FAIT DU JOUR Les hommes de l’ombre de la feria
Ils s’appellent Mouss, Michel, Abdel ou encore Viviane… Inconnus du grand public, ces bénévoles ou salariés privés qui oeuvrent dans l'ombre sont indispensables pour une fête réussie.
On connaît déjà les forces de l'ordre, composés de la police municipale, de son homologue nationale ainsi que des militaires. Il y a aussi ces hommes et ces femmes qui se donnent sans compter pendant cinq jours de fête et travaillent durant que les autres s'amusent. Certains visages ou silhouettes vous seront familières, comme ces jeunes gens plantés près des barrières jaunes anti-attentat.
« Moi je travaille ici depuis 8 ans », explique Abdel, 33 ans, posté au barrage de la rue de la République. Employé par la société de sécurité Sud sécurité privée, les 250 agents travaillent et se relèvent de « 10 heures à 3 heures du matin. » Une présence qui « permet de sécuriser les abords des barrières et permet de dissuader les bagarres. »
Un Océan de propreté dans les arènes
Au centre névralgique de la feria : les arènes. D’autres salariés privés se mettent au travail dès 1h30 du matin. « Nous sommes une dizaine d’agents à nettoyer la piste et les gradins après les corridas », relève Mouss, chef d’équipe.
Lampe sur le front, pour les salariés de la société nîmoise Océan le rythme est soutenu : « On fait entre 6 et 7 km par soir pour nettoyer les arènes. On commence par le haut des gradins avec un souffleur. On lave les couloirs et ensuite on s’attaque à la piste où subsistent encore les tâches de sang des toros qui ont combattu. »
La Croix-Rouge veille au grain
Il y en a d'autres, des bénévoles ceux-là, qui se donnent corps et âme. Basés sur l’esplanade, près de l’église Saint-Paul et au Square des Antonin, 90 bénévoles de la Croix-Rouge (dont certains sont originaires de Monaco ou d’Andorre) portent secours aux festaïres qui ont un peu trop abusé de l’alcool ou se sont blessés au cours d’une bagarre.
« La plupart du temps, les gens viennent à notre rencontre sinon nous nous déplaçons vers la victime », explique Viviane, l’une des responsables. « Cette année, pour la première fois, nous utilisons un système de géolocalisation pour permettre à nos bénévoles en intervention de savoir où ils sont et d’identifier précisément les interventions », complète Arnaud, un autre responsable.
Éthylotests et préservatifs !
Engagée depuis 18 ans dans le secteur humanitaire, Viviane est agent immobilier de profession. Son camarade, Arnaud, est ingénieur dans le nucléaire et a adhéré à la Croix-Rouge il y a 23 ans. Des profils différents mais un but commun : s’engager au service des autres.
À quelques pas du poste de la Croix-Rouge, on retrouve le stand de la prévention et des risques routiers, situé des deux côtés de l’Écusson. Les festaïres peuvent y trouver des éthylotests pour mesurer leur degré d’alcool dans le sang. Utile lorsque l’on compte reprendre le volant… « La limite autorisée du taux d'alcool dans le sang est de 0,5 g/L. Pour les jeunes conducteurs, le taux d'alcoolémie légal est de 0,2 g/L », rappelle Michel, bénévole depuis 2014.
À noter que le stand propose également des préservatifs… « On ne sait jamais », poursuit le quinquagénaire qui a remarqué « une remontée en flèche du Sida. » Et de conclure en expliquant simplement les raisons qui le pousse à s’investir les soirs de fête : « Je pense que lorsque l’on a 20 ans, on a autre chose à faire que mourir ! » Comment ne pas lui donner raison.
CM
coralie.mollaret@objectifgard.com