ALÈS AGGLO Les acteurs culturels face à la crise liée au coronavirus
Avec l’arrêt brutal des événements en salle et en extérieur, ou la fermeture des musées durant la crise sanitaire, les principales structures culturelles d’Alès Agglomération cherchent des solutions de relance. Les équipes de la communication de la ville d'Alès ont fait le tour des différents protagonistes culturels.
Après huit semaines de fermeture, le musée Pierre-André-Benoît accuse une baisse de 20 % de sa fréquentation. « Sur l’année 2020, nous aurons peut-être une baisse de l’ordre de 30 %, annonce Carole Hyza, directrice des musées d’Alès Agglomération. À PAB, 70 % de la fréquentation sont constitués par les visites scolaires ». L’exposition Jean Arp prévue cet été étant annulée (les deux tiers des œuvres devaient venir de Suisse et d’Allemagne, NDLR), les visiteurs pourront profiter, gratuitement, des collections permanentes réinstallées.
Idem pour les groupes adultes attendus à Maison Rouge : l’arrêt total des visites est un coup dur. « Cependant, nous sommes parmi les lieux culturels qui peuvent accueillir le plus facilement le public, soutient Carole Hyza. Nous sommes en mesure de nous adapter rapidement en fonction de la demande tout en respectant les consignes sanitaires ».
Depuis le 11 mai, l’accrochage de l’exposition “Sauvages”, à Saint-Jean-du-Gard, est terminé. Les artistes ont accepté de prolonger l’expo jusqu’à fin septembre. Le musée des Vallées cévenoles espère accueillir les premiers groupes de visiteurs rapidement. « Notre fréquentation la plus importante, nous la faisons généralement en été avec les touristes étrangers. Cette année, nous comptons sur les visiteurs locaux et ceux des départements limitrophes », abonde Carole Hyza.
Le pôle cirque national La Verrerie a rouvert ses portes
Au Cratère Théâtre, quinze spectacles n’ont pas pu avoir lieu. « Ce sont trente-cinq représentations. Toutes ont été reportées, ce qui promet une saison 2020-2021 consolidée », assure Denis Lafaurie, directeur de la scène nationale alésienne. Il espère, fin août ou début septembre, accueillir quelques formations qui auraient dû se produire lors du festival Cratère Surfaces initialement programmé en juillet.
Depuis le 18 mai, le pôle cirque national La Verrerie, avec une organisation drastique, a rouvert ses portes aux artistes. « Le confinement a dévoilé que les artistes étaient au centre de la production et que la création artistique était au cœur du maillage territorial, soutient Sylviane Manuel, la directrice. L’outil informatique a permis de combler un vide, mais faire société, créer du lien social, ça ne se fait pas à distance. Nous sommes des humains, nous avons besoin d’être ensemble, côte à côte, pour rire, nous émouvoir. La présence physique du public avec les artistes, cette humanité-là, est irremplaçable. La Verrerie est un service public. Nous sommes prêts à aller là où nous pouvons être utiles à ce maillage territorial. Déjà, des écoles et des collèges nous contactent pour savoir quel type de collaboration nous pouvons mettre en œuvre ou remettre sur les rails. C’est très positif ! » La programmation 2020-2021 étant bouclée, il est prévu qu’elle soit présentée le 18 septembre et animée par deux compagnies qui ne pourront pas se produire à inCIRCus, prévu du 17 au 20 juin.
Dans les locaux de la compagnie Les Lendemains, à Champclauson, l’arrêt des résidences et de toutes leurs activités a également un impact sur le moral des troupes, comme le constate André Madrignac, le directeur : « Il faut s’attendre à des contrecoups jusqu’à fin 2021, mais qui ne peuvent pas encore être estimés aujourd’hui. Certaines compagnies vont disparaître dans les prochains dix-huit mois, ce qui aura fatalement un impact diffus pour tout le secteur : les artistes, les lieux de résidences et de diffusions, les organisateurs d’événements, les mairies… Nous planifions une programmation estivale pour notre Cabaret de Champclauson, avec des artistes locaux ayant de petites structures. »
Pour le projet en cours du tiers-lieu culturel à Champclauson, rien n’est remis en cause : « Nos partenaires institutionnels nous soutiennent », assure André Madrignac. Avec le déconfinement, et grâce à l’atelier de fabrication de structures, une partie de l’activité, même sur un secteur autre que le spectacle, peut donc reprendre. La compagnie Les Lendemains est aussi active dans les loisirs, notamment la randonnée VTT. « Avec nos capacités d’hébergement, nous pouvons faire face à une éventuelle baisse d’activité directement liée au spectacle ».
L'annulation du 38e Festival Cinéma d’Alès : "un coup dur pour l’économie locale"
Le 38e Festival Cinéma d’Alès – Itinérances a été annulé une semaine avant son lancement. Une annulation de dernière minute qui porte une estocade aux finances : avec 48 000 spectateurs attendus, ce sont 160 000 € de recettes qui s’envolent sur l’édition 2020. Près d’un tiers du budget du festival… « C’est également un coup dur pour l’économie locale. La culture est un marqueur important sur Alès Agglomération. L’absence des artistes a mis en lumière leur capacité à faire vivre un territoire », avance Antoine Leclerc, directeur général du festival alésien.
Le monde du cinéma reste à ce jour en attente des décisions gouvernementales qui seront annoncées début juin sur l’éventualité d’une réouverture des salles. « Comme au théâtre, rien ne remplace l’expérience. Notre mission est de rassembler le public, pour être ensemble, vivre en commun les émotions des créations cinématographiques, débattre et rencontrer les professionnels. »
L’équipe alésienne a bon espoir de maintenir le festival Ciné Été, dans son volet plein air sur les communes de l’Agglo, mais également au CinéPlanet où certaines avant-premières prévues au mois de mars pourraient alors trouver un créneau de diffusion.