ÉDITORIAL Denis Bouad, cette diva de la politique gardoise
Denis Bouad nous ferait-il une petite crise existentielle ? Lundi, l’ex-président du conseil départemental a menacé ses camarades de ne pas se présenter aux élections de juin ! Quelle mouche l'a piqué ? Selon ses proches, Denis Bouad souffrirait d'un « manque de considération. » Si c'est pas malheureux... Élu sénateur en septembre, le sexagénaire se sentirait exclu de la politique de la nouvelle présidente du Département, Françoise Laurent-Perrigot. Il se penserait aussi mis à l’écart de la stratégie du Parti socialiste pour les élections départementales, notamment dans les accords avec les partenaires de Gauche. Que Denis Bouad se rassure, à quatre mois des élections la campagne n'a même pas commencé. Et puis, il le sait, la Gauche ne peut pas se passer de ses talents. Du moins, pour l’instant. Figure locale, l'élu séduit au-delà des partis. En 2004, sur le canton d’Uzès, alors maire PS de Blauzac, il avait déboulonné le maire uzétien, Jean-Luc Chapon. Une victoire historique. La recette de son succès ? Sa bonhomie légendaire, son empathie parfois exagérée et un pragmatisme foulant au pied la doxa socialiste. Toutes ses qualités lui ont permis de se bâtir une solide carrière politique. Au Département, Denis Bouad a démontré ses capacités de gestionnaire, en redressant les finances du bailleur social Habitat du Gard. En 2015, il s’est carrément attaqué à celles de la collectivité en sa nouvelle qualité de président. Habile, l’élu a fait de sa majorité relative une force, quitte à faire croire que certaines décisions, difficiles à prendre pour un élu de Gauche, lui avaient été soufflées par ses opposants de Droite, Laurent Burgoa et Thierry Procida ! Il faillait oser… Toutefois, Denis Bouad n'en reste pas moins un homme de Gauche. Si aujourd’hui, l’ambition de Françoise Laurent-Perrigot manque de visibilité, on se souvient très bien de celle de Denis Bouad. Un président capable de tailler dans les dépenses, tout en permettant aux collégiens du quartier populaire nîmois de Valdegour d’aller étudier dans les établissements plus favorisés. Quelle plus belles valeurs de Gauche que la jeunesse et la mixité ? Alors oui, aux dernières élections sénatoriales, la diva Denis Bouad a encore frappé… Piquant au dernier moment l’investiture socialiste à son rival Alexandre Pissas, l’édile a mis la pagaille, offrant un deuxième siège de sénateur à la Droite. Dommage… Après tout, l’ego est peut-être le prix à payer. Reste au parti socialiste du Gard à chérir un peu mieux ses starlettes !
Coralie Mollaret