À Vézénobres, l'ancienne cave coopérative, érigée dans les années 1920 et symbole de l'activité vinicole, a été laissée à l'abandon depuis la cessation de production dans les années 1990. L’abandon de l’espace s’est accentué une décennie plus tard, lorsque la société d’assurances qui en occupait les bureaux a également quitté les lieux. Édifice emblématique du village, menacé même d’une démolition, il restait néanmoins ancré dans la mémoire collective des habitants. « Tout ancien du village a une histoire ou un souvenir lié à cette cave coopérative », rappellent les nouveaux propriétaires, Antonin Aurand et Laure Longuet.

Ces deux pharmaciens vézénobriens, jusque-là locataires d’une officine qu’ils jugeaient exiguë, ont saisi l’opportunité de redonner vie à ce bâtiment historique en y installant leur nouvelle pharmacie. Acquise auprès d’Alain Parisot, ancien conseiller municipal d’opposition, cette cave coopérative, symbole déchu, est ainsi devenue le socle d’un projet plus large. Quelques mois avant l’ouverture de leur pharmacie, les deux professionnels de santé avaient présenté leurs ambitions : « Valoriser le patrimoine, tout en répondant aux besoins de la population locale en matière de santé ». (relire ici) Aujourd’hui, la Pharmacie de Vézénobres a ouvert ses portes, avec succès, et le projet se poursuit même avec l'ouverture imminente d’un pôle médical adjacent, conçu pour améliorer l’accès aux soins dans la commune.

Une pharmacie à la pointe

Bien que les deux pharmaciens aient initialement hésité à s’installer dans cette ancienne cave coopérative, face à l’ampleur des travaux et aux défis liés à l’état vétuste du lieu, l’espace est désormais occupé, depuis cinq mois, par leurs équipes. « Avec l’aide de l’architecte, nous avons pu réaliser les aménagements comme nous le souhaitions. Il a fallu s’adapter aux contraintes liées aux grandes épaisseurs des cuves, mais nous avons été très bien accompagnés, tant par l’architecte que par un agenceur compétent. Tout s’est déroulé sans accroc, sans retard, et dans une fluidité remarquable », expliquent les pharmaciens.

Aujourd’hui, à la place des cuves et des bouteilles de vin, ce sont des médicaments qui remplissent les rayons. Un robot moderne optimise la gestion des stocks, ce qui permet de réduire les allers-retours entre la réserve et le comptoir et libère du temps pour offrir une écoute plus attentive aux clients. « J'ai toujours voulu travailler en milieu rural. Ici, nous connaissons nos patients, nous savons généralement pourquoi ils viennent avant même qu'ils n'entrent », explique Antonin Aurand. Une proximité manifestement renforcée par l'efficacité de ce robot, qui a d'abord suscité quelques craintes parmi l’équipe, certains redoutant de voir leur travail menacé. Finalement, il s'est avéré être un précieux allié. En quelques secondes, comme nous avons pu le constater, il permet par exemple de récupérer une boîte de Doliprane en coulisses et de la transmettre au pharmacien, qui n’a plus qu’à se retourner pour la remettre au client.

Du vin à la santé

Au-delà de la surprise initiale d'entrer dans un tel lieu pour y présenter son ordonnance, les habitants semblent avoir pleinement adopté le nouvel espace et la nouvelle équipe, nombreux à se dire ravis de voir la cave coopérative renaître sous cette forme inédite. « Les premiers retours concernant l’accueil et l’esthétique sont très positifs. Les gens s’y sont tout de suite sentis à l’aise. Le fait d’avoir conservé une belle hauteur sous plafond rend l’entrée très accueillante, et les clients apprécient beaucoup l’ambiance », explique Laure Longuet.

Les choix de décoration ont également séduit : « Nous avons opté pour des couleurs neutres, assez pastel, qui plaisent au plus grand nombre. Cela crée une atmosphère apaisante que les clients remarquent et apprécient. » L'agencement des différents espaces a été pensé pour harmoniser l'ensemble : un espace dédié à la santé naturelle, un autre à la parapharmacie, ainsi qu'un espace consacré à l’orthopédie. « Cet équilibre fonctionne très bien, et les retours sont excellents », ajoute-t-elle. Si la pharmacie semble avoir trouvé son rythme de croisière, l’attention se porte désormais sur le second projet, celui de la création d’un pôle médical, très attendu.

Un pôle de santé imminent contre le désert médical

Comme de nombreuses communes du Gard, Vézénobres est confrontée au phénomène du « désert médical ». Face à ce manque de professionnels de santé dans une région en plein développement, Antonin Aurand et Laure Longuet ont décidé d’agir. Leur ambition dépassait alors l’ouverture d’une simple pharmacie. Ils souhaitaient aller plus loin et créer, sur l’axe stratégique de la RD936 qui traverse la commune, un véritable pôle de santé, adjacent à leur officine, pour répondre aux besoins incessants d'une population située à dix minutes d'Alès et à trente de Nîmes.

Pour mener à bien ce projet, les deux pharmaciens n’ont pas lésiné sur les moyens. Contrairement à la pharmacie, issue de la rénovation de l’ancienne cave coopérative, le pôle médical adjacent est une construction neuve, pensée pour répondre aux normes les plus exigeantes. Le 15 novembre prochain, le temps de la fin de travaux, les cabinets médicaux ouvriront leurs portes dans un espace de près de 600 mètres carrés répartis sur trois niveaux (250 m² au rez-de-chaussée et au premier étage, 120 m² au second).

Des équipements modernes

Les conditions d’accueil pour les professionnels de santé ont été minutieusement étudiées : chaque salle sera équipée d’un point d’eau pour l’hygiène, de systèmes de climatisation et de chauffage, d’une entrée sécurisée, et de cloisons phoniques pour garantir la confidentialité des consultations. Ce futur centre de soins réunira une grande diversité de praticiens, parmi lesquels des médecins généralistes, un ostéopathe, une psychologue, une orthophoniste, une podologue, des cabinets infirmiers, une endocrinologue et une opticienne. Un ensemble complet de services, comparable à ceux que l’on retrouve habituellement dans les grandes villes, mais cette fois implanté dans un cadre rural.

Depuis le lancement de cette initiative, Antonin Aurand et Laure Longuet ont observé une tendance croissante : « Plusieurs professionnels de santé qui nous rejoignent ont fait le choix de quitter la ville, en quête de confort et d’une qualité de vie qu’ils ne trouvaient plus en milieu urbain. À Vézénobres, nous pensons que le village a tout pour séduire », expliquent-ils.

Dentistes et médecins espérés

Si le rez-de-chaussée et le premier étage affichent presque complet, avec la plupart des cabinets déjà attribués, il reste encore quelques espaces disponibles pour des médecins généralistes ou, comme l’espère particulièrement Antonin Aurand, un dentiste. Ces praticiens seraient des ajouts précieux pour parfaire l’offre de soins du pôle médical. Quant au deuxième étage, il demeure entièrement disponible et représente une belle opportunité pour d’autres professionnels de s’y installer. Ce niveau, ouvert à la location ou à l’achat, offre un atout de taille : une vue imprenable sur la commune historique. De quoi attirer les professionnels de santé qui manquent encore pour rendre ce pôle aussi complet et diversifié que possible.