UZÈS En images : une expo et une résidence pour les graffeurs Supo Caos et Grumo
C’est peu dire que les voûtes de la médiathèque d’Uzès sont à mille lieues du street-art, et pourtant.
Et pourtant, les deux graffeurs gardois Supo Caos et Grumo, co-fondateurs du collectif nîmois La Ruche, y exposent leurs oeuvres, « et le contraste entre la salle et nos oeuvres marche plutôt bien », estime Supo Caos en considérant la salle d’exposition. On n’aurait pas dit mieux.
Car cette exposition, quasi intégralement réalisée au pinceau et à l’acrylique, s’intègre étonnamment bien dans ce lieu patrimonial d’une ville qui l’est éminemment. Il faut dire que les deux artistes, qui se connaissent depuis 30 ans, et qui ont commencé le graff ensemble dans leur village d’origine de Théziers, ont « fait sept nouveaux tableaux pour cette exposition, on a pris en compte chaque mur pour s’adapter au lieu. »
Un lieu dans lequel ils proposent jusqu’au 6 mai leurs « Voyages sans billet » : « ça se rapproche du graffiti, cette discipline où on doit toujours un peu se débrouiller », avance Supo Caos, le plus prolixe des deux. Les deux artistes ont travaillé sur trois types de voyages : « touristique, forcé et imaginaire », avec parfois une pointe de satire. « Il y a des symboles qu’on peut facilement détourner », glisse dans un sourire Grumo. On y retrouve les questions migratoires, le rêve ou encore la société de consommation, parmi les thèmes de prédilection du duo, qui « réfléchit ensemble aux projets » et a « mis en place un langage commun. » De fait, malgré leurs styles assez personnels, difficile de dire qui a fait quoi.
Une liberté que Supo Caos et Grumo revendiquent, et qui convient à la Communauté de communes du Pays d’Uzès (CCPU) : « on a fait le choix de ne rien leur imposer, on les laisse libres dans leurs créations », affirme la directrice du développement local et de la culture à la CCPU Nadège Molines. Il faut dire que les deux artistes ont déjà leurs habitudes dans l’Uzège : après avoir participé au Labo de rue sur le quartier prioritaire de la ville il y a un an, puis au festival Le Temps des Cerises, ils ont réalisé, en décembre dernier, une fresque sur un des murs de la médiathèque, en partenariat avec la DRAC. La DRAC qui accompagne une nouvelle fois la CCPU, tout comme le Département et la Région.
« Leurs actions ont été bien accueillies », souligne Nadège Molines, qui compte par le biais de l’art des deux graffeurs « attirer un autre public » vers la culture à Uzès. « On essaie de créer une émulation », poursuit-elle. Les artistes seront en résidence dans la chapelle de la médiathèque du 10 avril au 6 mai, une autre manière d’y parvenir, à cette émulation : « on va pouvoir s’immerger à Uzès », note Supo Caos. La chapelle restera ouverte durant la résidence, où les artistes créeront des oeuvres sur mesure. « Un pont pourra être fait entre les générations, c’est un pari culturel hyper intéressant », s’enthousiasme Supo Caos. Un pari déjà en quelque sorte gagnant pour le street-art, ici reconnu à sa juste valeur.
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L’agenda : les deux graffeurs participeront cette année encore au Labo de rue, les 10, 11 et 12 dans le quartier des Amandiers, et les 13 et 14 avril à Mayac. Le 29 avril, ils seront sur la marché d’Uzès pour une performance. La soirée de restitution de la résidence d’artistes est prévue le 4 mai. Entrée libre et gratuite.
Thierry ALLARD