Publié il y a 1 an - Mise à jour le 19.01.2023 - Corentin Migoule - 5 min  - vu 1393 fois

FAIT DU SOIR Brahim Mahamat, attaquant de l'OAC : "Quand ton coach croit en toi, ça change tout !"

Mahamat

Brahim Mahamat a déjà scoré à cinq reprises avec Alès. (photo Corentin Migoule)

Arrivé à l'Olympique d'Alès en Cévennes (N2) l'été dernier en provenance de l'Aviron Bayonnais (N3), l'international tchadien de 27 ans (1m84, 72 kg) a réalisé un début de saison discret - à son image -, prenant le temps de s'acclimater. Dernièrement, Brahim Mahamat monte en puissance et s'est même hissé en tête du classement des buteurs du club avec cinq réalisations en championnat, dont trois sur les deux derniers matchs.

Il a longtemps hésité à accepter cette interview, la refusant à plusieurs reprises pour "rester focus" sur sa saison. "Pour l’instant je n’ai rien fait. J’ai tout à prouver. Le chemin est encore long !", clame-t-il. D'un naturel discret, l'attaquant franco-tchadien a finalement accepté en préférant la voie écrite au format vidéo. "Je ferai une interview vidéo avec vous en fin de saison quand j'aurai mis un triplé", glisse l'attaquant avec le sourire jusqu'aux oreilles. 

De quoi en révéler davantage sur la mentalité d'un joueur aussi timide qu'attachant, qui nous a fait le plaisir de nous recevoir dans l'intimité de la maison qu'il occupe avec sa femme et ses deux enfants depuis six mois, près d'Alès. Interview du meilleur buteur oacien de l'exercice en cours.

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Brahim Mahamat a déjà scoré à cinq reprises avec Alès. (photo Corentin Migoule)

Objectif Gard : Né au Tchad en 1995, tu débarques en France en 2014 à l'aube de tes 20 ans. Raconte-nous ce parcours atypique !

Brahim Mahamat : J’ai commencé le foot tout jeune dans le quartier avec les amis. Au pays, je m’intéressais plus au foot qu’à l’école. Mais au Tchad c’est compliqué de percer dans le football. Mon père a compris ça un peu tard. Puis on a trouvé un accord pour qu’il me laisse tenter ma chance en France. J’ai rejoint de la famille à Tours. J’ai commencé à jouer en PH (l'actuelle R3, 8e échelon du football français, NDLR). Je suis parti de très loin ! J’avais un visa très court, donc je n’ai pu faire qu’un match et j’ai dû rentrer au pays. Puis je suis revenu en 2016 après l’obtention d'un nouveau visa. 

La saison dernière, tu as empilé les buts avec l'Aviron Bayonnais en N3. C'est comme ça que tu as tapé dans l'œil de l'OAC...

C'est ma meilleure saison. J'ai mis 19 buts en 22 matchs de championnat. J'en ai raté quelques-uns car j’ai fait trois ou quatre matchs avec la sélection tchadienne. Et après j'ai signé à l'OAC car le projet "Cap 2024" m'a beaucoup plu, même si j'ai adoré la vie à Bayonne.

Même s'il se développe, l'OAC a la réputation d'un club familial. C'est le cas ?

Oui, très familial ! C’est ce que j’ai ressenti dès mon arrivée. Après il y a toujours un temps d’adaptation quand tu signes dans un nouveau club. Ça ne s’est pas fait tout de suite, mais là on commence à voir que ça va bien.

"L’équipe est bien plus importante que mes objectifs personnels"

On évoque souvent l'écart de niveau entre N3 et N2. Tu le perçois vraiment ?

On voit vraiment la différence ! Il y a moins d’espaces pour l’attaquant, les défenseurs sont très collants (rires). Et l’intensité est beaucoup plus élevée. 

Tu viens de marquer trois buts en deux matchs. C'est déjà ton 5e de la saison en dix titularisations en championnat. Es-tu arrivé en Cévennes en te fixant un nombre de buts à atteindre ?

Bien sûr ! C’est ma première saison en N2. Pour un attaquant, tu es obligé de te mettre des objectifs pour repousser tes limites. Je vais essayer d’aider l’équipe au maximum. Pour l’instant l’équipe est bien plus importante que mes objectifs personnels. Et je dévoilerai mon objectif en fin de saison pour ne pas me porter la poisse (sourire).

Tu as découvert Pibarot ce samedi en scorant face au FC Sète. Quelles ont été tes sensations dans ce stade ?  

C'est vrai que je commençais à me dire "j’ai signé à Alès mais au final je ne joue jamais à Alès (rires) !" À Uzès, ce n’était pas facile. Mais ce n’est pas une excuse. Je suis content d’avoir retrouvé Pibarot avec un public magnifique. Je me suis senti à l’aise.

Brahim Mahamat
L'été dernier, Mahamat a signé pour une saison avec l'OAC. (photo Corentin Migoule)

Depuis son arrivée mi-novembre, tu fais partie du onze du coach Hakim Malek. Il t'aligne dans le couloir droit de l'attaque. C'est la position dans laquelle tu te sens le mieux ? 

Ailier droit, j’ai déjà joué à ce poste dans le passé. Au pays, mon club me faisait jouer comme ça. Arrivé en France, mon premier coach m'a mis seul dans l’axe pour profiter de ma vitesse. J'aime prendre la profondeur, c'est ma principale qualité. À Tours, j’ai commencé ailier gauche et j'ai fini dans l'axe. Donc je sais jouer à tous les postes de l’attaque. Je n’ai pas de préférence. Je m’adapte au choix du coach. Même si je commence à droite, sur le terrain tu peux me voir dans l’axe ou sur le côté opposé. Je bouge beaucoup.

Cette liberté de mouvement, c'est la patte "Malek" ? 

Il est arrivé avec une autre philosophie. On l’a tous ressenti ! Il nous a apporté plus de calme, plus de confiance et plus de communication. On joue tous plus libérés, plus sereins. Le coach nous laisse une liberté totale. Il nous demande d’être créatifs, de faire ce qu’on sait faire. Quand un coach croit en toi, dans le football ça change tout.

As-tu eu une conversation privée avec le nouvel entraîneur à son arrivée ?

Avant qu'il arrive, j’étais sur le banc. Je ne jouais plus. Je fais une rentrée contre Saint-Priest et je fais perdre l’équipe après une mauvaise passe au milieu du terrain (défaite de l'OAC, 0-1, NDLR). Le coach était dans les tribunes ce soir-là en train de nous superviser (Il n'avait pas encore était officialisé, NDLR). Quelques jours après, quand il s’est présenté au groupe, il m’a dit mes quatre vérités. Il m’a aussi dit qu'il fallait oublier cette action et qu’on repartait de zéro. J'ai beaucoup apprécié. C’est parti de là ! 

"Ça ne peut que tirer le groupe vers le haut"

Les derniers résultats positifs vous ont-ils donné confiance pour la suite ?

Non, je ne dirai pas ça. Ce n’est pas parce qu’on a gagné deux matchs qu’on est au sommet. On prend chaque match comme il vient en essayant de bien travailler la semaine. Des matchs, on va sûrement en perdre. Mais on a un objectif bien fixé et on va y arriver. Il n’y a pas le choix ! En début de saison, on n’arrivait pas à mettre nos qualités individuelles au service du collectif. Aujourd’hui, c’est les mêmes joueurs mais on arrive à faire des performances collectives.

En tant qu’attaquant, que signifie pour toi un "bon match" sur le plan individuel ? Autrement dit, faut-il nécessairement que tu marques dans un match pour qu’il soit considéré comme "bon" ?

Faire un bon match pour moi, c’est le gagner ! Tu peux être catastrophique pendant tout le match et mettre un but qui fait gagner l’équipe. Parfois tu peux être le meilleur du match mais sans forcément mettre un but ni faire une passe décisive et ton équipe perd le match. En tout cas je préfère gagner et ne pas avoir marqué que l’inverse.

Dernièrement, le club affiche son intention de se renforcer dans le secteur offensif. Celui dans lequel tu évolues. Ça te perturbe ou tu vis ça tout à fait sereinement ?

Quand un club veut renforcer, c’est pour mettre plus de concurrence. Ça va nous obliger à travailler plus dur à l’entraînement pour gagner notre place. Ça ne peut que tirer le groupe vers le haut, donc ça ne me dérange pas du tout.

Corentin Migoule

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