LE VIGAN Pélardon, une appellation dynamique malgré la hausse de coûts
Le 13e Printemps du pélardon se tenait ce dimanche au Vigan, à l'ombre du parc des châtaigniers. Si l'inflation des deux dernières années a rendu la vie des producteurs plus compliquée, cinq fermiers se sont quand même installés dans l'année, signe d'un dynamisme qui reste important de l'appellation. Une dizaine de producteurs étaient présent au Vigan.
"En 2023, c'est devenu plus compliqué avec l'inflation, les coûts ont augmenté." Comme tous les secteurs, la production de pélardons a souffert de la hausse des matériels nécessaires au travail des fermiers, explique Cécile Podeur, coordinatrice du syndicat des producteurs. "On a fait un petit peu moins, mais après des années exceptionnelles", tempère-t-elle.
Sur les 48 fermiers qui composent l'appellation, de la Lozère à l'Aude (mais très majoritairement dans le Gard et la Lozère), cinq nouveaux producteurs se sont installés, dont certains pour un reprise, mais pas familiale en l'occurrence. Et, bien que les coûts soient en hausse pour les opérateurs, le prix des fromages n'a pratiquement pas évolué. "Environ 1,90 € le fromage pour les producteurs en conventionnel, 2 € pour les fromages bio", résume Cécile Podeur. Sachant, de plus, que les conventionnels suivent un cahier des charges de l'appellation très proche des contraintes du bio, quand ils ne travaillent pas déjà en bio sans l'avoir fait valider, pour éviter des coûts supplémentaires.
Un prix contenu, donc, qui correspond aux besoins du territoire, estime Cécile Podeur. "En AOP (appellation d'origine protégée, NDLR), on a envie que le pélardon soit accessible au plus grand nombre. Il faut donc que les gens puissent continuer à l'acheter ici. Et, 2 €, ce n'est déjà pas donné..."
La hausse des coûts, le risque pris, cela n'a pas fait reculer Nancy et Lucas Courtiol, qui ont sorti leur première production en2022, à Saint-Félix-de-Pallières. En 2020, ils y ont créé L'Oustal des Parpagnas. "On doit être les derniers à avoir obtenu l'AOP, sourit Nancy Courtiol, mi-mars". Pour les deux fermiers, c'est "une reconversion totale" : elle était auxiliaire de puériculture, lui maçon. Partis avec 20 chèvres, ils en ont aujourd'hui 75, qu'il font pâturer, au village, sur 60 hectares de terrains, dont une majorité mis à disposition par des propriétaires.
"On se dit "petits" alors qu'on ne l'est pas vraiment", s'aperçoit Nancy Courtiol alors qu'elle pérsente l'exploitation. Qui reste tout de même modeste, avec une serre-tunnel et une salle de traite qui vient d'être créée. "J'adorais mon métier, concède Nancy Courtiol, mais les condlitions se dégradaient, on demandait une productivité à fond... Maintenant, c'est complètement différent. on a d'autres valeurs, et d'autres valorisations." Pour autant, avec l'investissement nécessaire, le couple ne se paie pas encore. "On n'a pas de plan comptable, on est encore dans l'investissement, avoue la fermière. Parfois, du coup on a de bonnes surprises, comme les aides de la PAC qui sont tombées récemment"...
Depuis qu'il a changé de vie, le couple ne regrette rien et un petit garçon est même arrivé au foyer. Ce qui est plutôt le signe d'une forme d'épanouissement...