FAIT DU SOIR À Sauve, les vignerons des Cévennes sous un printemps capricieux
Entamé ce vendredi soir, le salon CéVinBio de l'IGP Cévennes reste ouvert tout ce samedi, place de la Vabre à Sauve, entre 10h et 19h. La quinzaine de vignerons présents y fait découvrir quelques pépites du territoire, qui ont toutes grandi en agriculture biologique. Après le gel de 2021, et les sécheresses de 2022 et 2023, l'eau en quantité, au cours de ce printemps, a donné beaucoup de travail aux vignerons. En fonction du terroir, on est plus ou moins en avance sur la vendange.
Quatrième rendez-vous, place de la Vabre à Sauve, pour les vins qui grandissent en indication géographique protégée (IGP) Cévennes. Une dénomination qui a choisi, il y a trois ans, d'orienter son territoire vers l'agriculture biologique. Même si les temps sont durs pour la filière, "mais on sait que ce sera inexorable, la demande sociétale progresse", constate Pierre Sichi, de la cave coopérative des Vignerons de Saint-Jean-de-Serres.
Et cette année, pour ceux qui ont choisi le bio, la lutte est rude, après un hiver doux et un printemps très arrosé. "Ça nous oblige à être très vigilants", reconnaît Pierre Sichi. Impossible de ne pas penser au mildiou, cette sorte de champignon qui affectionne tant la vigne quand elle est très humide. "Mais avec le mildiou, on a oublié les maladies secondaires", poursuit Pierre Sichi, qui pense à l'odium - "même si, en étant vigilant, ça passe bien" - et surtout le "black-rot, qui est de plus en plus présent".
À Saint-Jean-de-Serres, comme ailleurs, la vigne a débourré avec de l'avance. "Mais le petit coup de froid d'il y a 15 jours a bien ralenti la végétation, se félicite le coopérateur. Aujourd'hui, on a remis les compteurs à zéro et on espère vendanger entre le 20 et le 25 août." Presque une vendange de l'ancien temps, à l'échelle du réchauffement climatique...
À Savignargues - pourtant pas si loin - le constat est à peine différent. "Les vignes ont débourré plus tôt que l'an dernier, constate Loïc Bérard, du domaine Clau du Sol, qui s'est installé en 2018 et n'a pratiquement connu que des années à problèmes. Les cépages tardifs sont petits, l'herbe monte vite. Et il faut trouver un compromis entre couvert végétal et croissance de la vigne." Lui n'a pas constaté de maladie, "en tout cas, ça ne m'a pas fait plus peur que ça".
Aux confins de l'IGP, le domaine Agarrus se sent un peu plus favorisé par le climat cette année. Les vins de Serge Scherrer s'élaborent à Vallabrix, dans l'Uzège. "J'ai eu un peu moins de pluie qu'ici, par exemple, je n'ai pas été impacté par le gel qui a touché certains, et j'ai plus de mistral." Le risque d'humidité a donc moins affecté ses vignes. Mais pas la douceur exagérée. "J'ai environ quinze jours d'avance", confie-t-il. Dans le même temps, les engrais verts qu'il utilise pour rafraîchir le sol "ont explosé" au mois de mars, sous l'effet des pluies. "Les nuits fraîches, c'est ce qui nous sauve pour l'instant", constate Serge Scherrer par rapport à la matûrité galopante. Même si lui, comme certainement ses confrères, a déjà entendu parler de la probabilité de canicule cet été, dans les projections de Météo France.