elle. Les salariés attendent un "soutien ferme et sans ambiguïté" de la part de l'ADPEP 30 et de la fédération des PEP à l'ensemble de leurs revendications pour avoir plus de poids dans le débat.
À l'IME La Barandonne, 57 enfants et jeunes déficients intellectuels, âgés entre 10 et 20 ans, sont pris en charge. Les salariés estiment qu'ils n'ont pas des moyens et une paie à la hauteur "de la charge mentale et de l'épuisement qu'engendre leur métier", soulève Aurélien Robert, professeur de sport à l'IME. Il ajoute : "Côté éducateurs, si on ne fait pas bien notre travail, ça peut avoir des répercussions sur les jeunes. On est là pour les aider à devenir grands, à trouver un travail, à être autonomes."
Soutien des syndicats
Alors au sein des effectifs, il y a la peur que certains abandonnent le navire à cause de cette réforme des retraites qui est "la goutte d'eau". "Le secteur médico-social est déjà assez sinistré, il y a beaucoup de burn-out, beaucoup de carrières hâchées chez les femmes notamment (les femmes représentent 80 % des effectifs de l'IME, NDLR). On va encore augmenter la précarité de deux ans", pointe Stéphane Vervacke, en parlant de l'âge de départ à la retraite repoussé à 64 ans avec la réforme. Lui et les autres signataires de la lettre voudraient plutôt un débat de fond sur le sens des métiers du médico-social, sur la fin de carrière, sur la reconnaissance de la pénibilité...
Plusieurs personnes présentes sur le piquet de grève ont signé une pétition destinée au directeur de l'établissement spiripontain. Plusieurs représentants syndicaux sont aussi venus apporter leur soutien, comme Marta Nicolas de Sud Éducation : "On constate un manque de places en IME et en ITEP (Institut thérapeutique éducatif et pédagogique, NDLR). Les enseignants se retrouvent à s'occuper d'enfants qui ont besoin d'une prise en charge alors qu'ils n'y sont pas formés. Ça engendre de la souffrance chez les élèves, les enseignants, les parents. Le combat du médico-social est lié au nôtre."