GARD Roland Canayer, président du Smeg : "Notre compétence est d’encourager les économies d’énergies"
Président du Smeg (Syndicat mixte d’électricité du Gard) depuis 2008, désormais appelé Territoire d’énergie Gard-Smeg, Roland Canayer fait le point sur les compétences et les missions de ce syndicat. Celui qui porte aussi la casquette de maire de Molières-Cavaillac évoque également les enjeux en termes d’économies d’énergies dans les prochaines années.
Objectif Gard : Pouvez-vous rappeler ce qu’est le Smeg, le Syndicat mixte d’électricité du Gard ?
Roland Canayer : Ce syndicat a été créé en 1994 pour regrouper les communes et les syndicats primaires afin d'organiser le service public de l'électricité. Petit à petit, beaucoup de communes ont adhéré et transféré la compétence électricité pour une meilleure gestion du fonds Facé (Fonds d'amortissement des charges d'électrification). Pour garder une proximité avec les différents territoires gardois, on a créé des secteurs d'énergie sous la responsabilité directe de vice-présidents issus de ces territoires. Le Smeg regroupe désormais les 351 communes du département dont les grandes communes urbaines comme Nîmes, Uzès et Bagnols.
Concrètement, quel est le rôle du Smeg au quotidien ?
Nous sommes liés par un cahier des charges de concession avec Enedis. Le principe de la concession c’est comme une délégation de service public. Les réseaux appartiennent aux communes qui nous délèguent la maîtrise d’ouvrage et on a confié pour 30 ans la gestion et l'exploitation de ces réseaux à Enedis. Une de nos principales compétences consiste à renforcer, sécuriser et enfouir le réseau électrique afin de garantir la meilleure qualité du réseau. Un vaste chantier qui n’est pas encore terminé. Sur le département, entre le rural et l’urbain, il reste 320 km de réseau fils nus à résorber. Par rapport au volume – l’objectif pour le Smeg qui n’est pas seul sur ce projet est d’atteindre 3 km par an – il faudra 25 à 30 ans pour tout résorber.
"On travaille pour l’économie du département"
Quelles sont vos autres compétences ?
On répond aussi à des enjeux économiques en participant notamment à l’électrification de zones agricoles. Ça peut être un vigneron qui veut mettre un frigo assez puissant au plus près de son exploitation, on va lui trouver la solution. Autre exemple, on est en train d’étudier comment amener le courant sur une carrière du côté du mont Bouquet. À Alès, on a permis à un ferronnier de pouvoir acheter des machines plus puissantes et ainsi embaucher dix personnes. On travaille pour l’économie du département.
La modernisation de l’éclairage public est-elle aussi un enjeu primordial ?
Bien sûr ! L’éclairage public a plus de 35 ans, il est trop énergivore. On l’adapte avec les nouvelles technologies comme des ampoules led. Cela permet de réaliser 70 à 75 % d’économie d’énergie pour les communes. Pour l’instant, 57 communes rurales du Gard nous ont confiés leur éclairage public, cela correspond à plus de 3 000 lampes changées et un investissement de 6 millions d’euros depuis trois ans. On vient de mettre un coup d’accélérateur puisque l’on a ciblé une centaine de nouvelles communes et une trentaine a répondu favorablement. Sur un budget global de 45 millions d’euros, on alloue entre 2 et 3 millions d’euros pour ces travaux d’éclairage public.
Où en est-on du déploiement des bornes de recharge pour les véhicules électriques dans le Gard ?
À ce niveau-là, on a été précurseur en Occitanie et on a initié le regroupement de dix départements à travers le réseau Révéo pour répondre à un appel d’offres dont le gestionnaire unique est Bouygues. En région, on est à plus de 1 000 bornes déployées et 160 dans le Gard espacées de 45 à 50 km. Dans une ville urbaine comme Nîmes, on compte 26 bornes car beaucoup de personnes ont des véhicules électriques. Dans le rural, on étudie des nouveaux procédés avec des petites bornes de recharge de 7 kilowatts en utilisant le courant d’établissements publics. Pour 2022, on va installer quatre super chargeurs de 150 kilowatts, qui coûtent entre 80 000 et 100 000 euros pièce, aux sorties d’autoroute à Nîmes et autour, notamment à Gallargues. Pour un véhicule de type Tesla, l’automobiliste pourra recharger quasiment toute sa batterie en 15, 20 minutes.
"L’hydrogène, c’est l’avenir"
Y a-t-il d’autres points où on retrouve le Smeg ?
Oui, on accompagne le département dans l’aménagement numérique avec la fibre. On a aussi un petit éventail de prestations autour des nouvelles énergies. Avec nos collègues de l’Hérault, on a mis en place un gros marché groupé de 50 millions d’euros pour acheter de l’électricité. Plus de 700 collectivités, dont 180 dans le Gard, nous ont demandés de s’occuper de leur énergie. On négocie les contrats par exemple pour une vingtaine de collèges ou encore le Département avec une optimisation des abonnements. Beaucoup de grosses structures y ont vu leur intérêt notamment la ville de Nîmes, Nîmes métropole et Alès Agglomération.
En termes d’énergies renouvelables, où se situe l’enjeu principal dans les prochaines années ?
Avec la région Occitanie et l’Agence régionale énergie climat Occitanie, on travaille sur l’hydrogène, c’est l’avenir. Le véhicule fonctionne à l’électrique et ne rejette que de l’eau. Cette énergie peut être une bonne perspective pour les Gardois. Comme pour les bornes de recharge en 2016, on veut être précurseur en lançant un schéma directeur. Cette nouvelle technologie devrait être accessible au grand public d’ici cinq ans avec un délai de recharge de deux, trois minutes. Notre compétence est d’encourager les économies d’énergies. Même si c’est encore au stade du prototype, des bus utilisent déjà l’hydrogène.
Corentin Corger