Elle était prévue le 1er mai, mais les intempéries s’en sont mêlées : la fête des Gardians avait lieu aujourd’hui à Arles, où, en parallèle, s’effectuait la dernière étape de l’élection de la 25e Reine d’Arles.

La procession a débuté rue des Lices, où une centaine de gardians et chevaux se sont rassemblés, venus de Camargue et de la Crau. Les Arlésiennes, nombreuses dans leurs belles robes traditionnelles, étaient également présentes en grand nombre, parfois venues en berceau faute d’avoir l’âge de défiler. Parmi elles, Camille Hoteman, 24e Reine d’Arles, montait à cheval derrière.

Près de 100 gardians présents

9h30. Le cortège se met en marche au son des tambourinaires, direction la place Frédéric-Mistral, où un hommage sera rendu devant la statue de l’écrivain, puis les arènes, jusqu’à l’église Notre-Dame de la Major. Là, devant de très nombreux spectateurs (il était même difficile d’arpenter les rues arlésiennes tant l’événement a eu de succès), l’abbé Bastien Romera et don Jan-Ive Urvoy, curé d’Arles, ont procédé, en provençal, à la bénédiction des chevaux. « Et on retire les chapeaux pour la bénédiction ! », gronde gentiment l’abbé, avant d’arroser les rangs de cavaliers d’eau bénite.

L’assemblée présente est par la suite invitée à entrer dans l’église pour assister à la Grand-Messe, elle aussi en partie célébrée en provençal. En présence du maire d’Arles, Patrick de Carolis, du député Emmanuel Taché de la Pagerie, de la sous-préfète d’Arles Cécile Langlet, du conseiller régional de la PACA Cyril Juglaret et d’autres élus locaux, la Reine d’Arles a ouvert la cérémonie religieuse, qui s’est terminée par la remise de pains bénis aux différents élus.

L'élection de la Reine d'Arles

Pendant ce temps, dans la mairie, les quatre jeunes prétendantes au titre de 25e Reine d’Arles passaient leur dernier examen. Elles ont été présélectionnées par le jury, et devaient répondre à plusieurs critères. Toute candidate au titre doit ainsi être de nationalité française, être née à Arles, ou de parents natifs du pays Arles, et être domiciliée à Arles ou dans le Pays d’Arles. Elle doit également être âgée de 18 à 24 ans, être célibataire (et le rester durant toute la durée de son règne), et avoir les cheveux assez longs pour porter la coiffe traditionnelle des Arlésiennes.

Chacune doit ainsi présenter une lettre de motivation, des photos portraits, mais également être jugée sur ses connaissances. « Il sera tenu compte, pour la désignation des lauréates, de leur culture générale, de leurs connaissances en histoire et patrimoine arlésien, en littérature provençale, us et coutumes du Pays d’Arles et de la Provence en général. Elles devront par ailleurs maîtriser l’usage de la langue provençale, afin de savoir l’utiliser dans une conversation courante », indique le site officiel du titre. Elles doivent aussi savoir s’habiller et de coiffer seules, et monter en croupe derrière un cavalier.

Aujourd’hui se tenait donc le dernier examen, un oral. « On s’est préparées toute notre vie, enfin pour ma part j’ai toujours voulu faire partie du règne », indique Salomé Espelly, l’une des quatre sélectionnées. « Mais il est vrai qu’on a beaucoup travaillé ces derniers mois ! ». Stressées mais solidaires et visiblement très proches, les quatre candidates (Salomé Espelly donc, mais également Faustine Bret, Nina Graillon – sœur cadette d’une ancienne Reine d’Arles, Mandy – et Amélie Laugier) se complimentent et se partagent les caméras, venues en nombre pour assister au sacre.

Amélie Laugier, 25e Reine

Ce n’est qu’après une attente interminable pour les proches présents dans la grande salle de cérémonie de la mairie que les prétendantes sont enfin appelées dans le bureau du maire. La foule, rassemblée sur le parvis, face au balcon, entend alors, en provençal les fameux « Pople d’Arle, veici ta rèino » (Peuple d’Arles, voici ta reine), qui sacre Amélie Laugier 25e Reine d’Arles. Les trois autres candidates seront ses demoiselles d’honneur.

Après avoir chanté la Coupo Santo, hymne provençal, la foule en liesse s’est pressée dans le hall de la mairie pour féliciter la 25e Reine. « Je suis heureux d’avoir assisté au règne d’une si grande reine, même s’il n’est pas tout à fait fini », annonce le maire arlésien. « Mais un nouveau règne est sur le point de commencer, et je souhaite que celui qui attend la nouvelle Reine se passe tout aussi bien. Je sais combien cela demande d’effort, de sacrifice, d’abnégation, cela demande de porter le flambeau de notre culture provençale et de nos traditions. »

Conseiller régional, mais surtout cousin de la nouvelle reine, Cyril Juglaret, les larmes aux yeux, a du mal à cacher ses émotions. « Je voudrais féliciter Camile, la 24e reine : vous avez faire un règne magnifique. Vous avez, je le sais, donné le maximum pour vous présenter devant nous aujourd’hui, et je suis convaincu que vous nous accompagnerez pour continuer à faire rayonner cette terre de Provence. Et si vous me permettez quelques mots plus personnels, Amélie, je peux le dire au nom de notre famille, tu fais notre fierté, tu es belle, et je suis persuadé que tu seras une grande et belle Reine et que tu feras toi aussi rayonner notre territoire, ses valeurs. Merci pour ton engagement, c’est un long travail qui t’attend, et tu peux compter sur les élus et l’ensemble du peuple d’Arles pour t’accompagner. »

Un final aux arènes

Pour la suite des festivités, c’est aux arènes qu’il fallait se rendre. Là, la Confrérie des gardians, vieille de 512 ans, organisait un spectacle équestre et taurin pour montrer son savoir-faire. En première partie, les jeunes raseteurs de l’école d’Arles et des alentours ont pu montrer leurs talents grâce à deux jeunes taureaux de la manade Fabre Mailhan, avec quelques beaux gestes qui ont enthousiasmé le public fort nombreux.

Sont ensuite entrés en scène les gardians et les Arlésiennes, formant une véritable haie d’honneur pour les deux reines d’Arles, Camille Hoteman et Amélie Laugier, ainsi que leurs demoiselles d’honneur.

Conformément à la tradition, la fête des gardians a non seulement été l’occasion de présenter une nouvelle fois, et à cheval, la nouvelle Reine d’Arles, mais également de montrer le savoir-faire des gardians à travers plusieurs jeux et démonstrations équestres, comme le jeu des passants, le jeu de l’orange, le jeu de l’aiguillette la ferrade du capitaine et de ses prieurs, suivis d’une abrivado adulte, et d’une abrivado des pichouns, pour les enfants.