QUISSAC Contre leurs convocations, les agriculteurs maintiennent la pression
Alors que trois des leurs étaient convoqués par la gendarmerie, les agriculteurs du piémont et des Cévennes se sont mobilisés pour protester. La convocation étant reportée, près de 150 agriculteurs présents se sont détournés vers l'Intermarché local pour effectuer un tri des produits alimentaires étrangers dans les rayons. Leur action s'est poursuivie à l'Intermarché de Saint-Christol-lès-Alès.
"On ne casse rien. On prend et on met dans les caddies." La quinzaine d'agriculteurs qui pénètrent - pour la plupart masqués - dans les rayons du magasin Intermarché de Quissac se répète la consigne. Tandis que des chariots sont incendiés sur le parking, le tri des agriculteurs locaux passe surtout par le rayon frais et celui des bouteilles de vin.
Trois des leurs étaient convoqués à la gendarmerie de Quissac, ce lundi après-midi, pour avoir participé au déversement d'un camion de produits étrangers, lors de la mobilisation des agriclteurs, sur le rond point de la Nouvelle, à Vic-le-Fesq. Le rendez-vous est finalement remis à une date ultérieure. Mais, partis de Saint-Théodorit, les professionnels ont voulu mettre la pression. Renonçant à enflammer des branchages devant le poste de gendarmerie - des familles habitant aussi les lieux - ils se sont déportés vers l'Intermarché local afin d'y effectuer le tri dont ils ont pris l'habitude, depuis le début du mouvement, entre les productions françaises et celles étrangères, souvent développées à l'aide de produits phytosanitaires interdits en France.
"Nous avons démontré qu'il y avait des produits pas conformes, explique Frédéric Cavagna, exploitant à Tornac et responsable de la FDSEA (fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles). Une semaine avant le salon de l'agriculture, ce n'était pas le moment pour rallumer la flamme. la grande distribution semble ne pas prendre conscience du problème".
Pendant que les manifestants chargent des chariots de tomates, haricots verts du Maroc, ou encore un rayon d'échalottes, le gérant du magasin est pris à partie pour avoir voulu fermer la grille du magasin. "C'est délicat, lâche-t-il en aparté, tout en tentant d'observer ce qui se passe dans ses rayons. On est tributaires des centrales d'achat. Même si, ici, on joue le jeu avec les producteurs locaux et français." Dylan Terol montre, au passage, les rayons viticoles qui mettent en avant les productions du domaine de Cauviac, tout proche. "Mais trouvez-moi des producteurs de tomate en ce moment en France !", ajoute-t-il en pensant au tri fait dans son magasin. "On essaie de prôner la saisonnalité. Travailler des productions de saison, je l'entends. Mais la clientèle demande des tomates tous les jours..."
Dehors, un chariot rempli de productions agricoles étrangères est ajouté au brasier plastique. Le ton monte, aussi, entre les deux gendarmes et quelques agriculteurs. "Tu ne travailles pas bien, avec tout ce qui se fume à Quissac" ; "Ici, on ne fait de mal à personne, allez arrêter ceux qui s'en prennent aux autres." L'action s'arrête là pour les manfifestants, qui laissent arriver les pompiers sur le parking. Et partent en direction de l'Intermarché de Saint-Christol-lès-Alès, pour un tri similaire à celui effectué à Quissac.