ALÈS Mieux parer les agressions avec l'École de self-défense et de francombat
Qu'elles soient physiques ou verbales, les agressions sont en hausse depuis la pandémie de Covid. Ce qui a le don de rebooster la fréquentation de l'École de self-défense et de francombat d'Alès, historiquement plantée au n°1 de la rue Jean-Mayodon depuis 1988.
C'est dans une salle fraichement rénovée que l'École de self-défense et de francombat d'Alès fera sa rentrée sportive le 5 septembre prochain. "On a repeint l'entiereté de la salle, on a redonné un coup de jeune aux portes et changé tous les tapis pour le confort de nos pratiquants", enclenche Vincent Salvat, jeune président de l'association qu'il fréquente depuis 13 ans. Occupée par les licenciés de l'école depuis 1988, la salle dont l'aspect est aujourd'hui "relativement moderne" avait bien besoin d'un petit lifting.
Il a intégralement été financé par l'école elle-même grâce à l'organisation de plusieurs soirées-spectacles au cours de l'année écoulée, générant ainsi "un peu de trésorerie". C'est dans cet environnement plus propice à ses apprentissages qu'une quarantaine de licenciés reprendra du service dans quelques jours. À moins que la fréquentation de l'école ne continue de croître, portée par un contexte social dégradé. "Apprendre à se défendre est essentiel et ce n’est pas l’actualité qui nous donnera tort", appuie Vincent Salvat.
Les chiffres du ministère de l'intérieur sont en effet sans appel : la quasi-totalité des indicateurs de la délinquance enregistrée sont en hausse en 2022 par rapport à l’année précédente. À titre d'exemple, le nombre de victimes de coups et blessures volontaires (sur personnes de 15 ans ou plus) en 2022 indiquait une hausse de 15 % par rapport à l'année précédente, au cours de laquelle une augmentation de l'ordre de 12 % avait déjà été enregistrée en comparaison à l'année 2020.
"Sans préparation, il est difficile de faire face à ces agressions, qu’elles soient physiques ou verbales. Les gens commencent à prendre conscience qu'on ne peut pas compter sur les autres. C'est assez rare qu'une tierce personne vienne nous porter secours quand on est en difficulté. C’est pourquoi notre club propose à ses membres d’apprendre à se défendre par l’apprentissage de techniques simples", résume le président de l'association. Et d'ajouter : "Notre devise c'est 'battre et pas combattre'. On n'est pas des boxeurs, donc si on doit arriver à une phase de confrontation physique, le but c'est de mettre hors d'état de nuire l'adversaire par des frappes sur des parties sensibles et à des points stratégiques, tout en respectant la proportionnalité."
L'efficacité à tout prix
Et ce quel que soit le gabarit de ce dernier ! "Quoi qu'il arrivera il tombera", assure Vincent Salvat, prédisant l'infaillibilité des techniques qu'il enseigne. En guise d'exemple, le jour de notre venue, le dernier nommé nous enseigne une technique imparable de dégagement faisant suite à une saisie de poignet. En un éclair, sans que l'on ait le temps de comprendre comment, l'étreinte se desserre et le poignet du professeur nous échappe. "L'idée c'est de tendre la main le plus possible, rapprocher son bras le plus possible et tourner sur soi-même pour se dégager. Sans forcer, la personne finit par lâcher votre poignet parce que c'est purement mécanique", explique le président après en avoir fait la démonstration. Et d'enfoncer : "On ne cherche pas quelque chose de beau, on cherche l'efficacité à tout prix !"
À l'école alésienne de self-défense, les adhérents apprennent avant tout à anticiper les situations d'agression pour mieux les éviter. Certains cours sont consacrés à la gestion du stress et de la peur afin de ne pas se retrouver paralysé lorsque survient une situation conflictuelle. En toutes circonstances, l'adaptabilité reste le maître mot. "Si je fais face à quelqu'un qui fait du kick-boxing, je vais m'aider de l'environnement qui m'entoure. S'il y a un escalier à proximité, je vais faire en sorte de le mettre dos à l'escalier. En cas de luminosité importante avec un fort soleil, on se débrouille pour que ça soit lui qui soit ébloui", développe le professeur dans l'optique d'imager sa pratique.
"Frapper, c'est vraiment le dernier recours"
Dans les locaux de l'école alésienne, chaque entraînement débute par un échauffement, suivi par des exercices de mise en situation concrète. "On pousse le réalisme en faisant monter le cardio du pratiquant par de l'exercice physique afin qu'il se retrouve dans le même état que lors d'une situation stressante", glisse Vincent Salvat. La "distance d'esquive", celle au cours de laquelle le pratiquant de self-défense tente de désamorcer un conflit par la discussion, est enseignée. "On travaille aussi la distance d'attaque qui est celle qu'on essaie d'éviter. Si l'on s'y retrouve, on prend alors l'initiative du combat car généralement, c'est le premier qui frappe qui gagne", sourit le président de l'association.
"Frapper quelqu'un, c'est vraiment le dernier recours", rebondit toutefois le dernier nommé. "Il ne faut jamais perdre de vue le fait qu'il peut se faire très mal en tombant", rajoute-t-il fort justement. Et d'étayer davantage encore : "Quand on frappe, c'est pour mettre directement un terme au combat. Si son intégrité physique est menacée, il faut prendre l'initiative du combat." Des enfants âgés de 6 ans, des sexagénaires, "des maigres et des gros", mais aussi des personnes en situation de handicap, le public accueilli par l'École de self-défense et de francombat se veut très large.
Nombreux seraient les retours "très positifs" de licenciés ayant des exemples concrets des bénéfices de leurs cours sur leur vie quotidienne à communiquer. "Certains nous ont rapporté des situations d'agression où ils en sont sortis indemnes. Il m'est moi-même arrivé d'intervenir pour désamorcer un conflit entre deux automobilistes virulents. Sans me mettre en danger, mais avec le volonté de ne pas rester passif", commente Vincent Salvat.
Fermée pendant la pandémie, la section dédiée aux enfants a repris du service la saison dernière. Et elle a connu un franc succès ! "Il y a beaucoup de harcèlement à l'école. Les enfants ne sont pas armés pour gérer ça, alors on leur apprend des techniques de dégagement", précise le jeune président. Ainsi, Vincent Salvat estime que la discipline, tout au moins quelques bases, devrait être enseignée à l'école dès le plus jeune âge : "C'est un manque à l'heure où on a une société de plus en plus tendue."
En plus des cours déjà réservés aux adultes auxquels elles sont évidemment conviées, les femmes pourront désormais s'essayer aux techniques de self-défense lors d'une nouvelle session leur étant spécialement consacrée. Une nouveauté que le professeur n'a aucun mal à justifier : "Ça peut faire sauter le frein qu'elles pouvaient avoir à l'idée de s'inscrire dans un sport de combat. C'est une bonne entrée en matière avant de basculer vers des cours mixtes plus généraux." Le 5 septembre prochain, pour la rentrée, elles auront tout le loisir de se laisser tenter : les deux premiers cours d'essai sont gratuits !
L'École de self-défense et de francombat d'Alès, 1 rue Jean-Mayodon. Infos et renseignements au 06.40.39.49.40. Les cours pour les enfants (à partir de 6 ans) ont lieu les mardis et vendredis de 18h à 19h, ceux pour les adultes les mêmes jours, de 19h à 20h30. La section féminine se réunira quant à elle chaque samedi de 10h à 11h30. Le prix d'un abonnement annuel comprenant la licence fédérale est fixé à 190 € pour les adultes, 140 € pour les enfants.