Publié il y a 3 jours - Mise à jour le 27.03.2025 - Louise Gal - 3 min  - vu 1562 fois

ARLES Prise d'otages à la maison centrale : le détenu écope de 5 ans de prison

Centre de détention d'Arles au cours de la prise d'otages ce vendredi 3 janvier 2025.

- Photo MaxPPP

L'auteur de la prise d'otages du 3 janvier dernier au sein de la prison d'Arles a été condamné à 5 ans de prison ce mardi 25 mars au tribunal judiciaire de Tarascon.

Le détenu à l'origine de la prise d'otages de trois infirmières, d'une médecin psychiatre et d'un surveillant pénitentiaire au sein de l'unité sanitaire de la maison centrale d'Arles, qui a eu lieu le 3 janvier dernier, était jugé devant le tribunal judiciaire de Tarascon ce mardi 25 mars après le renvoi du dossier lors de sa comparution immédiate du mardi 28 janvier. Ce dernier a écopé d'une peine de cinq ans de prison, conformément aux réquisitions du parquet compte tenu de son expertise psychiatrique.

La présidente énumère le déroulé de la journée du 3 janvier avant de laisser la parole à Irwing S., le prévenu. Ce dernier réfute avoir pris en otage les cinq personnes. "Moi je ne vois pas ça comme un kidnapping, parce que je ne les ai pas forcés contre leur gré. Ils pouvaient sortir, je ne cherchais pas à leur faire du mal", avance-t-il, face aux soupirs et hochements de tête des victimes. "J'étais tellement désespéré que j'étais même prêt à mettre fin à ma vie avec toute l'injustice que je subis dans l'établissement pénitentiaire, explique le prévenu qui assure notamment avoir été victime de racisme. J'étais à bout, je voulais partir d'ici, mais je n'avais pas l'intention de faire du mal", justifie-t-il, assurant avoir "perdu toute réalité", au moment de sortir des toilettes avec son arme artisanale. Il s'agissait de deux tiges métalliques d'environ 15 à 20 cm coincées dans une attelle. Irwing S. assure les avoir trouvées dans sa cellule la veille, les avoir mises dans son pull, et s'être rendu à l'unité sanitaire sans se souvenir qu'il les avait sur lui.

La juge reprend alors la lecture des dépositions des victimes. "Il voulait quitter le centre pénitentiaire, vivant ou mort, et dans ce dernier cas, il a dit qu'il serait accompagné". Il a dit : "Je suis l'un des cinq criminels les plus dangereux de France, cela fait huit ans que je n'ai pas tué quelqu'un. Le sang, ça me manque, ce n'est pas vos gilets qui vont vous protéger, moi je vise la carotide. J'ai déjà égorgé un surveillant. Si quelqu'un entre, je commence à les tuer, vous allez ramasser des cadavres", rapporte ainsi la juge. "Quand je l'entends dire qu'il ne se souvient pas, moi en tant que victime je ne peux pas accepter ça", exprime l'une des infirmières, envahie par l'émotion. À la barre, trois des cinq otages ont pris la parole, décrivant tour à tour un homme qui tenait des propos cohérents, qui aurait prémédité son acte. "Il m'avait demandé son ordonnance, il savait qu'il ne dormirait pas à Arles ce soir là et il savait très bien ce qu'il disait", estime l'une d'entre eux.

Soignante depuis un an au sein de la maison centrale d'Arles, elle fait part des séquelles de cette prise d'otages. "Cela fait trois mois que je n'ai pas repris le travail, je fais des cauchemars tous les soirs", raconte-t-elle. "État de stress, angoisses, stress post traumatique", liste la juge. "Je suis désolé", indique le détenu face à l'énumération du retentissement que son acte a eu sur les otages. "C'est insupportable d'entendre de la bouche de celui-ci qu'il serait la victime d'un complot. Insupportable d'entendre que monsieur serait victime de je ne sais quelle pathologie pour essayer de justifier un geste très simple", estime maître Rémy Nougier (voir photo), l'avocat des victimes. "C'est un caprice. Monsieur ne supporte pas la détention alors il demande plusieurs fois son transfert. On ne le lui accorde pas pour x raisons alors il va prendre en otage des individus qui sont là pour qu'il ait un avenir", lance-t-il. 

De son côté, l'avocate du détenu estime que "pour avoir la juste peine, il faut tenir compte des conditions de séquestration". "Il n'y a jamais eu de contact physique. Toutes les victimes ont dit lors de leurs auditions qu'il n'y avait pas eu de menaces directes", souligne-t-elle. Cette dernière pointe également du doigt des défaillances dans la sécurité et la prise en charge de son client qui purge une peine de 18 ans de prison pour viol sous la menace d'une arme. Après la prise d'otages, un expert psychiatre avait constaté "une décompensation de troubles de la personnalité ayant pour effet de le rendre dangereux pour lui-même ou pour autrui", entraînant l'hospitalisation du détenu au centre hospitalier Montfavet avant de retourner en prison.

Louise Gal

Arles

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