SAINT-CHRISTOL-LEZ-ALÈS Élus et travailleurs handicapés font cause commune pour défendre l'Esat les Gardons
La fermeture programmée du site saint-christolen de l'Esat Les Gardons inquiète les élus locaux, lesquels ont manifesté ce vendredi matin aux côtés d'une partie des bénéficiaires en grève.
Depuis qu'il a décidé de médiatiser l'affaire en mai dernier (relire ici), Jean-Charles Bénézet a obtenu une première victoire. Alors que la fermeture du site du Rouret de l'Esat Les Gardons était initialement programmée au 3 septembre prochain, la direction de l'établissement rattaché à l'Unapei 30 a légèrement retardé son opération. "Le site va fermer le 22 décembre. Concrètement on sera en congés pendant une semaine et on attaquera le 3 janvier à Salindres", annonce Mickaël, travailleur en situation de handicap de l'unité saint-christolenne, lequel était en grève ce vendredi matin.
Près de la moitié des 39 travailleurs en situation de handicap a participé à l'inédite mobilisation du jour, comme plusieurs élus du conseil municipal de Saint-Christol-lez-Alès. Dans sa démarche de lutte qu'il qualifie de "transpartisane", le maire, Jean-Charles Bénézet, a même reçu le soutien des forces de Gauche du bassin alésien. Présente ce matin, la cellule locale du Parti communiste français envisageait la rédaction d'un communiqué de presse, tandis que plusieurs membres de l'Union locale de la CGT alésienne étaient au rendez-vous.
Et pour cause ! "Depuis ma rencontre du 16 mai avec le directeur, j'ai contacté pas mal de monde pour alerter sur cette situation ubuesque. J'ai notamment contacté le sous-préfet de l'arrondissement d'Alès pour lui demander s'il trouvait ça normal vis-à-vis de l'argent public", raconte l'édile saint-christolen. Le dernier nommé s'est également entretenu avec le président de l'Unapei 30 dont les explications n'ont pas vraiment été "convaincantes".
"Ils ne veulent pas entendre parler de fermeture. Ils préfèrent parler de "réorganisation". C'est vrai que c'est plus joli, mais dans les faits ça revient au même, on passerait de trois à deux sites", analyse de manière pragmatique l'élu, reprochant à la direction de l'Esat de "jouer la montre". Parmi les leaders de la grève du jour, Damien, "plus ancien ouvrier des espaces verts" du site du Rouret, exprimait clairement son inquiétude : "On va devoir aller à Salindres tous les jours. Ça va nous faire un temps de trajet plus long. Certains n'ont pas la capacité physique de se rendre là-bas."
Son comparse Mickaël, qui vit actuellement à un petit kilomètre de son lieu de travail, abonde dans le même sens : "J'ai commencé ma carrière au Valat. Quand je devais aller au travail là-bas tous les jours, je pétais un câble avec les bouchons !" Interrogé en mai dernier par nos soins sur les motivations de cette fermeture, le directeur de l'Esat Michel Fournier l'attribuait à "un choix stratégique" qui tient compte de l'emplacement de l'antenne saint-christolenne.
"Aujourd'hui on a énormément de déplacements à effectuer. Or à l'exception de la mairie de Saint-Christol, nos clients du site du Rouret sont tous sur d'autres lieux. À titre d'exemple, on a un client qui est plutôt situé entre Nîmes et l'Hérault. L'activité sera donc relocalisée sur le site de Saint-Chaptes", indiquait à l'époque le directeur. Mais l'argument "écologique" ne tient pas aux yeux de Damien : "On n'est pas dupes ! On sait que c'est uniquement pour des raisons économiques."
"Prêts à remettre ça"
Par son ancienneté, le dernier nommé se souvient d'un temps nous renvoyant au mitan des années 2010 où la fermeture du site saint-christolen était déjà une éventualité : "La construction d'un nouveau site réunissant l'unité de Saint-Chaptes et celle de Saint-Christol était envisagée." La réunion des trois sites en un seul et même lieu aurait également été évoquée à l'époque.
"Je ne suis pas contre la fermeture, mais pas dans ces conditions", renchérit l'ouvrier, qui regrette le manque de concertation. En milieu de matinée ce vendredi, une rencontre avec la direction était espérée par les grévistes. Une manifestation simultanée avait lieu sur le site salindrois du Valat en guise de soutien.
Absent ce vendredi, le député de la 5e circonscription du Gard, Michel Sala, a écrit un courrier qu'il a adressé à la présidente du Conseil départemental, au président de l'Unapei 30 et à l'Agence régionale de santé. Le dernier nommé a assuré les bénéficiaires de son soutien et prendra peut-être part à la prochaine manifestation puisque les travailleurs en situation de handicap se disent "prêts à remettre ça".