FAIT DU JOUR Plein soleil pour une Étoile de Bessèges de plus en plus scintillante
Le grand départ de la 53e Étoile de Bessèges sera donné ce mercredi 1er février de Bellegarde à 12h50 tapantes. 140 coureurs prennent part à cette première épreuve par étapes du calendrier cycliste européen que les Gardois aiment suivre sur le bord des routes du département ou devant leur écran grâce à la diffusion de la chaîne L'Équipe. Qui succèdera à Benjamin Thomas ?
Les mois de préparation des bénévoles de l'Union cycliste bességeoise se concrétiseront ce mercredi 1er février lorsque les 140 coureurs du peloton de la 53e Étoile de Bessèges s'élanceront de Bellegarde en direction de Manduel puis de Redessan, pour une boucle de 161 kilomètres empruntant des portions de la Petite Camargue. Dans quelques heures, l'attente de Claudine Fangille et sa bande prendra fin avec cette étape d'ouverture presque devenue rituelle.
Il fallait être un champion du monde pour braver le mistral et s'adjuger la première étape en costaud en larguant les sprinteurs dans la bosse finale. C'est ce qu'avait réussi à faire le Danois Mads Pedersen l'an dernier. Mais gagner à Bellegarde le mercredi ne garantit pas la victoire finale au général le dimanche et, comme le Français Christophe Laporte en 2021, le coureur de la Trek-Segafredo n'avait pas pu conserver son maillot de leader.
Car depuis l'an dernier, et ça se vérifiera encore cette année, la mythique épreuve gardoise fondée par Roland Fangille a pris un tournant plus montagneux. C'est ainsi que le très sélectif Mont Bouquet, qui a tant fait mal aux pattes des coureurs l'an dernier, est de nouveau au menu de cette 53e édition alors qu'il avait vocation à n'être programmé par les organisateurs qu'un an sur deux.
"Pour moi ça sera encore le juge de paix", annonce Julien Mauras, bénévole depuis 6 ans sur l'Étoile. Originaire de Saint-Hilaire-de-Brethmas, le jeune homme (27 ans) fait partie des 80 petites mains de l'épreuve qui se parent de la fameuse doudoune bleue pendant une semaine. "À la base, j'étais plus foot que vélo. Mais mon père était bénévole de l'épreuve. Un jour, il m'a amené sur une étape près d'Alès. Je me suis pris à fond dans le vélo et j'ai même démarré le cyclisme en compétition", se remémore Julien.
Depuis, il n'y a jamais dérogé, et son employeur a fini par s'y habituer : chaque année, la première semaine de février est synonyme de congés pour le Saint-Hilairois. "Comme beaucoup, je me suis pris au jeu. C'est un moment de retrouvailles avec mon père. Pendant quelques jours, on partage la même passion. C'est vraiment cool !", commente celui qui, depuis trois ans, est aussi ardoisier sur l'épreuve. "Je suis sur la moto et j'annonce les écarts aux coureurs", se réjouit Julien Mauras.
Des coureurs dont la disponibilité est très appréciée et fait le sel d'une course internationale par étapes qui n'a rien perdu de son authenticité d'antan. "Médiatiquement, depuis quelques années, l'épreuve a pris une certaine envergure. Mais il y a toujours cette proximité avec les coureurs. Ce sont souvent les mêmes qui reviennent après avoir apprécié la mentalité et la bonne humeur qui règnent sur la course. On ne retrouve pas une telle proximité sur de grosses épreuves où, inévitablement il y a des mesures de sécurité plus importantes, comme sur le Tour de France", analyse Julien Mauras.
Est-ce la raison pour laquelle l'armada Ineos Grenadiers est fidèle à l'Étoile pour la troisième année consécutive après sa découverte en 2021 ? À l'époque, le "Tour du Gard" avait bénéficié de l'incertitude de la situation internationale relative à la pandémie de coronavirus et l'annulation de plusieurs courses majeures pour se constituer un plateau gargantuesque. Depuis, "beaucoup d'équipes World Tour (le plus haut niveau, NDLR) nous demandent de rentrer dans l'épreuve mais on est obligés d'en refuser chaque année", assure Claudine Fangille, aux manettes de l'organisation avec Patrick Herse.
Ces derniers se sont notamment engagés à conserver un minimum de 50 % d'équipes de seconde division, à l'image du team Bingoal dont les coureurs, logés à l'hôtel Campanile d'Alès, ont reconnu le contre-la-montre final de l'Ermitage (dimanche 5 février) ce mardi matin. Alors que le vent sera à n'en pas douter "l'adversaire des coureurs" ce mercredi, l'étape du lendemain, inédite entre Bagard et Aubais, ressemble "comme deux gouttes d'eau" à celle de Rousson l'an dernier, de l'aveu de Claudine Fangille.
À mi-parcours, vendredi, la traditionnelle boucle Bessèges-Bessèges, bien que légèrement revisitée, comportera toujours ses historiques ingrédients majeurs que sont les ascensions du Trélys et des Brousses. L'Occitan Benjamin Thomas se verrait bien reproduire l'exploit d'un succès en solitaire qui lui avait ouvert la voie vers la victoire finale, puisque le pistard, spécialiste du contre-la-montre, avait conservé son maillot de leader jusqu'au bout.
Emmené par le Gardois Alexandre Delettre, meilleur grimpeur en 2021, le leader de la Cofidis remet son titre en jeu. "C'est un grand champion ! Il a les moyens de le conserver", juge Julien Mauras. Comme à son habitude, l'ardoisier de l'Étoile prendra part chaque jour au "jeu des pronostics" organisé de manière informelle au début des étapes sur le stand des bénévoles.
S'il avoue n'avoir "pas encore eu le temps" de se pencher sur le sujet, le Saint-Hilairois est suffisamment informé pour savoir qu'il faudra compter avec l'équipe AG2R. "Ils sont venus costauds avec Oliver Naesen, Van Avermaet et Benoit Cosnefroy (le dernier nommé a remporté l'Étoile en 2020, NDLR)", prévient le Saint-Hilairois. Mais un tout autre scénario s'écrit déjà dans la tête de Julien Mauras : "Pourquoi pas un exploit de Thibaut Pinot au Mont Bouquet en gagnant avec un petit écart qui lui permettrait de résister le lendemain sur le contre-la-montre. Pour sa dernière saison professionnelle, ça serait beau !"
Il y a fort à parier que bon nombre de Gardois se réjouiraient d'un tel dénouement faisant du Franc-Comtois un joli vainqueur de l'Étoile. Capable du meilleur comme du pire, le grimpeur de la FDJ a au moins l'assurance de rentabiliser son séjour dans le Gard par un grand bain de soleil puisque, une fois n'est pas coutume, la météo s'annonce clémente toute la semaine avec les coureurs.
L'Étoile de Bessèges en chiffres
53e édition, 140 coureurs au départ, 110 bénévoles, 75 journalistes mobilisés et 5 étapes diffusées sur la chaîne L'Équipe.