CULTURE Les Avocats du Diable plaident la bonne foi
La fin d’une année appelle le début d’une autre, c’est le fil de la vie. A la barre du jugement dernier, les Avocats du Diable jouent leur rôle, persistent et signent par leurs mots le rejet des maux de la société.
Grande année 2015 pour l’association basée à Vauvert et c’est avec un certain sourire que les Avocats ont examiné les pièces à conviction de leur procès. La partie adverse évoque le prosélytisme, d’autres songent à de la démagogie mais qui parmi ces détracteurs agit pour le bien commun ? Peu ou prou… Leur parole est par conséquent vaine et sans intérêt. Pour se faire entendre, le président Jacques Olivier Liby, use tout de même d’un mégaphone aux sons lettrés.
"Nous sommes là pour parler plus fort que les autres mais nous ne voulons pas déranger. On sort d’une année assez exceptionnelle avec des objectifs vieux de quinze ans atteints pleinement et avec succès. Les actions solidaires et sociales sont l’ADN de notre association même si on parle souvent de nous pour d’autres actions. Tout s’inscrit dans un processus qui nous correspond, nous tenons à ce déséquilibre. En tauromachie comme dans la vie de tous les jours, pour marcher il faut sans cesse être en déséquilibre. Nous souhaitons cet inconfort quitte à déplaire et nous allons où on nous dit qu’il ne faut pas aller. Ce qui permet de guider un toro, la muleta, permet en français (béquille) de garder l’équilibre".
Des actions pour la forme mais surtout pour le fond
Car le fondement de l’association est basé sur la volonté à toute épreuve de ses membres de créer du lien social, de partager les valeurs littéraires avec le plus grand nombre et d’ouvrir ce monde confiné à un plus large public. Avec pour vitrine le Prix Hemingway ou le récent Prix de la Nouvelle Érotique qui d’ailleurs remporte un vif succès, l’association s’occupe aussi de choses plus terre-à-terre, plus importantes.
Au bilan 2015, une vingtaine de sorties sur le réseau Edgard et dans les TER à 1 euro pour des lectures spéciales. Animées, bien souvent porteuses de symboles et créatrices de lien social, elles jouent bien leur rôle. A cela, il faut ajouter les portraits littéraires composés et écrits en compagnie des demandeurs d’emploi à la Maison de l’Emploi de Nîmes (un recueil de 12 portraits devrait sortir début 2016), les résidences d’écriture qui accueillent des auteurs internationaux à Vauvert, et bien sûr les attentats verbaux et autres facéties des membres actifs de la diabolique association.
"Si les mots sont des pistolets chargés, ils ne sont pas des armes de guerre. Les "snipers de mots", les "attentats verbaux"... On ne va pas changer notre lexique après les événements. Les prochains attentats verbaux se dérouleront d’ailleurs ce dimanche aux quatre coins du département dans des supermarchés, des magasins… Quelqu’un sortira du rang, des files d’attente, et parlera à haute voix de choses diverses. C’est amusant de voir les réactions des gens, certains ont peur, d’autres sont ravis, en tout cas, tous réagissent" poursuit Jacques Olivier Liby.
2016, année charnière
Les enjeux 2016 seront importants avec la fusion des Régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon et la fin de la convention qui lie l'association à la Fondation Lagardère. Si pour le premier les Avocats s'en remettent aux politiques et à la responsabilité de chacun, pour l'autre, ils ont leurs cartes presque en mains. "Il était inconcevable qu’on ne puisse pas revendiquer cette transversalité entre les deux Régions. Nos idées séduisent le Conseil général de l'Ariège mais sans l’argent, on ne peut rien concrétiser. Il manque 23000 euros par an pour implanter une résidence d’écriture sur place, nous avons les relais, le bail est prêt, nous attendons… mais pas trop longtemps non plus ! Il y a une grande différence si on fait les choses avec nos couilles et notre Opinel plutôt qu’avec les volontés politiques. Concernant la Fondation Lagardère qui nous accompagne depuis trois ans dans le cadre d’une convention de partenariat qui arrive à son terme, nous avons appris que nous aurons droit à une authentique dérogation, la Fondation va nous soutenir une année de plus ! C’est un signe fort, une prise de conscience, ils nous montrent leur satisfaction. Le budget de l’association restera donc inchangé (120000 euros) car nous sommes diaboliques mais pas des pirates !" conclut le président Liby.